ZEP 19/11/2021

Fuir la violence de nos pères

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On ne choisit pas sa famille, ni ce qu'elle nous inflige. Jennifer, Nabilla, Christiana et Kadher gardent des séquelles de leur enfance, marquée par la peur des coups de leur père.

Christiana : « Mon père est alcoolique, il boit beaucoup. Pour se faire entendre, il utilise la violence. Aujourd’hui, à 22 ans, je dois toujours affronter les souvenirs violents de mon enfance. »

Jennifer : « Je me sentais rejetée. J’étais tout le temps seule. Quand mon père rentrait du travail, on était comme des étrangers. »

Nabilla : « Je ne connais pas ma vraie histoire, jusqu’à maintenant. Il y avait de l’injustice chez moi. je vis toujours en dépression. »

Il m’a poussée contre le frigo

Christiana : « Mon père a commencé à frapper ma mère et j’ai voulu la défendre avec un balai. J’ai commencé à lui frapper le dos. Il m’a poussée contre le frigo. Il m’a dit que ce n’était pas mon problème. Ma mère a pris un couteau pour lui faire peur mais il avançait quand même. Ça lui a blessé le bras, beaucoup de sang a surgi. Ma mère a vite appelé une ambulance. Ce n’est pas facile pour une femme de porter plainte contre son mari en Albanie. »

Jennifer : « Si mon père ne me parlait pas, moi non plus. J’avais l’impression qu’il ne m’aimait pas. La seule façon de m’échapper de ça, c’était de jouer aux jeux vidéo. Je mettais la réalité de côté et je jouais tous les jours. Pendant dix ans de ma vie. »

Kadher : « Il avait une mentalité vraiment très dure et compliquée. Il m’insultait tout le temps, il me frappait. J’ai décidé de fuir pour faire ma vie. »

J’essaie de me construire pour avoir une vie heureuse

Jennifer : « Nous sommes partis en vacances avec ma tante, ses enfants, mon père et ma mère. Mon père, je le voyais rigoler, s’amuser. C’est comme si je n’existais pas. De moi, il s’en foutait. J’étais comme une folle, je me tapais la tête, je me griffais. Il y a des moments où je pensais au suicide. En rentrant, une dispute a éclaté. On a fait une réunion de famille pour parler. »

Nabilla : « J’essaie de me construire pour avoir une vie heureuse. Leur montrer que, maintenant que je suis adulte, vous ne pouvez pas me rabaisser. Je sais prendre des décisions. »

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Christiana : « Ce n’est pas parce qu’on devient adulte que tous les problèmes d’enfance s’effacent. J’ai revécu les miens dans ma tête en me demandant si j’aurais pu faire quelque chose. Je n’ai pas du tout confiance dans les gens. J’en veux aussi beaucoup à ma mère. Avec elle, même aujourd’hui, je n’arrive pas à avoir des rapports solides. »

Kadher : « Malgré la distance quand je l’ai au téléphone, il me critique. Je ne suis pas libéré encore… Je suis loin de ma famille, je suis tout seul… À la fin… il reste mon père. »

Jennifer, Nabilla, Christiana, Kadher, 20 à 23 ans, stagiaires, Marseille

Illustration © Merieme Mesfioui (@durga.maya) // Musique Kiala Ogawa

Journaliste : Aurélie Darbouret

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