Juliette R. 18/02/2022

Faute de salle à Lyon, je danse dans la petite ville d’à côté 

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La danse est la passion de Juliette, mais pour s'entraîner elle a besoin d'une salle à un prix abordable. Et même à Lyon, c'est impossible à trouver !

Il y a deux ans, j’ai commencé à danser. Cette nouvelle occupation a pris une grande place dans ma vie et est vite devenue une passion. Je passe la plupart de mon temps libre à danser : du contemporain, de la pop musique… Peu importe le style de danse, tant que mon corps est en mouvement, je me sens libre et invincible.

La majorité du temps, je travaillais la danse seule : mon miroir dans ma chambre et mon enceinte me suffisaient largement à progresser. Mais, au bout d’un moment, mon miroir commençait à devenir petit et ma chambre, pas très grande et partagée avec mon frère, me paraissait aussi toute petite par rapport à la taille de ma passion.

J’ai donc décidé de me mettre à la recherche d’une salle de danse, une vraie, comme dans les films. Habitant à Lyon, ça ne me paraissait pas très compliqué.

Des tarifs beaucoup trop élevés

Mes parents étaient très à l’écoute, ils m’ont aidée à chercher. Mais les résultats n’étaient pas du tout à la hauteur de mes espérances. Nous avons commencé par appeler des salles de danse, mais les tarifs étaient beaucoup trop élevés pour notre famille de classe moyenne, et encore plus pour une fille de 14 ans qui n’a pas de revenus. Environ 30 euros de l’heure pour une personne n’était pas un tarif imaginable pour nous.

Très motivée, j’ai donc eu l’idée de contacter les MJC (maisons des jeunes et de la culture) de Lyon. Ma mère et moi avons eu l’idée d’aller voir la mairie de Lyon pour qu’ils nous disent s’il était possible d’avoir une salle pendant les heures non utilisées. Même juste une heure par semaine aurait été magique pour moi, mais les personnes s’occupant de ça m’ont dit que c’était impossible. Je ne sais même plus pour quelles raisons. Ils m’ont juste pris pour une gamine capricieuse qui voulait une salle de danse pour elle toute seule. Mes attentes étaient peu à peu détruites par le manque de compréhension du monde qui m’entourait.

Je peux y aller quand je veux !

Pas très longtemps après, ma cousine habitant à quarante-cinq minutes de Lyon, m’a dit qu’une amie lui avait parlé de la MJC de sa petite ville qui a des salles de danse avec miroirs à disposition. J’étais super contente pour elle, mais je me suis demandée comment une petite ville comme celle-ci pouvait avoir les moyens d’offrir cela aux jeunes. Alors que Lyon, une des plus grandes villes de France, était dans l’incapacité de le faire.

Étant très proche de cette cousine, j’ai vite eu l’occasion de visiter cette fameuse MJC. La première fois que je suis entrée dedans, c’était pour un stage de danse. Les personnes étaient tellement agréables et les salles si belles, j’étais émerveillée ! Je m’y suis inscrite pour 9 euros l’année et je peux y aller quand je veux ! La réservation des salles n’est même pas nécessaire.

Comme Juliette, Isaïe se sent libre quand il danse. « La danse, c’est pour les filles ! » ; « Tu ne pourras jamais en vivre »… Malgré les critiques, il se bat pour pouvoir pratiquer sa passion et en faire son métier.

Homme qui danse sur une place au milieu d'un public

Aujourd’hui, je viens dès que je peux, souvent le mercredi après-midi ou le samedi… Bien sûr, c’est un peu loin. Je fais presque une heure de trajet (vingt minutes de train, plus trente minutes de marche) pour y aller, et le train a un budget de 8 euros aller-retour. Mais, quand je viens, c’est pour une demi-journée ou une journée entière, donc ce n’est pas si important et je sais que cette possibilité est juste incroyable.

C’est dommage que ce ne soit pas accessible partout

Évidemment, nous ne sommes pas toujours tout seul dans les salles, mais ça ne me dérange pas. Au contraire, je peux échanger avec d’autres personnes qui ont la même passion que moi et nous pouvons nous donner mutuellement des conseils pour progresser. J’ai rencontré beaucoup de personnes là-bas et cela m’a permis de faire plusieurs projets, comme par exemple créer un groupe de danse ou des chorégraphies à plusieurs. La MJC nous offre aussi l’accès à une scène et organise beaucoup d’événements pour nous.

Je suis très heureuse d’avoir un endroit comme celui-ci à disposition. Cependant, je trouve cela dommage que ce ne soit pas accessible partout et qu’il faille aller aussi loin. J’espère aussi que, bientôt, il y aura plus de lieux comme cette MJC en France, car je pense que nos passions nous aident beaucoup à évoluer et à être heureux dans notre vie.

Juliette, 14 ans, collégienne, Lyon

Crédit photo Pexels // CC Budgeron Bach

 

L’inégal accès aux pratiques sportives

Le sport reflète les inégalités de revenus

93 % des personnes à haut revenus (plus de 3000 euros/mois) pratiquent une activité physique, contre 65 % chez celles et ceux qui gagnent 1500 euros ou moins. La cause principale de cet écart : le prix des licences et de l’accès aux salles de sport.

Les inégalités sont aussi territoriales

Les infrastructures sportives sont réparties de manière inégale en France. Elles sont par exemple moins nombreuses dans les quartiers prioritaires, alors que la concentration d’habitant·e·s y est plus importante.

L’école peut diminuer cet écart 

Faire du sport à l’école, c’est gratuit. Pas de licence à payer, pas de matériel à acheter, pas de frais de transport… Bref, on aurait tout intérêt à mettre l’accent sur le sport à l’école pour que tou·te·s les enfants y aient accès.

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