Des années à chercher ma routine cheveux afros
J’ai des cheveux afros, crépus-frisés avec de légères boucles. Petite, j’étais le genre d’enfant pour qui, quand on lissait les cheveux, c’était gonflé cinq minutes plus tard. Toute mon enfance, ma tête a été sujette à des brushings et des lissages. Ma racine était crépue-frisée, mais la longueur de mes cheveux était toute lisse. Vers mes 13 ans, j’ai voulu retourner à mes cheveux naturels. J’ai alors décidé de tout couper pendant les vacances d’été 2017. Depuis mes 5 ans, je n’avais connu que les cheveux lisses. C’était le début d’un long voyage pour savoir comment en prendre soin.
Je ne savais pas m’en occuper. Les cheveux des personnes que je trouvais sur YouTube n’avaient pas exactement la même texture que les miens. Au début, je me débrouillais comme je pouvais en les peignant et en mettant des produits quelconques dessus. Avant la rentrée de la troisième, j’ai recommencé à les lisser parce que c’était plus facile pour moi. Ma mère, qui elle porte des lissages brésiliens, m’a recommandé de faire des masques et de me servir de gel de lin et d’aloe vera. Je ne l’ai pas vraiment écoutée.
Je m’y prenais mal
À la moitié de mon année de seconde, j’ai décidé d’entretenir correctement mes cheveux sans utiliser d’appareil chaud dessus, et donc sans les lisser. Je voulais en prendre soin mais je m’y prenais mal. Je les mouillais, je les peignais et je mettais un produit appelé « smoothie au coco et à l’hibiscus » qu’une vendeuse m’avait conseillé pour les boucler.
J’ai appris sur les réseaux que les mouiller tous les jours n’était pas bien, mais je ne savais pas comment faire autrement, donc je continuais cette mauvaise routine. En plus, j’avais mis du gel pour les plaquer, et ça les avait déjà énormément abîmés. J’ai recommencé à regarder des vidéos. Le problème, c’est que les filles montraient leur routine capillaire le jour du lavage et je ne comprenais pas comment elles les entretenaient au quotidien.
Entretenir les cheveux afros, c’est tellement de boulot ! Il faut vraiment de la volonté et de l’investissement personnel pour s’en occuper, parce que c’est du temps et de l’argent (les produits coûtent trop chers). Je me contentais d’un shampoing et d’un après-shampoing, mais imaginez le prix total avec les masques et tout ce qui s’ensuit. Et la flemme ! Les coiffer me prenait déjà 20 minutes par jour, et jusqu’à deux heures le jour du lavage.
Encore une nouvelle routine
En plein milieu d’année, le confinement a été annoncé. Être enfermée pendant 56 jours, ça fait prendre de nouvelles résolutions ! Ma nouvelle routine, c’était shampoing, après-shampoing et vanilles [manière de torsader ses cheveux, ndlr], en appliquant du smoothie.
Quand je suis sortie du lycée et que j’ai commencé les études, j’ai perdu le goût pour les vanilles. Je voulais des coiffures protectrices avec des rajouts, mais elles étaient coûteuses, et je n’avais pas d’argent. Il faut compter minimum 35 euros, et ça peut dépasser les 50. C’est donc la voisine ou la meilleure amie de ma sœur qui me coiffait. Je pouvais les payer 15 ou 20 euros, parfois 30 pour les coupes vraiment longues qui prenaient jusqu’à huit heures de tressage.
J’enchaînais les coupes sans en prendre réellement soin. La frustration. J’avais perdu de vue mon objectif principal. Parfois, je voulais sortir l’afro à l’air, sans être obligée de les attacher, et montrer ma touffe. Mais je n’avais jamais été habituée à ça. J’ai tenté deux ou trois fois de sortir avec mes cheveux naturels, mais j’étais mal à l’aise et le regard des autres me gênait. J’avais l’impression que ma coupe n’allait pas, avec ses boucles pas vraiment définies et son aspect un peu carré, alors qu’on a plutôt l’habitude des cheveux bien bouclés et des afros bien rondes.
Il me fallait de la confiance et du temps
En mars 2022, j’ai enfin réussi à comprendre comment en prendre soin. Jusqu’ici, il me manquait deux éléments pour avoir la formule parfaite : la confiance en soi et le temps. J’avais eu du mal à accepter que mes cheveux sont durs à entretenir et je n’avais pas réussi à les aimer comme ils étaient, alors je ne m’étais pas assez investie. Mais j’avais trop la flemme et, en plus, je suis une meuf impatiente !
Aujourd’hui, on trouve beaucoup plus de vidéos qu’en 2017, sur tous les types de cheveux. Après les avoir vues, j’ai su comment en prendre soin au quotidien et pas seulement le jour du lavage. Par exemple : Hydrater ses cheveux afro, Comment j’hydrate mes cheveux crépus secs, Hydrater ses cheveux crépus en semaine, Quick nighttime hair routine, Je sauve les cheveux crépus de ma sœur + je l’aide à assumer.
J’ai alors acheté un leave-in [un soin à laisser dans ses cheveux, ndlr], un bon après-shampoing, et une crème hydratante pour un total de 46 euros (qu’est-ce qu’on ferait pas pour avoir une bonne routine) et j’ai testé leurs techniques. Je mets les produits une ou deux fois par semaine. Le reste des jours, au lieu d’utiliser les produits comme elles le font, je mets du gel de lin comme me l’avait recommandé ma mère. Je recommande aussi le gel d’aloe vera pour hydrater, comme ça on favorise les produits naturels !
C’est en prenant soin de mes cheveux que je saurai quel produit leur correspond ou pas. Ils sont uniques et ne réagissent pas tous de la même manière à un produit. Je l’ai compris grâce à Mari Am.
En plus, après trois ou quatre essais à sortir dehors avec ma touffe sans me replier, je suis désormais à l’aise avec mes cheveux naturels. Je sors souvent avec la touffe à l’air ! Il m’a fallu six ans ans pour apprendre, expérimenter, et mieux comprendre mais, maintenant, j’y suis et je me sens mieux.
Aurélia, 18 ans, étudiante, Seine-et-Marne
Crédit photo Unsplash // CC Gift Habeshaw
Le mouvement nappy
Contraction des mots « happy » et « natural », il désigne ce mouvement de libération capillaire des femmes noires dans le monde entier.
Naissance dans les années 60
Aux États-Unis, les personnes noires se mobilisent pour leurs droits civiques, et leurs manifestations sont très violemment réprimées. Les femmes noires décident de s’affranchir des codes et des diktats esthétiques imposés par la société blanche en laissant leurs cheveux crépus au naturel.
Être fier·e de ses origines et de son identité
Porter la coupe afro devient une revendication politique, et le symbole de la fierté d’appartenir à une communauté noire et métissée. Depuis 2019, plusieurs États américains ont adopté le Crown Act, une loi qui interdit la discrimination basée sur la coiffure ou sur la nature des cheveux d’un individu.
Vague d’afros sur les réseaux
À partir des années 2000, le mouvement explose sur internet, grâce à des blogueuses et youtubeuses aux cheveux crépus qui prônent ce retour aux sources capillaire. Des stars ont aussi rejoint le mouvement, comme Solange Knowles et Imany.