Dylan T. 24/12/2022

Chez moi, pas de Noël

tags :

Quand Noël approche et que les décorations illuminent la ville, Dylan se sent un peu en décalage. Chez lui, c'est un jour comme les autres.

Chez nous, enfin dans ma famille, on ne fête pas Noël parce que c’est interdit. Ce n’est pas vraiment un jour qu’on attend avec impatience comme on voit partout à la télévision. Ce jour-là, c’est un jour comme les autres, ou comme un week-end pour moi. On est à la maison, c’est tout. On ne fait rien de spécial.

Dehors, quand Noël arrive, je peux voir des décorations partout dans la ville, dans les vitrines des magasins, et parfois aux balcons des maisons. Il y a des guirlandes, tout est illuminé. En vrai, je ne sais pas dire si ça me dérange ou pas. Le soir, quand il fait nuit, je ne peux pas m’empêcher de trouver ça assez joli, toutes ces couleurs et ces lumières. Mais je ne le dis à personne, et surtout pas à ma famille. Chez moi, Noël, on n’en parle surtout pas !

Des cadeaux de Noël jusqu’au collège

On dit qu’à Noël, on reçoit des cadeaux. Petit, ça pouvait m’arriver. Je pouvais recevoir des surprises, mais maintenant j’ai compris que ça n’était pas très normal. Ma famille faisait juste ça pour me faire plaisir. Ces cadeaux surprise ont cessé à partir du collège. Je ne reçois plus rien. Pour moi, c’est quand même un peu étrange. Ça me rend triste. Je sais que Noël est liée à la religion des chrétiens. Dans ma famille, nous sommes musulmans. Mais je sais aussi que beaucoup de familles ne sont pas du tout attachées à cette religion, certaines ne croient en aucun dieu, ou à d’autres dieux, et leurs enfants reçoivent quand même des cadeaux. Alors pourquoi pas moi ?

Les seuls moments où je reçois des cadeaux, c’est parfois pendant l’Aïd et le jour de mon anniversaire. Le jour de l’Aïd, je reçois de l’argent, un peu comme tous les enfants musulmans mais, contrairement à eux, je reçois une petite somme d’environ 10 euros, maximum 20. Les autres enfants de mon quartier obtiennent plus de 100 euros. Le jour de mon anniversaire, il arrive que je reçoive un jeu à maximum 15 euros ou de l’argent. Je trouve ça peu, mais je n’ose pas en parler avec ma mère, elle fait ce qu’elle peut. Au foot, j’entends les autres parler de ce qu’ils auront le soir de Noël. Alors, je me dépêche de rentrer vite chez moi parce que le sujet me met mal à l’aise.

Comme un enfant dans les pubs

En fait, et de loin, mon meilleur cadeau a été la PS4 ! Avant cela, j’avais reçu la PS3. En partant au magasin, ma mère a vu une console moins chère et sans connaître la différence entre la «4» et la «3», elle avait pris la PS3. J’étais un peu déçu, mais dès que j’avais branché la console, j’avais ressenti une excitation et un stress en même temps, une joie intense de jouer à ma première console. J’ai joué, joué, joué ! Même si ça peut paraître bizarre, j’avais le sentiment qu’il fallait en profiter, que ça faisait des années que j’avais attendu ce moment. Plus tard, quand j’ai eu la 4, j’étais comme les enfants qu’on voit dans les publicités à la télé et qui paraissent vraiment très contents d’avoir une surprise. Et bien là, c’était moi. J’étais excité, et très heureux !

Je jouais tout le temps, à des jeux comme Saint Seiya, Call Of Duty: Modern Warfare 2 et 3, Dragon Ball Z Budokai Tenkaichi 3 et 4 avec mon frère, Need For Speed: Most Wanted, Fifa Street et pour finir Uncharted 3. J’ai vraiment aimé cette époque, et j’avoue que ça me manque un peu. J’aimerais me dire que, moi aussi, je vais recevoir des chouettes cadeaux, des objets connectés, des choses qui vont me plaire. Mais je sais que le 25 décembre, chez moi, il ne se passera rien.

Cette période de Noël, j’ai appris à l’accepter. L’année dernière, les surveillants de mon collège se sont habillés avec des gros pulls rouges où il y avait des pères Noël. Tout le monde trouvait ça nul mais, moi, ça m’a quand même fait rire.

Dylan, 14 ans, collégien, Villiers-le-Bel

Crédit photo Unsplash // CC Alex Plesovskich

Partager

Commenter