Comment j’ai grandi
Pour la première fois, Sarah, Shisko, Léna et Essil racontent un épisode de leur adolescence dont elles et ils n’ont jamais parlé. Un souvenir que les quatre jeunes de 15 ans n’oublieront jamais parce qu’il les a aidé·es à grandir. En faisant face à des décès, des divorces et des responsabilités dans leur famille, elles et ils se sont confronté·es aux histoires de grand·es et ont quitté l’insouciance de l’enfance.
« C’est comme si, dans un jeu, on passait des niveaux. Et j’ai passé le niveau qui fait que, en quelque sorte on est devenu·es adulte, parce que c’est des sujets de grand·es. On est rentré·es dans la réalité. On n’est plus dans le monde des Bisounours où tout va bien. On se confronte réellement à ce qui peut se passer dans la vie. »
« J’étais au collège encore, mais j’avais encore la mentalité de la primaire. Vraiment genre pour moi tout allait bien, ma sœur elle allait bien parce qu’elle souriait, etc. alors que non. 10 ans, pour moi, c’est l’âge où j’ai grandi. »
« Elle m’avait dit qu’elle en avait marre de mon père et qu’elle avait décidé de quitter la maison. Moi, de base, j’étais de bonne humeur tout ça. Vraiment ça m’a choqué. Je n’ai rien dit, je l’ai juste suivie. »
« Moi, une telle responsabilité de base, ce n’est pas censé être la mienne. »
« Quand on m’a annoncé que ma grand-mère était décédée, ben je ne l’ai pas cru, et j’ai cru que c’était une mauvaise blague. Ouais, j’étais dans le déni, je n’acceptais pas qu’elle puisse être décédée, parce que ce n’était pas possible, parce que c’était ma grand-mère et pour moi nan, elle avait encore plein de temps à vivre. »
De l’insouciance aux responsabilités
« Le moment où ça a basculé et où je me suis rendu compte que ça allait changer les choses, c’est quand elle est partie à l’hôpital et que j’ai dû lui préparer une valise. […] Pour moi, l’hôpital, c’était vraiment, t’y vas quand tu t’es ouvert ou pour une urgence ou comme dans les films, enfin ce genre de choses-là. Mais, pour moi, ça n’existait pas l’hôpital psychiatrique. Je ne comprenais pas ce mot. »
« J’ai eu l’impression que tout pouvait basculer parce que, voilà en début de semaine, j’étais chez moi avec mon père, ma mère, mes sœurs. Mais à la fin de la semaine, j’étais à l’hôtel avec mes sœurs, avec ma mère, en train de penser à : « que faire ? » »
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« Très jeune, j’ai appris à m’occuper d’un enfant, un enfant qui a besoin de deux fois plus d’attention qu’un enfant lambda. Je pense que ça m’a beaucoup changée, ça m’a apporté beaucoup de patience et de maturité d’esprit. »
« C’était la première fois que je faisais face à un décès dans ma famille. Je savais que ça arriverait mais tant que ça ne nous arrive pas, on se dit : « Bon ben on est intouchable. » »
Sarah, Léna, Shisko et Essil, 15 ans, lycéen·e·s, Le Bourget
Illustration © Léa Ciesco (@oscael_) // Musique Kiala Ogawa
Journalistes : Catherine de Coppet et Léa Mehrhardt