2/2 Sur Twitch, on les insulte car elles portent des débardeurs
Si vous connaissez Twitch et si vous avez déjà traîné un peu sur la plateforme, vous y avez peut-être croisé Kevin. Il a 16 ans, il streame depuis deux ans : il se filme en jouant aux jeux vidéo. Avant ça, il a joué des dizaines de parties, il a regardé des dizaines de live, et il a vu des dizaines de filles se faire harceler.
« J’ai assisté à des streams de filles qui se faisaient insulter : « pute », « salope »... Alors qu’il y en avait une qui remettait juste son t-shirt ! J’étais assez petit, jeune, je ne comprenais pas tout ça. Plus j’ai grandi, plus j’ai compris que ce milieu est vraiment sexiste… et qu’il faut changer ça. »
« Ça se traduit par les commentaires, les messages privés envoyés, parfois même en vocal ! »
« Le problème, c’est que les filles ne sont pas mises sur le devant de la scène. Elles sont souvent rabaissées. On a tendance à dire que ce sont les garçons qui sont les plus forts en jeux vidéo. »
SÉRIE 1/2 – Justine adore jouer aux jeux vidéo. Sauf que, pour être tranquille, elle ne joue qu’avec des gens qu’elle connaît, jamais avec des inconnus.
« Une de mes amies a vécu cette expérience : elle a essayé de rejoindre une structure professionnelle d’e-sport : elle n’a pas réussi parce que c’est une fille. Pour les chefs, elle n’avait pas le niveau. Juste par ce que c’était une fille.
Moi qui jouais avec elle tous les jours, je sais qu’elle avait le niveau. »
Kevin, 16 ans, lycéen, Le Bourget
Illustration © Léa Ciesco (@oscael_) // Musique Kiala Ogawa
Journalistes : Catherine de Coppet et Léa Mehrhardt
Le sexisme dans les jeux vidéo
77 % des joueuses de jeux vidéo ont déjà reçu des remarques discriminantes lorsqu’elles jouaient en ligne. Le gaming est un univers particulièrement sexiste pour plusieurs raisons :
– c’est une discipline socialement perçue comme masculine, et une partie des hommes n’apprécie pas que des femmes empiètent sur leur terrain ;
– l’anonymat décuple la violence et le harcèlement envers toutes les minorités ;
– c’est un univers de compétition : tous les arguments sont bons pour écraser son adversaire.
Considéré comme un délit, le cyberharcèlement est puni d’une amende de 45 000 euros d’amende max, et/ou d’une peine d’emprisonnement de trois ans max.
59 % des gameuses cachent leur genre lorsqu’elles jouent, soit en n’activant ni leur micro, ni leur caméra, soit en utilisant un logiciel qui modifie la voix ou en empruntant un nom masculin.
Lors des événements physiques, seul·es 5 % des participant·es sont des femmes, alors qu’elles représentent 47 % des effectifs du gaming en France.