Sénégal-France, mon jeu des différences !
Au Sénégal, je vivais dans ma famille maternelle. Quand je me levais, chaque matin, la première chose à faire était de prendre le petit-déjeuner avec toute la famille. Une baguette de pain avec du beurre et du chocolat dedans. Mais pas de croissants ! Au Sénégal, c’était le papa qui donnait l’argent pour le foyer, pour acheter ce dont on avait besoin pour manger. Après avoir pris le petit-déjeuner, je sortais retrouver des potes dans un endroit tranquille pour causer et faire du thé. Je fuyais les cours !
On finissait vers 13h. Après, tout le monde rentrait chez soi pour manger le repas du midi avec la famille. On mettait un grand bol dans le salon et tout le monde mangeait (souvent du thiep !), sans donner d’argent.
Après avoir fini de manger, on faisait encore du thé avec les copains. Vers 16h, on partait jouer au foot jusqu’à 19h. On rentrait ensuite chez nous pour prendre une douche. On dinait entre potes et vers 21h, bien habillés, on partait à la rencontre des filles du quartier, jusqu’à minuit ou bien plus tard. Après, on rentrait dormir. On vivait comme ça tout le temps.
Du bled au foyer
La vie en France est totalement différente. Je suis arrivé à l’âge de 15 ans. Il y a donc trois ans. Depuis que je suis ici, aux Grands Voisins, je fais beaucoup d’activités. J’ai, par exemple, commencé à aller à l’école, comme tous les jeunes. Je suis une formation qui est très importante pour moi, dans le domaine de la propreté, la stérilisation en milieu médical. Du coup, chaque jour, je me lève et j’ai quelque chose à faire. Ce qui n’était pas le cas au Sénégal.
Ici, la nourriture est variée, on ne mange pas tout le temps la même chose. Et c’est bien meilleur que ce je mangeais au bled. J’ai découvert les sandwich grecs, McDo, KFC… Et j’adore !
Je suis beaucoup d’ateliers différents et intéressants. L’atelier qui m’a permis d’écrire ce texte par exemple. Mais aussi les ateliers d’informatique à la Maison des médecins.
Je continue à faire du foot, bien sûr. Je joue à Saint Denis, trois fois par semaine : lundi, mercredi et vendredi. Et match le dimanche ! Les terrains sont bien entretenus ici. Au Sénégal, on jouait dans le sable.
Au niveau des conditions de vie, il y a beaucoup de différences. La France est bien organisée. Au niveau des infrastructures. Au niveau de la santé aussi. Si on est malade, c’est facile de se soigner.
Ici, la nourriture est variée, on ne mange pas tout le temps la même chose. Et c’est bien meilleur que ce je mangeais au bled. J’ai découvert les sandwich grecs, McDo, KFC… Et j’adore !
Autre grande différence : en France, on ne rencontre pas les filles dans les rues. La manière de draguer est très différente. Au Sénégal, on peut draguer dans la rue, ici, on se méfie. Il faut s’adapter. Suivre les traces de ceux qui sont ici. C’est compliqué parce que les cultures ne sont pas les mêmes.
Ici c’est… moderne, on s’adapte
Il y a beaucoup de différences aussi au niveau de la recherche d’emploi. Ici, il faut un cv, une lettre de motivation. Si tu n’es pas bien formé ou que tu n’as pas de diplôme, tu ne peux pas avoir de travail vite fait. Ou alors quelque chose qui n’est pas adapté à ce que tu veux. Quand j’étais au Sénégal, je ne travaillais pas, mais je voyais comment faisaient mes grands frères pour avoir du boulot. Là-bas, tu peux avoir du travail sans avoir de lettre de motivation ! Ici c’est… moderne.
Les trucs que je faisais quand j’étais petit me manquent beaucoup. Maintenant je suis devenu autonome, adulte. J’ai beaucoup de rêves. Je veux avoir mon diplôme, trouver un travail et avoir une vie meilleure. Gagner ma vie. Ici en France.
Au bled on vivait comme ça. En communauté. Ensemble. On pouvait être 15-20 personnes dans une famille. Ici, c’est donc comme une continuité.
Actuellement, je suis hébergé dans un foyer réservé aux « jeunes migrants isolés » : Pangea. Je me sens bien ici. Je sais que je suis en train de progresser. Je découvre plein de choses. Ce lieu est un plus pour moi ! Sans me déplacer, j’ai accès à toutes sortes d’activités. C’est une vraie opportunité !
Dans ce lieu, j’ai rencontré beaucoup de gens gentils, qui t’aident à avancer dans la vie, qui partagent. A Pangea, vivre avec 30 jeunes ne me pose pas de problèmes. Au bled on vivait comme ça. En communauté. Ensemble. On pouvait être 15-20 personnes dans une famille. Ici, c’est donc comme une continuité. N’importe quel jeune, même s’il est timide, même s’il dérange, on sait comment vivre avec lui. On a vécu avec n’importe quel genre de personne. Du coup, on sait comment gérer les choses. Je viens du Sénégal, d’autres du Mali, de Guinée… On s’adapte. Il n’y a pas de conflits.
Si je me retrouve tout seul, j’ai beaucoup de stress. Avoir des activités à faire, cela me permet d’oublier mes soucis. Comme je n’ai pas l’habitude d’être isolé, être avec un groupe de personnes, ça me fait du bien ! En plus, en groupe, on peut apprendre beaucoup de choses. A l’école, le prof te donne des connaissances et pour moi, c’est la même chose dans un groupe. Même si on est avec des personnes de la même tranche d’âge ! On va parler du foot, de la politique ou de la vie en générale. Ca nous apporte beaucoup. Pour moi, c’est de l’apprentissage. C’est mieux que de rester dans son coin.
Christina aussi a eu la chance d’être aidée à son arrivée en France. Quand la solidarité a du bon : ‘Ma vie de roumaine en France’.
Les gens qui travaillent au foyer nous aident aussi beaucoup au niveau des papiers, de la préfecture, de l’école, pour trouver un patron. Pour nous aider à nous intégrer. Un jour, j’aurai mon propre appart’. Cela voudra dire que j’aurais « réussi », que j’aurais un travail, de quoi payer un loyer… Mais je serai seul. Une chance ? Pas sûr. Alors en attendant, je profite de la vie ici, en communauté.
Moussa, 18 ans, en formation, Paris
Crédit photo CC Jan Dudas // Flickr
Tolerance Break
One of the best vlog ever!