Guillaume G. 07/10/2021

À la campagne, un scooter c’est la base

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Comme beaucoup de jeunes vivant en zone rurale, Guillaume veut un scooter pour être enfin autonome. Mais ses parents refusent : trop risqué. 

Avoir un scooter est une responsabilité importante, je le sais. Mais en avoir un me permettrait de me déplacer plus facilement et rapidement. Ici, il n’y a pas d’alternative. La distance à parcourir est trop importante pour un vélo, et aucun bus ne passe dans mon village. Il n’y a aucun commerce à moins de vingt kilomètres de chez moi. Je n’ai vraiment pas d’autre solution.

Un mardi, il est 20 heures : c’est l’heure du repas. Je demande à mes parents de m’acheter un scooter. Cette idée m’est venue de mes amis qui en auront un d’ici un an… À ce moment-là, je n’ai pas d’idée de modèle et je me fiche du prix… Tant que je peux me déplacer ! 

Un non catégorique et non-négociable

Mes parents m’ont donné la réponse à laquelle je m’attendais : un non catégorique !

Je pense que leur réponse est fortement liée à un événement qui a eu lieu cinq ans auparavant : le décès de mon cousin, d’un accident de la route justement. Un accident plus que banal, où il a juste dévié dans le fossé sans raison apparente. Ça m’a marqué, mais pas au point de me décourager de vouloir grimper sur un scooter ! Un accident, ça n’arrive jamais à cause de la machine, c’est forcément le conducteur qui est en tort. Moi, j’ai juste à être prudent… 

On a juste à avoir une connaissance de la route et, avec de l’expérience, on peut tout conduire. Je comprends que mes parents aient peur. Ils n’ont pas forcément connaissance de comment je vais conduire, et ils ont peur de l’environnement : les automobilistes sur leur téléphone, les apprentis conducteurs… Mais je suis responsable ! 

Pas envie d’être un poids pour mes amis

J’ai essayé de leur expliquer mon point de vue, que ma vie serait plus simple en tout point : les déplacements, une économie de temps… Même le carburant leur reviendrait moins cher… Ça me ferait prendre conscience des dangers de la route. Ça me ferait ressentir que mes parents me font confiance. Ça ne me serait que bénéfique car, dans tous les cas, je passerai le code plus tard pour mon permis voiture. J’éviterais de les embêter pour qu’ils m’emmènent voir mes amis au Châtelet ou aux Écrennes. Tout ça, sur des routes très peu dangereuses, avec très peu de circulation. 

Se déplacer à la campagne quand on n’a pas son propre véhicule, c’est la galère : les transports en commun sont rares, voire absents dans la plupart des zones rurales de France. C’est le constat fait par Ouest-France, d’après une étude menée en 2019 par l’Autorité de la qualité de service dans les transports.

Mais le résultat est le même : un non catégorique à chaque discussion et, parfois, des réponses injustifiées. C’est soit disant trop dangereux et je n’ai pas l’âge. Les parents de mes amis, eux, ont accepté sans hésiter, et je ne sais même pas pourquoi. Puis, je n’ai pas envie d’être le poids de mes amis, je n’ai pas envie qu’ils soient mes larbins, d’être le gars qu’il faut à tout prix aller chercher pour le déposer quelque part. 

Toujours les mêmes excuses

Je demande souvent à mes parents de m’emmener, mais ils ont toujours une excuse : le travail, les travaux à la maison, etc. Toujours quelque chose à faire. C’est un sujet de dispute ! Un jour, je leur ai simplement demandé de m’emmener au Châtelet pour aller voir mes amis, et manger un McDo. Tout ça, à 21 kilomètres. Il s’en est suivi un discours gigantesque, comme quoi ils n’avaient pas que ça à faire. On était tous en vacances, moi comme mes parents. Ils m’ont dit : « Tu ne peux pas comprendre, la voiture c’est chiant… Les trajets sont longs… L’essence ça coûte cher. » Et ce, tout le long. Des excuses pas valables. Ça m’énerve. Je demande juste à voir mes amis. 

Audrey a aussi grandi à la campagne, avec peu de transports en commun. Elle, ce n’est pas un scooter qu’elle attendait avec impatience, mais son entrée à la fac et son déménagement : direction la grande ville, Rennes !

C’est tellement constant ces réponses incohérentes que je n’ose même plus demander… Sans scooter et sans moyen de déplacement, je joue pour passer le temps et je fais ça depuis trois ans. 

Je me suis résigné quant au fait que je n’aurai jamais de scooter, pour une seule et bonne raison, une seule et unique phrase venant de ma mère : « Tant que tu seras sous MON toit, aucun deux roues ne sera accepté. » J’espère que pour mon permis, ça ne sera pas la même bataille… 

 

Guillaume, 13 ans, collégien, Échouboulains

Crédit photo Unsplash // CC Kumpan Electric

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