Marie B. 10/07/2023

Entre copines, on n’ose pas parler de sexe

tags :

Marie parle facilement de sexe en famille. Mais quand il s'agit d'avoir ces discussions avec des filles de son âge, c'est une autre histoire.

Un samedi soir, mes potes et moi décidons d’aller dîner et boire un verre. Lorsque l’on boit, on parle de tout et de n’importe quoi. Par exemple de notre sexualité, de nos relations, de nos envies.

Ce soir-là, on parlait de nos fantasmes : avoir une relation sexuelle dans une cabine d’essayage, sur une montagne, dans une salle de cinéma… Bref, dans les lieux publics. C’était une conversation ouverte, fluide, sans gêne, sans timidité.

Dans ce groupe, nous sommes deux filles et deux garçons, ce sont des conversations qu’on a souvent. En discutant, on s’informe, on échange des avis. J’en apprends plus sur mon corps, je découvre ce que j’aime et ce que je n’aime pas.

Un tabou réservé aux filles

J’ai deux groupes d’amis qui ne se mélangent pas. Dans l’autre groupe, il n’y a que des filles. Lorsque j’aborde ce genre de sujets avec mes copines, ça les dérange.

Elles sont nerveuses, gravement gênées, angoissées. Avec les filles, on dirait qu’il y a un mur, des jugements, de la peur. Quand tu commences à parler de sexe, elles te regardent mal, elles trouvent ça sale, tu vas être mal vue. Alors, elles vont te rabaisser, te faire une réputation, te dénigrer, te juger, penser que tu es une « pute ». Ça ne devrait pas être le cas.

Une copine à moi a eu une mauvaise réputation après avoir parlé de sexe à ses camarades. Elle m’a dit qu’ils avaient arrêté de traîner avec elle à cause de ça. Pourtant, un garçon qui en parle à haute voix, lui, ne sera pas jugé. Ça paraît normal car ce sont des hommes.

Une fois, j’ai parlé de la pénétration à une des mes copines. Elle m’a dit : « T’es bizarre toi » ; « Tu parles de ce genre de choses » ; « Je te connaissais pas comme ça. » Elle a fait une de ces têtes… J’avais l’impression qu’elle était intimidée. Ça se voyait sur son visage qu’elle avait honte quand je parlais de ça, donc elle a essayé de changer de sujet. Pourtant, je sens que c’est important pour moi de pouvoir discuter entre filles/femmes de sexualité.

Être libre d’en parler à voix haute

J’ai appris à parler de sexe sans gêne grâce à mes parents et mes grands frères. Chez moi, c’est un sujet dont on parle tout le temps. Au début, j’avais du mal à m’ouvrir à mes parents sur ma vie sexuelle, mais le fait de me poser des questions m’a mise à l’aise. Je leur ai même parlé de ma première fois. C’était trop bien, c’est très rare de voir une famille africaine parler de sexe à ses enfants, et de leur donner des conseils.

Anne-Marie regrette que les filles n’osent pas parler de sexualité. Alors, depuis la quatrième, elle tente de briser le tabou.

Capture d'écran de l'article " Sexualité : à 13 ans, je parle de sexe sans tabou" illustré par une photo : deux filles discutent devant bâtiments. C'est la tombée de la nuit, elles portent des vestes noires.

La première fois que j’en ai parlé sans être jugée, c’était à mon frère. J’avais 12 ans. On parlait du sexe d’un homme, des spermatozoïdes, de comment éviter des grossesses… J’ai trouvé ça cool ! Il ne m’a pas du tout demandé pourquoi je voulais savoir des choses là-dessus. Il a juste dit, en rigolant : « Marie est grande maintenant. »

Le sexe ne devrait pas être un sujet honteux ou gênant, au contraire, on devrait en parler plus souvent à voix haute.

Marie, 18 ans, lycéenne, Villepinte

Crédit photo Pexels // CC Ron Lach

Partager

Commenter