Margaux D. 13/12/2017

Après les études, avant le salariat… j’étais officiellement sans statut fixe

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Enfin diplômée, je me suis retrouvée dans le flou administratif qui accompagne la première recherche d’emploi...

Au mois de juin, la fin des études se fait dans la douceur, baignée par le soleil et la légèreté. Passer d’un job d’été à un contrat de remplacement, ce n’est pas bien différent : ton été, tu le passes à travailler. Le vrai tournant se fait à l’automne. Quand les salariés reviennent bronzés de leurs congés, et que toi t’es relayée…  vers quoi d’ailleurs ? On ne sait pas trop. Vers l’inconnu, vers le grand vide. Ce que j’appelle, désabusée, « le début du chômage », que mes copains nomment « période de latence » ou « transition », comme pour se rassurer.

Pour transiter, encore faudrait-il savoir où aller. Et puis en attendant, je suis bloquée pour répondre à mes anciens collègues, à ma famille et à tous ceux qui s’inquiètent. « Alors, tu fais quoi maintenant ? », c’est la question que je me mets à redouter le plus.

Concrètement, pas grand chose. Après, il faudrait leur expliquer que pour entrer dans le monde du travail, il y a quand même beaucoup à faire. Pass Navigo : à commander. Les impôts : à déclarer. La sécu étudiante : à changer. Et tout ça, ça prend du temps. Pour couper court, je réponds juste : « Je mets ma vie à jour, j’en ai sans doute pour des semaines. »

Du temps, je n’ai que ça !

D’abord, il faut trouver par où commencer. La sécurité sociale ? Ah non parce que « pour être inscrite au régime général, il est nécessaire d’avoir un travail mademoiselle », annonce au téléphone la dame de la Smerep, après sept minutes d’attente. C’est donc ça le monde des grands ? Un univers où même la sécu te met la pression ! En « prolongation de droits jusqu’en décembre », il me reste donc « trois mois pour trouver un emploi ». Sinon c’est direction la CMU, la « couverture maladie universelle », en gros la sécu des plus démunis. Belle perspective !

La seule option : obtenir une attestation de Pôle Emploi. À reculons, j’entame ma déclaration. Panique pour se souvenir de tous les petits boulots effectués ces quatre dernières années. Évidemment, je fais des approximations dans les dates. Problème : les attestations d’employeurs demandés (et retrouvées !) ne correspondent pas à ma déclaration d’inscription. Erreur de débutante ! Et pour la modifier, pas d’autre choix que d’appeler le 3949. Là, « votre temps d’attente est évalué à treize minutes ». Pas de problème, du temps, je n’ai que ça ! Il me faudra tout de même sept tentatives pour entrer en communication avec autre chose qu’un serveur vocal.

Enfin quelqu’un au bout du fil qui modifie ma demande d’inscription et s’étonne de mes maigres expériences professionnelles. J’hésite entre m’excuser ou répliquer. Laconique, la voix poursuit : « J’ai bien peur que vous n’ayez pas assez travaillé pour toucher le chômage. » Effectivement, j’ai eu la chance de pouvoir faire mes études à plein-temps. Atterrée, je réponds juste : « Je ne demande pas à recevoir de l’argent, simplement à obtenir un statut. » Je crois avoir cloué le bec à la voix, qui m’incite à attendre le rendez-vous avec mon « conseiller Pôle Emploi ». Entendu, j’attends. Je suis donc « dans l’attente de devenir demandeur d’emploi ».

Résultat : j’ai tellement attendu que j’ai trouvé un emploi. La veille de mon rendez-vous Pôle Emploi.

 

Margaux D., 25 ans, journaliste, Paris

Crédit photo Flickr // CC Cedrennes

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