Abdel S. 09/03/2021

Couvre-feu : en famille dans un 50 m2, je craque

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Entre mes petits frères qui font du bruit, mon stage annulé et ma salle de boxe fermée, sortir n'est pas une option.

Je ne respecte pas trop le couvre-feu car, des fois, je finis les cours à 17 h 30 et quand je rentre il est 18 heures passées. Après, j’ai besoin de sortir pour voir mes potes et tout. Quand je sors, je reste dans ma cité, surtout dans mon bâtiment… À cause du couvre-feu, on ne peut plus aller manger au grec et au Quick : c’est chiant, on ne peut plus rien faire. Et comme on est en hiver, dehors il fait trop froid pour sortir. Avec ces horaires, on dirait qu’on est des prisonniers qui avons le bracelet électronique. Comme eux, si on ne respecte pas ces horaires, on sera sanctionnés.

Depuis le premier confinement, j’ai pris trois amendes. Une parce que je n’avais pas le masque dans la rue, une autre parce que j’étais sorti pendant le confinement. Et la dernière fois, je suis rentré des cours, il faisait nuit, je suis sorti en bas de mon bâtiment. J’étais avec mes potes… et je me suis pris une amende. Eux, ils ont couru, mais moi, comme j’ai une malformation à la jambe, je ne cours pas vite. Du coup, je me suis fait attraper.

C’est moi qui paie mes amendes. Ma mère ne me dit rien… puisque c’est moi qui paie.

Je ne vais nulle part…

C’est parce que chez moi, ça fait cinquante mètres carrés, c’est petit… Il y a trois chambres, et on est six. Mes petits frères crient, ils font du bruit quand ils jouent… Des fois, carrément, ils jouent au foot dans le couloir qui ne fait même pas deux mètres. Du coup, ça me saoule, j’ai besoin de sortir ! Le couvre-feu, ça rend fou, alors je sors quand même.

Pour Wissem aussi, vivre avec la Covid-9 et respecter les règles sanitaires est difficile. C’est le port du masque qui lui pèse le plus : porté toute la journée, il a bouleversé son quotidien de collégien.

Normalement, je devais faire un stage dans une classe d’un autre établissement et, à cause des mesures sanitaires, ça ne va sûrement pas se faire. Je m’en fous parce que je n’ai pas envie là. J’ai envie d’arrêter les cours même. Parce que là, ça ne m’apporte rien, je ne vais nulle part.

En plus, je fais de la boxe à Villejuif et on avait repris depuis même pas deux semaines que Macron a interdit le sport en salle. Du coup, je fais même plus de sport et on ne peut plus se dépenser. À la place, je fais des pompes et des abdos, chez moi, dans ma chambre.

 

Abdel, 16 ans, lycéen, Villejuif

Crédit photo Pexels // CC Cottonbro

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