Marie B. 01/10/2021

La pression à être hétéro m’a fait douter de mon coming-out

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Compliqué pour Marie d’accepter son orientation sexuelle quand sa famille considère que ce n’est qu’une « phase » et que ses ami·e·s sont bourr·é·s de clichés.

« Wesh quel bail chacal ? Ne me dis pas que tu commences à avoir un crush sur elle. De toute façon ce n’est pas possible lol, t’es hétéro. » Tous les jours, je me persuadais que je n’aimais pas cette fille et que mes sentiments envers elle n’étaient que de l’amitié. Mais mon attirance pour elle était trop forte. Il était donc temps d’arrêter cette phase de déni. C’était en cinquième, je devais avoir 12–13 ans.

C’était une fille de ma classe avec qui je m’entendais très bien. Elle et moi étions devenues de très bonnes amies dès notre première rencontre. Plus les jours passaient, plus l’envie d’être avec elle grandissait. Avant de tout lui avouer, je voulais en parler avec ma tante. Je savais bien qu’elle n’allait pas sauter de joie face à ces aveux. Elle a remis en question mon orientation, à me dire que ce n’était qu’une phase, que tout le monde passait par là. Malgré ses remarques, j’étais quand même prête à avouer à cette fille ce que je ressentais.

À ma grande surprise, c’était réciproque.

« Du coup ça va être plus simple pour toi de trouver quelqu’un »

La plupart de mes ami·e·s étaient au courant du fait que je ne sois pas hétéro et l’ont plutôt bien pris. Mais ils ont commencé à faire des remarques « clichés », du genre : « Du coup, ça va être plus simple pour toi de trouver quelqu’un » ; « Ptdr, tu vas la tromper facilement ! »

Les remarques que m’avait faites ma tante ont refait surfaces et des millions de questions sur moi-même sont apparues. Résultat, rien ne s’est passé entre elle et moi parce que j’avais peur et que je me disais que j’étais trop jeune pour savoir. Au final, peut-être que ma tante avait raison. La fille a finalement assez bien réagi. À cause de ça, j’ai eu beaucoup de mal à en parler avec un membre de ma famille.

Cette année, j’ai finalement décidé de le dire à mes parents parce que la « pression » devenait trop grande. Et le fait que ma mère me pose toujours la fameuse question « alors, avec les garçons comment ça se passe ? » m’énervait.

J’évite d’en parler parce que ça installe des blancs

Lorsque je leur ai avoué mon orientation sexuelle, j’avais assez peur de leur réaction. Mais finalement, ça s’est assez bien passé. Disons que ma mère était contente pour moi et que ça ne changeait rien. Cependant, mon père a eu la même réaction que ma tante.

Nos proches devraient nous aider face aux regards des autres, pour affirmer nos identités et lutter contre la discrimination. Ce safe space, Manon l’a trouvé dans sa bande de potes.

On a été en froid pendant un petit moment, mais rien de dramatique. Maintenant, j’évite d’en parler parce que ça installe des blancs. Mais bon, au moins mes parents le savent. Je suis comme ça, et voilà.

 

Marie, 16 ans, lycéenne, Paris

Crédit photo Unsplash // CC Anna Schvets

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