Aya 15/08/2017

Réfugiée syrienne, je deviendrai avocate en France !

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Aya est arrivée en France en 2016. Inscrite en licence de droit, elle compte bien devenir avocate... et défendre les droits de l'Homme !

J’espère que le nouveau Président nous regardera avec humanité. La France m’aide à reconstruire ma vie et moi, je ferai tout pour la reconstruire ici.

Je m’appelle Aya, j’ai 21 ans, je suis Syrienne. Je suis arrivée en France en novembre 2015. Lorsque la révolution a débuté en Syrie en 2011, nous espérions que le peuple gagne contre le dictateur. Dès la première manifestation, nous avons été témoins de la brutalité du régime de Bachar Al-Assad. Malgré tout, nous avons continué à manifester pacifiquement pour réclamer la liberté. Pendant la révolution, j’ai perdu mon père. Puis, ma maison a été détruite complètement. J’en suis toujours très choquée.

Mon combat pour arriver en France

En 2013, j’ai été contrainte de partir avec ma mère et mon petit frère au Liban, sans avoir pu terminer le lycée. Nous n’avions plus le choix : soit nous restions, au péril de nos vies, soit nous partions.

Un an plus tard, je suis revenue seule en Syrie pour obtenir mon bac. J’ai failli perdre la vie, mais j’ai finalement obtenu mon diplôme en 2015. Je ne pouvais plus continuer mes études ni en Syrie, ni au Liban. Je refusais de voir ma famille dans cette situation. Au Liban, les réfugiés syriens ont peu de droits. Nous sommes exclus du marché du travail, des études.

Il est impossible de vivre décemment au quotidien.Je suis donc partie pour poursuivre mes études et aider ma famille. Au départ, je n’avais pas de destination précise en tête. Comme j’avais le niveau A2, un niveau débutant, en français, que je suis une étudiante motivée, j’ai décidé de partir en France.

J’ai beaucoup lutté pour arriver jusqu’ici. La France est un pays accueillant. Les Français ont compris que nous avons été obligés de quitter notre pays !

Et maintenant, lutter pour plus de justice !

J’ai commencé les démarches administratives à Blois (Loir-et-Cher) où j’ai vécu une période compliquée en attendant la décision de l’Office Français de Protection des Réfugiés et Apatrides (OFPRA). Les rendez-vous se succédaient avec une lenteur infernale à la sécurité sociale, à la Mission Locale et à l’Office Français de l’Immigration et de l’Intégration (OFII). En septembre 2016, j’ai enfin obtenu le statut de réfugié.

À la Cour nationale du droit d’asile, Matthieu assiste au jugement de demandeurs d’asile. Pour eux, l’empathie semble s’être envolée.

Capture d’écran de l’article "Faites entrer le réfugié : dans les rouages des demandes d’asile" illustré par une photo : Bâtiment administratif de la Cour Nationale du Droit d'Asile. Deux hommes y sortent. Il aborde le drapeau tricolore français. À gauche, on aperçoit une banderole d'ployée sur la façade de la structure avec inscrit "audiences surchargées, droit d'asile bafoué".

En France, j’ai rencontré des individus très racistes. J’en ai beaucoup souffert car ils ne se rendent pas compte de ce que nous avons traversé. D’autres personnes m’ont été d’une aide irremplaçable.

Mes amis comprennent que je suis Syrienne, sans que ma nationalité me lie au terrorisme. Pour eux, je suis juste humaine.

Depuis mon arrivée en France, j’ai prouvé que j’avais juste besoin d’un coup de pouce. À présent, je parle bien le français, je travaille dans une association. Les bénévoles y protégent les enfants sans abri. J’ai aussi obtenu niveau B2 à l’examen de Français, un niveau de langue courant. Et surtout, j’ai été acceptée à l’université Paris 1 Sorbonne en licence de droit. Je vais enfin pouvoir réaliser mon premier projet français : devenir avocate !

Après toutes les difficultés que j’ai traversées, je continue aujourd’hui à lutter pour plus d’humanité et de justice.

Aya, réfugié syrienne de Damas, 21 ans, étudiante, Paris

Crédit photo CC Olivier Jacquet // Université Paris-Sorbonne

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