De plouc à fier d’être breton
J’ai longtemps été envieux des Parisiens. Toutes ces salles de cinéma « art et essai », ces musées, ces monuments éparpillés dans la capitale dont ils peuvent profiter. Moi à côté, j’avais l’impression d’être un plouc ! J’étais persuadé qu’ils étaient bien plus heureux que moi.
Cette idée a été renforcée après la rencontre d’une fille sur Twitter. Elle habitait en proche banlieue, du côté de Courbevoie. J’étais persuadé qu’elle menait la vie dont je rêvais : marcher sur les Champs-Élysées quand elle en avait envie, visiter le Louvre, boire un verre en terrasse ou voir de vieux films de Godard qui ressortent en salle.
Si elle avait voulu, elle aurait même pu suivre une licence de cinéma. Pour moi, c’était exclu : en Bretagne, je n’ai pas trouvé de formation dédiée au septième art, ma passion, dans laquelle j’aurais pu me projeter. Si seulement mon père avait choisi de s’installer à Paris quand il est rentré du Canada, il y a plus de vingt ans. Si seulement je n’étais pas né à Lorient, ce trou paumé ! Du moins, c’est ce que je pensais avant de goûter à la vie parisienne.
« La mer me manquait »
C’était l’année de mes 18 ans. La fille de Twitter m’a invité à passer quelques jours chez elle. Je me suis acheté un billet de train avec mes économies. Lorsque je suis arrivé gare Montparnasse, j’ai été surpris de voir autant de personnes dans le même périmètre ! C’était la première fois que je me perdais dans une gare. Ça n’aurait jamais pu m’arriver à Lorient ! J’ai fini par trouver la bonne sortie, on s’est retrouvés avec la fille et on a sauté dans un Uber. Les bouchons ont du bon ! Ils m’ont permis d’admirer les bâtiments haussmanniens.
Pendant une semaine, je me suis promené le long de la Seine en trottinette électrique, j’ai dîné dans des restaurants jusqu’à pas d’heure, j’ai visité le Louvre et la tour Eiffel, j’ai passé du bon temps dans une grande salle d’arcade… Bref, j’ai fait plein d’activités que je n’aurais jamais pu faire en Bretagne. J’aurais aimé prolonger mon séjour mais il a fallu rentrer.
Durant le trajet retour, j’ai réalisé que la mer me manquait. Des Parisiens font des centaines de kilomètres chaque été pour voir l’océan alors que moi, je peux presque l’apercevoir depuis ma fenêtre. J’ai compris que la vie en Bretagne n’était pas si terrible ! Du haut de mes 22 ans, je ne me vois pas finir ma vie à Lorient : j’ai envie de voyager et de découvrir le monde. Mais aujourd’hui, je n’ai plus honte d’être qui je suis. J’ai même appris à aimer cette météo ambivalente. Elle est à l’image de l’idée que je me fais de la vie en Bretagne.
Valentin, 22 ans, en formation, Lorient
Crédit photo Unsplash // CC Nerea Martí Sesarino
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