A Fleury-Mérogis, y a pas mal de choses à améliorer en détention ! (5/9)
Quand je suis arrivé en prison, j’ai fait une demande pour une consultation avec le dentiste car j’ai ressenti des douleurs. Le mal de dents est la pire chose pour une personne enfermée, j’en pouvais plus, donc le soir, pour dormir, je me soignais au THC [principe actif du cannabis, ndlr].
Sept mois plus tard, ils m’ont répondu mais je n’avais plus mal à force d’attendre. Lors de la consultation, le dentiste a fait un bilan. Il m’a dit que j’avais une carie. Il m’a donné comme seuls calmants un bain de bouche et du Doliprane. Et ils m’ont proposé un rendez-vous à l’Ucsa [unité de consultations et de soins ambulatoires] la semaine suivante pour traiter le mal de dents. Mais je préfère aller chez le dentiste à l’extérieur, une fois sorti. Ici, j’ai peur qu’ils touchent mes dents et que la douleur revienne.
La détention est responsable de chaque détenu et la santé en prison, c’est une chose prioritaire. Moi, je ne lave pas mes affaires ici. Ceux qui le font, ils lavent à la main, dans leur cellule, avec de la lessive qu’ils ont cantinée.
«Ce serait bien de pouvoir cantiner une machine à laver, comme le frigo ! Chaque semaine je reçois un sac de ma famille : huit tee-shirts, sept caleçons, cinq paires de chaussettes et une serviette. Mais certains font du sport : on se lève, on se douche, on fait du sport puis on se redouche. Vous comprendrez que les caleçons sont comptés !
Cet article est issu d’une série de témoignages de détenus de la maison d’arrêt de Fleury-Mérogis. Ils ont aussi été publiés dans Libération, à lire juste ici.
L’hygiène, c’est important en détention, pour faciliter la vie des détenus mais aussi des familles. Ce serait vraiment super qu’il y ait des machines à laver et un service lingerie, une fois par semaine.
Il faudrait une salle toute propre, comme si on n’était pas dans une prison, pour les pères de famille qui reçoivent leurs enfants, avec des jeux. On pourrait y aller une fois toutes les deux semaines, ou une fois par mois. Parce que la prison, quand t’es un enfant, c’est pas un endroit où aller. Ma fille va avoir 2 ans en janvier. Je l’ai déjà vue au parloir mais je n’ai pas envie qu’elle vienne. Alors je préfère l’appeler au téléphone. Elle me dit : « Papa ? T’es où ? Je t’aime. » C’est dur.
Jason, 22 ans, en détention à Fleury-Mérogis
Crédits photo © Catherine Rechard