J’assume d’être queer sur les réseaux
J’ai commencé à me questionner sur mon genre et ma sexualité quand j’ai découvert les réseaux sociaux. Avant d’y être, mon entourage proche (famille, amis) ne faisait pas du tout partie de la communauté LGBTQI+, et ce genre de sujet n’était pas souvent évoqué. Je me posais déjà certaines questions sur qui j’étais, mais je n’avais pas forcément toutes les réponses. « Est-ce que je suis vraiment une fille ? » ; « Pourquoi je ne suis pas comme tout le monde ? »
J’ai utilisé les réseaux pour de vrai en cinquième, et plus spécifiquement Instagram. J’y ai découvert des comptes spécialisés sur la communauté LGBTQI+ comme @paint. Grâce à ça, j’ai découvert que je n’étais pas seul à ressentir ce genre de choses en moi. J’ai aussi pu répondre à d’autres questions sur mes sentiments amoureux et sexuels comme : « Pourquoi je ne ressens aucun sentiment amoureux envers les autres ? » ; « Suis-je gay, bi ou autre ? » Mais aussi sur le spectre du genre en lui-même, et le fait qu’il y ait des pronoms comme iel (le plus connu et utilisé) ou encore ael pour les personnes qui ne se définissent ni comme hommes, ni comme femmes.
Tout simplement moi, membre de la communauté LGBTQI+
J’ai également découvert beaucoup d’amis de divers horizons qui sont comme moi, me comprennent, m’aident et me soutiennent dans mes choix. Rien que dans le fait d’utiliser les bons pronoms pour me genrer (il et iel pour ma part), de ne pas utiliser mon deadname [prénom de naissance d’une personne trans, ndlr] et donc de m’appeler Charly ou Blair, des noms qui me mettent plus à l’aise avec moi-même. Ou tout simplement en me disant que je suis légitime d’être moi et de faire mes propres choix.
Manon et ses ami·e·s sont LGBTQI+. Leur amitié leur permet de se sentir plus fort·e·s pour affirmer leurs identités et lutter contre les discriminations.
Je pense que je m’assume pleinement sur les réseaux et avec mes amis proches depuis le milieu de la quatrième. Maintenant, Instagram me sert à parler avec mes amis, à en découvrir d’autres, et à poster des photos avec ma tête (je ne suis pas du tout narcissique). Mais ça me sert aussi à aider des personnes comme moi qui se posent des questions sur elles-mêmes en partageant des posts en Stories sur le coming-out, la santé mentale et des choses plus politiques comme le féminisme, ou les droits des personnes LGBTQI+. Parfois, j’ai des conversations avec ces personnes-là sur certains de leurs questionnements et sur mon propre vécu.
Le coming-out, plus simple sur les réseaux
Je trouve que le coming-out sur internet est plus simple que dans la vie réelle, parce qu’il n’y a pas de face à face avec la personne en question. Tu es libre de dire ce que tu veux. Et si la personne n’est pas contente ou tient des propos haineux en retour, je peux la bloquer sans avoir peur de la suite. Car, pour ma part, ça ne m’atteint pas personnellement. Un jour, j’ai posté une vidéo de la Pride de Paris de 2021 et une personne a écrit un commentaire non constructif et quelque peu haineux. Je lui ai répondu sur le ton du sarcasme. Son discours ne m’a pas touché, c’était juste un anonyme de plus sur les réseaux qui ne savait pas comment évacuer sa colère, et l’avait donc répandue sur cette publication sans raison apparente.
Aujourd’hui, je sais mieux qui je suis. Je me sens agenre, aromantique et pansexuel. Certains amis proches sont informés, mais je n’ai toujours pas la force de le dire à mes parents. Je ne sais pas comment ils peuvent réagir et cela me bloque énormément. Cela fait toujours un choc quand un enfant dit à ses parents qu’iel est trans et mes parents ne sont sûrement pas les plus ouverts d’esprits à ce changement je pense. Leur regard est beaucoup plus dur à supporter que celui d’un simple anonyme sur les réseaux.
Charly, 15 ans, lycéen, Paris
Crédit photo Pexels // CC Ivan Samkov
QUEER [kwiʁ] adj.
1. Queer est le terme utilisé pour qualifier toute personne qui se situent en dehors de l’hétérosexualité, de la vision binaire homme/femme, ou toute personne qui ne souhaite pas mettre d’étiquette sur son identité de genre ou son orientation sexuelle.
2. À l’origine, le terme queer est un mot anglais qui signifie « bizarre ». Il était utilisé comme une insulte homophobe, qui a finalement été reprise dans les années 1990 par les personnes LGBTQIA+ pour « affirmer leurs différences à la norme ».
Une galaxie LGBTQIA+ sur les réseaux
Grâce à l’audience que leur offrent les réseaux sociaux, des membres des communautés LGBTQIA+ usent de leur créativité pour toucher un large public sur des thématiques qui les concernent. C’est le cas des comptes Instagram @paint, @fraiches,@queereducation, @agressively_trans, ou @xymediafr, le « premier média transféministe audiovisuel en France ».