Assistant.e social.e, stop aux clichés !
Selon à qui vous demandez, vous aurez droit tour à tour aux divers stéréotypes à propos des assistant.e.s social.e.s qui ont la vie dure. J’ai moi-même un peu de mal avec le terme « assistant.e ». Ma vision de ce travail n’est pas d’assister mais plutôt d’accompagner des gens qui, à un moment de leur vie, ont éprouvé le besoin d’être « aidés » sur un aspect de leur vie qu’ils n’arrivaient pas à résoudre par eux-mêmes. Nous n’assistons pas, nous ne faisons pas « à la place de », mais nous agissons pour rendre ces personnes autonomes.
Je viendrai te voir, tu me fileras des sous !
Revenons-en aux clichés. Celui qui revient le plus souvent, c’est le tiroir-caisse. Beaucoup de gens viennent avec une demande purement monétaire. Mais nous faisons tellement d’autres choses, bordel ! Certes, nous faisons beaucoup pour permettre aux personnes d’accéder à ce à quoi ils ont droit. Mais personnellement, si j’avais voulu être un tiroir-caisse, je serai devenue banquière, et aux dernières nouvelles ce n’est pas l’intitulé de mon diplôme.
Lorsque j’ai annoncé à mes amis mon entrée en formation d’assistant.e de service social, j’ai eu droit à un ballet de clichés : « Oui, comme ça je viendrai te voir, tu me fileras des sous. » Non mais ça va pas ? Si tu veux des sous, tu te lèves et tu vas bosser, comme tout le monde, comme moi. Oui, car une assistante sociale n’est pas une bénévole… Elle a choisi ce métier dans l’optique de travailler avec les gens, dans leur quotidien. Elle les aide à gagner en autonomie, mais aussi pour remplir le frigo et vivre, comme tout le monde.
Les assistantes sociales, elles sont toujours derrière le bureau
Un autre cliché que l’on entend souvent : les assistantes sociales, elles sont toujours derrière le bureau, à remplir des dossiers à longueur de journée ! Certes, c’est une partie du travail, il ne faut pas le nier, mais on va aussi chez les gens, on participe à des réunions entre partenaires de l’institution où l’on travaille, on va boire un café pour prendre des nouvelles d’un « usager » (même ce terme me pose question : cela voudrait dire que c’est une personne qui use d’un service), on peut jouer avec des enfants… La liste est encore longue !
Encore un autre cliché, inséparable du métier : voleuse d’enfants ! Il paraîtrait que nous allons dans des familles, arbitrairement, et que nous leur retirons leurs enfants pour les mettre dans des foyers où ils seront malheureux. Il n’y a rien de plus faux ! La décision de retirer des enfants à une famille n’est pas uniquement celle de l’Assistante sociale mais celle de toute une équipe. C’est aussi un dernier recours, quand tous les autres moyens ont échoué. Ce n’est jamais fait de gaieté de cœur, mais c’est souvent essentiel pour éviter des drames dont nous entendons parfois parler aux infos.
Vous savez à quel point ça peut être dur à vivre ?
Ce que les médias omettent souvent, par contre, ce sont les agressions verbales ou physiques que les travailleurs sociaux peuvent subir. C’est parfois très violent, c’est pour cela que ce métier use. Parce qu’il est en prise directe avec l’humain, qu’il exige que l’on sorte nos tripes parfois, qu’on se torture les méninges pour trouver des remèdes dans des situations complexes et que… la réponse que l’on apporte ne va pas toujours aux gens. Vous est-il déjà arrivé de devoir dire à quelqu’un en grande détresse que vous n’avez pas de solution pour lui ? Qu’il va devoir continuer ailleurs, parce que vous ne pouvez pas lui proposer ce qu’il attend de vous ? Vous avez une petite idée d’à quel point ça peut être dur à vivre ? Pour l’un comme pour l’autre ?
Parce que, malgré le fait qu’on en rêve toutes et tous, nous n’avons pas de baguette magique. Les réponses ne tombent pas toutes cuites dans notre panier. Nous avons beau être des pros de l’administration, nous connaissons toutes les stratégies pour obtenir des choses que d’autres pensaient impossible d’avoir. ous avons beau faire de notre mieux, nous restons des humains, face à des humains, et il arrive que tout craque, qu’on ne puisse plus, qu’on n’ait plus de solutions.
Matthieu nous plonge dans un univers différent : la Cour nationale du Droit d’Asile. Il raconte en tant que témoin un système juridique qui n’a pas de place pour les sentiments.
Un dernier cliché et je vous lâche : soit nous sommes des baba-cools je-m’en-foutiste, soit nous sommes des coincés du cul en tailleur strict. Je dois avouer, depuis que j’ai commencé ma formation, je n’ai croisé absolument aucun de ces deux spécimens, ni même jamais entendu parler. Alors je ne sais pas trop d’où ils sortent ! Si vous pouviez m’éclairer… Dans mes stages, j’ai le plus souvent croisé des gens biens et droits dans leurs bottes, avenants et prêts à beaucoup pour faire leur travail au mieux, qui se défoncent pour proposer un accompagnement digne et respectueux, au rythme des gens, fondé sur ce qu’on peut leur apporter et ce que eux peuvent nous apporter.
Le travail social, c’est …
Apporter des jouets à un enfant qui pleure en réunion.
Prendre un café avec une personne accompagnée pour prendre de ses nouvelles.
Sourire à l’accueil.
Etre conscient que tout n’est pas réparable.
Travailler avec l’imperfection, les nôtres et les leurs.
Se prendre la tête sur des complexités administratives.
Attendre des heures au téléphone pour obtenir un renseignement, un lit pour la nuit…
Converser avec des enfants, jouer avec eux.
Prendre le temps d’écouter et de conseiller les gens accueillis.
Organiser au mieux leur sortie du dispositif pour qu’ils prennent leur envol.
Un échange entre deux (ou plus !) humains qui, chacun à leur manière, peuvent apporter beaucoup l’un à l’autre.
Des petits moments qui font de grands bonheurs quand on y repense et que tout va mal.
Tellement de choses qui font le quotidien et auxquelles je ne pense pas de suite mais… la liste est encore longue !
Camille Cohendy, 25 ans, étudiante à Marseille, originaire de Clermont-Ferrand
Crédit photos Camille Cohendy
Jetée à la rue avec ma fille de 3 ans on m’a pas aidé quand j’ai raconté que j’etai battue la on est près à me prendre mon enfant si je quitte pas mon mari quand l’enfant est dans aucun danger et n’a jamais vu de tout cela mais quand j’ai dit je suis à la rue on m’a dit on peut rien faire pour vous, a éviter la question mais de plutôt parlé de mon enfant. Bien sur vous ete des voleur d’enfant à forcer des chose sur une personne « quitte ton mari ou on prend l’enfant », des putain de malade !!
Malheureusement il y a tout de même beaucoup de preuves de placements abusifs d’enfants…
Ce n’est pas pour rien que les familles en détresse font davantage appel aux forces qu’aux services sociaux lorsqu’elles ont besoin d’aide.
J’ai été victime de violence par mon mari, j’ai déposé une main courante, et plus aucune violence depuis.
Nous avons deux enfants bien éveillés, nourris, heureux, suivis médicalement quand nécessaire, font du sport, sont bien intégrés à l’école.. ayant de bons résultats scolaires… Bref tout roule et eux n’ont jamais rien subit.
Nous travaillons tous les deux mon mari et moi et nous sommes non fumeurs, non buveurs, pas drogués…Nous nous occupons tous les deux des enfants à tour de rôle (devoirs, bains…).
Seulement le service social du coin a mis son grain de sel, Il a prévenu un juge, qui a ordonné à la brigade de gendarmerie de faire une enquête. Une assistante sociale a été nommée pour s’occuper du dossier.
Depuis, c’est la psychose, j’essaie de me renseigner sur le net mais je trouve bien peu d’infos. Je vais subir une enquête, (quand ? comment ? aucune certitude, le flou absolu) et apparemment (j’attends de voir) beaucoup d’intrusions dans ma vie privée.
J’ai cru comprendre que maintenant on est également « fichés » au Conseil départemental.
J’ai la trouille qu’on m’enlève mes enfants, j’aurais aimé discuter avec une assistante sociale mais je n’ai aucune confiance, bien trop peur de me faire broyer par la Machine administrative.
Maintenant je ne peux qu’espérer que le personne qui s’occupe de mon « affaire » fasse son travail correctement, humainement et constate l’harmonie du foyer au lieu de le détruire par précaution.
Alors, je voudrais bien participer à la destruction des clichés sur les assistantes sociales.
Quelqu’un peut-il répondre à mes questions SVP ? :
– De quelles manière peut intervenir un assistant social ? Quels sont ses « pouvoirs » ?
– Les familles observées ont-elle le droit de lire les rapports les concernant ?
– Quelles sont les questions posées ?
– Y-a-il quelque chose qu’on peut faire pour les aider à faire leur travail, par ex leur transmettre certains documents ? (copies bulletins scolaires, photos des activités…?)
a ben moi qui croyais que babacool était une caricature réservée aux éduc spé !!!
Une éduc spé de Bretagne…..
J’ai connu et connais 7 assistantes sociales ( « de justice » ). 5 d’entre elles sont des glandeuses, des profiteuses, des colériques, des râleuses. Des trouilles. J’ai maintenant des préjugés sur les assistantes sociales.
Mea culpa ! Cela nous avait échappé, victimes nous aussi des clichés!
C’est corrigé.
La rédac de la ZEP
Le titre » AssistantE sociale » stop aux clichés. Et que fait-on des hommes qui exercent cette profession ?
Hello Camille,
J’suis entièrement d’accord avec toi et je te remercie pour ton témoignage.
Etudiante en 2ème année de formation, tout ce que je viens de lire me fait écho. Je n’ai qu’une chose à ajouter : C’est à nous d’optimiser nos pratiques afin de fermer le clapet des clichés ! Restons humbles, restons humains, bref, soyons heureux dans notre métier !
Un joli texte , bien écrit. .. Je m’y retrouve encore, après 13 ans à l’ASE et 15 ans de diplôme. ..
Juste un petit bémol sur le » voleuse d’enfant « : la décision de signaler à la justice est une décision d’équipe. .. mais la décision de placer n’appartient qu’au juge des enfants ou procureur … Nous n’avons pas ce pouvoir de décision. .. bien qu’il faille aussi avoir conscience du pouvoir dont nous disposons … et y travailler avec humilité. .. bref, nous ne sommes que les exécutants de la décision judiciaire. ..
Si évidemment c’est le juge qui prend la décision, sauf que c’est pas le juge qui suit la famille, va à domicile, observe, écoute, évalue, présente la situation à l’équipe, y pense de retour à la maison, la nuit, en priant le ciel que le gamin ne soit pas trop « abîmé », qui se pose plein de questions, a plein de doutes sur ce qu’il va préconiser au juge… celui ou celle qui fait tout ça c’est l’assistant(e) social(e).
Non pas forcément cela peut être un placement administratif par le Conseil Départemental, d’où évaluation de l équipe du service enfance
C’est la décision du juge mais sur base d’un dossier monté par une équipe composée d’AS et d’autres personnes. L’équipe a donc un certain pouvoir
Le juge il est mis au courant par qui? C’est pas le juge qui se réveille un matin et qui dit : tiens je vais choisir une maison au hasard et je vais lui retirer l’enfant.
L’AS et l’équipe pluridisciplinaire établissent une demande auprès du juge, pour que le juge prenne sa décision il doit s’en remettre au rapport de l’équipe… donc sans l’équipe le juge ne sait pas prendre de décision
Oh ben !! Je viens de répondre comme vous, sans avoir vu votre commentaire !! Lol
« La décision de retirer des enfants à une famille n’est pas uniquement celle de l’Assistante sociale mais celle de toute une équipe. » Euh… c’est pas surtout la décision d’un juge ?
J’ai partagé votre texte sur Facebook et sur des groupes FB de travailleurs sociaux et étudiants du secteur.
Très bien, beau témoignage. Juste une précision : assister ne signifie pas « faire à la place », mais aider, secourir, accompagner. Etymologiquement, assister vient de « ester », qui signifie d’abord « se tenir debout » : assister c’est soutenir, aider quelqu’un à se tenir debout. C’est le terme « assistanat », tardif (XXème siècle) qui vient faire dévier le sens, mais « assistant social » c’est être « accompagnant social », c’est tout faire pour que les personnes puissent rester debout. C’est pourquoi je préfère provoquer et affirmer : « Vive l’assistanat ! » (dans « Le Monde ») :
http://lemonde.fr/idees/chronique/2011/06/10/vive-l-assistanat_1533591_3232.html