1376 témoignages plus tard… La ZEP fête ses cinq ans !
Cinq ans déjà ! Le 11 mars 2015, nous déposions nos statuts et entamions cette belle aventure. Cinq ans, ce sont presque 1400 témoignages publiés, des milliers de jeunes rencontrés et des centaines de structures partenaires. Nous avons accompagné des jeunes dans toute la France. En Ile de France d’abord puis de Grande-Synthe à Marseille en passant par Lille, Rennes, Bordeaux, Toulouse et bien d’autres encore. Ça en fait des détours ! Dans des grandes et des petites villes, des zones rurales… oui, ça fait des bons détours !
Notre équipe a grandi, nos défis aussi : cinq recueils et bientôt un livre en librairie. Des podcasts et bientôt de nouvelles vidéos ! Et surtout, de plus en plus de partenaires médias qui nous relaient et valorisent vos récits : Libération, Ouest-France, Le Monde Campus, Konbini News, Le HuffPost, PositivR, Phosphore et Dong!
On est fiers de ce chemin et on compte aller plus loin. En attendant, pour fêter ça, on vous a cuisiné une compilation des témoignages que vous avez le plus partagés, commentés, lus !
2015
Moi la musulmane voilée, toi la punk au piercing et crâne rasé
« J’ai adoré marcher avec toi dans les rues de Marseille, bras dessus, bras dessous, à rire aux éclats et à discuter de tout. J’ai été émue par ce duo improbable qu’on formait, toi et moi, inspirant toutes sortes de réactions aux passants… C’était beau. »
Camille et Leïla, 23 ans, Perpignan et Nîmes
Bac + 5 et au chômage depuis un an
« Aujourd’hui, on a l’impression que les recruteurs ont ce jeu qu’on donne aux enfants en bas âge : une plaquette avec des trous carrés, des trous rectangles, des trous étoiles. « Ah désolé madame, on cherche un carré pour ce poste et vous, vous êtes rectangle : vous ne rentrez pas. Désolé. » »
Nabila, 28 ans, Mâcon
Big up à France Inter, les premiers à avoir parlé de nous, c’était en mars 2015 ! La ZEP était sélectionnée parmi les « trente projets socialement innovants et d’utilité sociale » par la fondation la France s’engage.
Etudiante en droit et caissière, entre deux mondes !
« Entre ces deux mondes, j’étais toujours partagée : alors que mon métier d’hôtesse de caisse m’apportait un savoir pratique et me permettait de garder les pieds sur terre, mes études en droit me donnaient l’impression de ne rester qu’une théorie floue qui ne me mènerait nulle part. »
Laurie, 24 ans, Marseille
2016
« T’es belle pour une Noire ! »
« Dire d’une personne qu’elle est « belle pour une Noire », c’est dire qu’être Noire et belle à la fois relève de l’exception. C’est dire que non seulement les Noirs sont majoritairement laids, mais c’est aussi opposer « la beauté noire » à la « beauté blanche » comme si la beauté caucasienne était le modèle de référence. »
Hawa, 23 ans, Île-de-France
Ma première douche au centre d’hébergement d’urgence
« Aujourd’hui encore, je nettoie à chaque fois ma douche avant de me laver. Plus aussi longtemps. Ça ne sert à rien. Rien ne change. Maintenant, j’ai pris l’habitude de voir toutes ces saletés, je ne touche pas les murs, je nettoie la douche à l’endroit où je la tiens. C’est simple, je nettoie juste ce que je touche. Tout ce que je touche. J’amène aussi ma couverture, que je coince dans la porte de la douche, pour être sûre qu’on ne me voit pas. »
Lidia, 16 ans, Paris
Maman, j’ai quitté la fac
« « Maman, j’ai quitté la fac. Je ne pouvais pas rester. Je vais maintenant chercher ce que je veux faire et essayer de trouver quelque chose pour ne pas perdre une année. » Je ne lui ai pas vraiment laissé le temps d’en placer une et, de toute façon, il était trop tard pour faire machine arrière. »
Amandine, 18 ans, Paris
2017
Je n’aime pas l’école et elle me le rend bien
« Petit, lorsqu’on me demandait ce que je voulais faire, je répondais être tranquille et heureux. Cette réponse ne convenait pas à mes interlocuteurs. Ils n’ont probablement pas compris le fonctionnement de la vie, un algorithme bien trop complexe pour mes « profs » de maths. Il y a des problèmes que l’on met plus de temps a résoudre. »
Julien, 20 ans, Paris
Présidentielle 2017 : Eux ne sont pas nous
« Cela fait maintenant plusieurs mois que j’observe cette campagne ridicule, avec toujours en tête la même question : mais qui sont ces gens ? Qui sont ces gens qui se croient autorisés à parler en mon nom alors qu’ils ne représentent qu’eux-mêmes ? Qui sont ces gens qui blâment les pauvres tout en fraudant abondamment ? Qui sont ces opportunistes, anciens banquiers, qui se voient aujourd’hui diriger la nation ? »
Hakim, 25 ans, Grande-Synthe
Handicap : silence ça baise !
« On est confronté à beaucoup de choses durant ces séjours, on voit des amourettes, les premiers émois et c’est beau. On se retrouve aussi face à des choses un peu plus intimidantes comme la fois où un jeune adulte se masturbait dans la rue. On ressent aussi le regard des autres sur ces personnes… et les moqueries. Et on éprouve de la colère. »
Rose, 22 ans, Perpignan
2018
Perdue dans les dédales de l’administration, je quitte la France
« Je me suis retrouvée orpheline à 19 ans. J’ai dû prendre sur moi, devenir chef de famille. Tous ces papiers à faire, toutes ces choses à penser, toutes ces dépenses, je me sentais submergée. Je me suis tournée vers les aides sociales, la mairie, les associations, les banques. Vers tous les organismes qui inscrivaient « ENTRÉE » sur la porte. Personne ne m’a apporté d’aide. »
Aude, 20 ans, étudiante, Nanterre
J’ai aidé mon pote incarcéré à ne pas craquer
« Je me rendais à La Poste pour lui envoyer des mandats cash qu’il recevait au bout de 48h à 72h. Je l’ai aussi soutenu psychologiquement. Au parloir parfois, je lui ramenais des vêtements et j’en profitais pour lui glisser quelques mots bienveillants. Je me souviens d’une phrase que je lui répétais assez souvent : « Plus le combat est dur, plus la victoire est belle. » »
Wahib, 22 ans, Bondy
En 2019, on a atteint 1000 articles et ça nous avait déjà beaucoup émus ! Au point qu’on vous avait (nous aussi) raconté des choses, en vidéo !
Un viol, c’est ça
« C’est tellement compliqué de l’évoquer, d’y penser, de revivre la scène encore et encore et encore. Dans certains cas, cela peut prendre beaucoup de temps et d’énergie de prendre conscience des choses. D’accepter de ce dire que l’on a été violé. Qu’on est une victime. Point barre. « Oui mais tu sais… Une femme qui dit non, c’est un peu oui quand même. » Bah non, crétin. »
Mathilde, 24 ans, Amiens
Banlieusarde, je ne suis pas gilet jaune
« Nous avons d’autres urgences que les gilets jaunes en matière de précarité. Avant d’avoir du mal à payer l’essence, il faudrait déjà pouvoir se payer une voiture, avoir un emploi, des diplômes… Et pour accéder à des diplômes et à un emploi, il faudrait pouvoir bénéficier d’un meilleur accompagnement éducatif, et ne pas être sans cesse victimes de racisme, de discriminations et de mépris des classes. Pour moi, toutes ces luttes passent avant l’augmentation du prix de l’essence. »
Yasmine, 21 ans, Chanteloup-les-Vignes
2019
À 28 ans, mes potes attendent un bébé et moi j’suis toujours célibataire
« Le problème c’est ça : moi, j’en suis pas là. J’en suis encore à coucher à droite à gauche, à m’embourber dans des histoires compliquées, à faire des dates Tinder sans saveur. J’en suis encore à raconter mes péripéties à mes amis. Ça les fait rire. Eux, ils ont trouvé un rythme où draguer, séduire, pécho, c’est plus d’actualité. Alors forcément, mes histoires, ça les distrait. Mais moi, quand mes potes m’ont dit qu’ils attendaient un enfant, ça m’a mis une pression. »
James, 28 ans, Paris
J’ai un petit sexe et je le vis bien merci
« Au lycée, j’ai eu une copine. Elle m’a fait prendre confiance en moi et j’ai compris. J’ai compris que bah… J’en ai un peu rien à foutre en fait. La taille de mon sexe, qu’est-ce que ça change pour les autres ? Y a que ma copine qui le voit et si elle m’aime, elle s’en carre l’oignon de mon chibre (enfin de sa taille j’veux dire…). Et puis tout le monde mentait sur la taille de son sexe au collège. « Avoir des couilles », c’est dans la tête. »
Rémi, 16 ans, Torcy
Nous avons récemment entamé un nouveau partenariat « témoignages » avec Ouest-France ! Ça nous a même valu un reportage : « Leurs récits de vie racontent la jeunesse d’aujourd’hui »
Paie ta réussite : mes diplômes ne m’ont pas rendue blanche
« L’an dernier, j’ai eu mon master en Métiers de l’Enseignement (Anglais). J’ai un certain statut en tant que prof d’anglais, mais je suis toujours considérée comme la chinetoque de service. Les diplômes n’effacent en rien la race. Encore trop de fois, je sens dans le regard d’autrui qu’on veut me faire me sentir stupide ou qu’on a des préjugés quant à mes capacités intellectuelles. »
Huynh Ho, 22 ans, Paris
Une femme qui aime le sexe, ça dérange
« J’en suis réduite à cet aspect de ma personne, je ne suis plus intéressante, politisée, passionnée par les arts ni même belle, je ne suis qu’une fille qui aime le sexe. Et cette fille-là, c’est celle qu’ils ne veulent pas aimer, parce qu’elle est moins vertueuse, parce que ce n’est pas « une fille bien ». C’est ce que se permettent de dire certains garçons alors qu’ils ont plus de partenaires que moi. »
Jeanne, 20 ans,Val d’Oise
Depuis janvier, ça continue fort ! Alors continuez à nous suivre et à nous soutenir, surtout sur les réseaux. Facebook, Twitter ou Insta, la ZEP est là ! Encore merci à tous les jeunes pour vos témoignages et votre confiance. La ZEP c’est vous.
Merci aux journalistes externes : Lucas, Ines, Chaya, Margaux, Ludovic, Sylvie, Celine, Antoine, Grégoire, Edith, Pauline, Sheerazad, Leila, Éléonore, Maylis, Émilie(s), Sarah, Anne, Virginie, Alizée, Marguerite, Pierre, Gwenaël, Nina, Fanny, Marion, Isabelle, Sophie, Timothée, Laura, Anne, Marion, Aurélie, Marie-Alix, Sandrine, Maëva et Clara.
Et à celles et ceux qui qui nous accompagnent ou nous ont accompagné : Hawa, Lucille, André, Salomé, Layssa, Thibault, Adèle, Yannis, Sofia, Baudouin, Mae, Théo.
Enfin, merci à toute l’équipe du conseil d’administration de La ZEP : Sophia, Thierry, Nora, Thibault, Nesrine, Christophe, Virginie, Hélène, Amir et Edith.
L’équipe de la ZEP (Emmanuel, Nathalie, Yasmine, Elliot, Bertille, Sonia, Maëlle, Edouard, Amadou, Léa, Laura, Lucie et Sofiane !)
Crédit Photo © La ZEP
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