N’oublions pas le climat !
C’était à craindre et ça n’a pas loupé… L’occasion était trop belle : les marches pour le climat, prévues le 30 novembre et le 12 décembre, évènements alternatifs de la COP 21, sont annulées. Pire, elles sont même interdites ! Voici le premier dégât collatéral des attentats de Paris. Le report de la COP 21 a même été évoqué, mais ça aurait été trop gros. Du coup, autant aller au plus simple : interdisons la mobilisation qui doit se faire autour de la COP 21, et réduisons ainsi à néant toute la préparation. Les attentats… Nos dirigeants ont un excellent prétexte (pour ne pas dire une excuse) pour annuler les manifestations annexes, et ainsi réduire au silence la mobilisation citoyenne qui devait se faire entendre. Etat d’urgence dites vous ? La belle affaire !
Une COP sans mobilisation citoyenne, quel intérêt ?
En toute honnêteté, une COP sans mobilisation citoyenne perd toute sa symbolique et son intérêt. Certes, les négociations entre chefs d’État auront bien lieu, mais sans pression populaire, ces derniers ont les mains libres pour, une nouvelle fois, ratifier un accord qui ne fera pas avancer grand-chose. Si nos dirigeants étaient suffisamment responsables et sans aucun parti pris, nous n’en serions pas à la 21e COP. Certains étaient déjà sceptiques vis-à-vis de l’utilité de la COP à Paris, et ce n’est pas l’interdiction des marches pour le climat qui va les faire changer d’avis. Quand on veut vraiment faire avancer les choses, on cherche des solutions. Quand on veut nous endormir, on cherche des excuses. Et c’est clairement ce qu’il se passe…
Vive les marches pour le climat !
Cette COP était une (trop rare) occasion d’évaluer et de mettre en lumière la mobilisation citoyenne, luttant contre le changement climatique. Elle devait être forte, festive et montrer que la lutte contre le dérèglement climatique est réellement une priorité qui nous concerne tous. Elle risque fort d’être tuée dans l’œuf. D’autant plus que nos dirigeants n’ont pas voulu entendre parler d’un quelconque aménagement ou adaptation de la mobilisation citoyenne. On n’arrête pas de nous dire qu’il ne faut pas céder à la psychose, vivre normalement, mais en interdisant les marches pour le climat, nos dirigeants ont donné raison aux terroristes et leur ont apporté une petite victoire. Sachant que les principaux événements sportifs ont été maintenus, c’est à se demander l’importance que l’on accorde à cette mobilisation citoyenne. La dérive sécuritaire, déjà amorcée lors des attentats de Charlie Hebdo et de l’Hyper Cacher en janvier dernier, est en train de s’accentuer. Instaurer un Etat où la police a de plus en plus de pouvoir (notamment au niveau de la surveillance) et les citoyens de moins en moins de liberté, est-ce la solution ? « Ceux qui sont prêts à abandonner une liberté fondamentale pour obtenir temporairement un peu de sécurité ne méritent ni la liberté ni la sécurité », disait Benjamin Franklin.
Cependant, rien n’est perdu. Lors du passage en juin d’Alternatiba dans ma ville, la manifestation avait été honteusement interdite par la mairie. Puis finalement, elle a été plus ou moins tolérée. Résultat : une mobilisation énorme et terriblement festive. Je souhaite qu’il en soit de même pendant la COP 21 : malgré les bâtons dans les roues, la vox populi saura se faire entendre, l’enjeu est bien trop important. Comme le dit le slogan de la Coalition Climat 21 : « Si l’on ne fait rien, personne ne le fera à notre place. »
Johann, 29 ans, médiateur scientifique, Marseille
Crédit photo Maxppp