Tombé dans l’héroïne, mon pote tente de s’en sortir
Du papier aluminium, des briquets, une espèce de paille pour mieux inhaler et évidemment du Nesquik, mais cette fois sans lait… C’était le kit nécessaire pour lui. Et pour moi, la porte ouverte vers un monde complètement inconnu : celui des drogues. Jusque-là, je n’avais été en contact qu’avec la seule drogue acceptée socialement : la nicotine ! J’allais en découvrir une autre, l’une des plus addictives : l’héroïne que j’ai surnommé « Nesquik » à cause de son apparence.
Il a toujours consommé
Lui, c’est un ami que j’ai connu il y a sept ans déjà, dans une ville de mon pays, le Mexique. Il avait déjà essayé par curiosité des joints, du cannabis, de l’herbe, de la cocaïne, de l’opium, de l’ecstasy, du LSD… Mais c’était surtout les joints qu’il aimait. Le reste, c’était plutôt en raves party, pour, selon lui, « entrer dans l’ambiance ».
Il avait 23 ans et il faisait un peu le tour du monde. Notre amitié a continué, il est parti de ma ville mais on est toujours resté en contact, on s’est donné des nouvelles. À chaque fois, il me racontait ce qu’il avait trouvé dans les autres villes du Mexique où il s’amusait à vérifier la « qualité des produits », sa consommation était bien « diversifiée ».
Un jour, je lui ai demandé quel âge il avait la première fois qu’il a pris une drogue : « J’avais 11 ans et j’ai fumé de la marijuana. Depuis cet âge je suis devenu un consommateur régulier. A mes 18 ans j’ai essayé la cocaïne, l’ecstasy et un peu après l’héroïne. » 18 ans…
Le temps de rentrer chez lui en France est arrivé en 2013… Et c’est là qu’il a ajouté à sa liste de courses le « Nesquik» !
J’ai suivi cette histoire tout au long de cette nouvelle addiction, mais avant 2017, je lisais juste ça assise derrière un écran. Puis je me suis retrouvée debout en face de lui.
Prise, addiction et crise
La première fois que je l’ai vu fumer de l’héroïne, je n’étais pas si choquée que ça, j’étais plutôt curieuse, je regardais attentivement toute la mise en scène… Il m’a montré un petit sachet en plastique avec une poudre à l’intérieur et c’est là que j’ai sorti la phrase : « On dirait du Nesquik, sans lait ! »
Je l’ai vu couper une feuille rectangulaire de papier aluminium, il l’a pliée sur la longueur en deux, puis il la ré-ouverte pour obtenir une forme triangulaire, il a sorti un peu de l’héroïne et sur la jonction au milieu de la feuille, il a soigneusement mis ce Nesquik, tout le long du papier aluminium. Il avait déjà fait une espèce de paille pour « la fumer ».
En se servant d’un briquet, il a fait chauffer la feuille avec le Nesquik qui se liquéfiait lentement et libérait de la fumée qu’il aspirait en faisant glisser la goutte huileuse sur la feuille de sorte que la libération de la fumée se fasse progressivement. La couleur du Nesquik a peu à peu changé vers un marron foncé presque noir. Il a repassé le briquet jusqu’à ce que plus aucune fumée ne sorte…
Ce jour-là, j’ai appris que cette technique s’appelait « chasser le dragon » et qu’elle est surtout utilisée pour fumer l’héroïne marron.
Je l’ai vu faire ça à chacun de ses réveils, toutes les 30 minutes environ, car il était très rapidement en manque et s’il n’arrivait pas à se procurer une dose, il commençait à le ressentir.
Il souffrait et je ne savais pas quoi faire.
J’étais avec lui pendant une de ses tentatives pour baisser sa tolérance pour ensuite faire la transition vers la méthadone qui lui permettrait de stopper sa consommation sans ressentir les signes de manque, « le sevrage », qui est une étape très difficile à passer. J’ai compris la gravité de la situation.
Essayer d’arrêter une drogue, même si ce n’est pas de l’héroïne ce n’est pas toujours facile. Tony, il lui a fallu un problème de vue et un doigt coupé… En plus il dealait !
J’ai eu peur… Je l’ai vu allongé sur son lit souffrant : il avait des frissons, des douleurs musculaires et osseuses, des spasmes intestinaux, le nez qui coulait sans arrêt, les yeux qui pleuraient, pas de force en lui, il transpirait trop, comme s’il avait de la fièvre, il était dépressif, et très malaisé. Il souffrait et je ne savais pas quoi faire.
Pendant quatre ans de consommation régulière, sa tolérance a augmenté et aujourd’hui il lui faut 2-2.5 grammes d’héroïne par jour pour être « bien »…
Il a déjà essayé plusieurs fois d’arrêter sa consommation et de faire la transition vers la méthadone, le problème c’est qu’elle crée aussi une dépendance, parfois plus forte que l’héroïne elle-même, et du coup ,le sevrage de la méthadone pourrait être encore plus difficile. Ça il le sait et il a peur…
Il dit aussi que remplacer une drogue par une autre ne mène à aucun résultat. Pour lui, c’est une lutte chaque jour, le problème c’est qu’il peut tenir un mois en prenant la méthadone et quand même faire une rechute, et s’en vouloir pour cela.
Etre là pour lui
Aujourd’hui, il n’y a que sa mère, son frère, quelques amis à lui (dont je fais partie) qui sommes au courant de sa dépendance à l’héroïne, le reste de sa famille ne le sait pas. Il se moque un peu de l’image qu’il peut donner aux autres, mais sa mère a un peu du mal à parler de l’addiction de son fils. Je peux le comprendre car c’est un sujet tabou et même si le fait de la fumer élimine la stigmatisation associée à la consommation de drogues par injection, cela reste interdit et « mal vu ».
Lorsqu’on est ami, proche ou collègue d’une personne dépendante, il est important de comprendre les différentes facettes de l’addiction à l’héroïne en vue de saisir à quoi s’attendre. Seulement ensuite, on peut apporter l’empathie et le soutien dont la personne a besoin pour rester engagée sur le chemin de la guérison.
Je suis son amie et je l’encouragerai et le soutiendrai parce que je vois et je sens son désespoir en voulant arrêter tout cela, des fois sans succès… Je serai avec lui jusqu’au moment où il y arrivera, je suis certaine qu’il a la force et l’envie d’arrêter. Un jour, je lui ai écrit que peu importait le nombre d’échecs pour arrêter, l’important c’était d’essayer sans abandonner car c’est en essayant qu’il gagnera sa « liberté »…
Une personne comme lui qui a toujours aimé voyager et découvrir le monde ne peut pas continuer à perdre du temps et perdre sa vie… Il a rendez-vous avec sa liberté et la date, c’est lui qui la fixera…
Elizabeth G, 29 ans, Université Paris Nanterre
Crédit GIF Giphy.com // Breaking Bad (Série TV)
Perso ça fait 18 ans que je consomme de l’héro (celle qu’on appelle rabla chez nous), et je pense que malheureusement j’y serais accroc à vie, malgré des pauses de plusieurs mois sans rien prendre à part mon traitement, sans quoi je ne pourrais même pas aller travailler). C’est un vrai plaisir destructeur…. Et le traitement est aussi additif… Ma solution….: rester en sous dosage, on a des douleurs, des maux divers, mais quelques part je me rassure de cette manière.
Tout ça pour dire, ne commencez jamais.. J’ai toujours travailler et consommer en même temps, mais depuis 1 an je ne contrôle plus rien (ai-je contrôlé quelque chose un jour à ce sujet, pas sur)…
Alors cette merde peu être attrayante, mais n’essayez jamais, votre joie sera de courte durée.
Parenthèse….: afin de prévenir, la cocaïne n’est pas mieux, ni pire…. La façon de la consommer peu être aussi un facteur d’accroche…. Effectivement, le fait de baser la c (que ça soit à l’ammoniaque, au bica ou au deux mélangé), l’addiction n’en sera que pire. A éviter aussi……
C un smasker a vie c tout
Bonjour. Je viens de m apercevoir que mon ami fume de cette façon. Quel choc !!!!! Moi qui ne fume même pas !! Depuis 1 an ou 2 je vois qu il change. Il me demande de l argent sans arrêt et à des découverts énormes chaque mois alors qu il travaille !!!! Depuis 2 semaine, J ai découvert des boulettes d alu bien cachés dans la poubelle tous les jours.. Quand je les ai déplié ça ressemble à des rectangles d alu brûlé. Et c collant au toucher et noir !!!! J ai essayé de lui demander, il m à dit que j était parano et qu il se droguait pas et m a envoyé balader furieux !!!. Comment faire pour savoir. Merci de m aider
Bonjour
C’est terrifiant cette vie qu’il mène depuis ses 11 ans, à peine crédible. Pourquoi ne va t’il pas en cure de désintoxication ? Et les médecins ?
Quel malheur !
Avec sa volonté et ses proches, un accompagnement se serait mieux.