Ilay H. 19/06/2025

Décontamination en cours

tags :

Pendant des années, le trouble obsessionnel compulsif de la contamination d'Ilay l'a cloîtré dans sa chambre. Il se sentait incapable de supporter le contact avec les autres. De l’arrêt du lycée aux gestes barrières salvateurs du Covid, il revient de loin.

J’ai besoin que tout soit absolument propre autour de moi. Je suis plus que maniaque. En fait, j’ai un trouble obsessionnel compulsif (TOC) de la contamination depuis mes 16 ans. À cause de ce TOC, j’ai énormément de mal à sortir. À tel point que j’ai dû arrêter l’école pendant un temps. 

J’avais peur d’être contaminé par la « saleté » des autres. Mon quotidien se passait exclusivement dans ma chambre. Je mangeais dans ma chambre. Je travaillais dans ma chambre. Je jouais dans ma chambre.

Ça m’a beaucoup isolé de ma famille. Je ne voulais pas avoir de contact avec qui que ce soit. Avec ma sœur, ça nous a beaucoup éloignés. Lorsqu’elle s’approchait de moi, même à un mètre, je lui demandais si elle ne m’avait pas touché. Je ne voulais même pas qu’elle s’asseoit à côté de moi ou qu’elle me fasse un bisou. 

Trop sale 

Les seules fois où je sortais de chez moi, c’était parce que mes parents m’y poussaient pour des rendez-vous importants. Chaque fois que je mettais un pied dehors, je me sentais souillé. Une fois rentré, je prenais directement ma douche et mettais mes affaires au sale. 

Au fil des années, mon état s’est empiré. J’ai arrêté d’aller au lycée parce que je ne pouvais pas prendre les transports en commun. 

Grâce à un pédopsychiatre spécialisé dans le TOC, j’ai pu réussir à surmonter mes peurs et à chasser les mauvaises pensées. J’ai pu recommencer mon année de première. Mes parents avaient obtenu un taxi conventionné qui me déposait et me récupérait tous les jours à la sortie du lycée. 

Au début, c’était un peu difficile à cause de l’environnement « sale » du lycée (les toilettes, les salles de classe). C’était aussi compliqué parce que les élèves ne comprenaient pas forcément pourquoi ils ne pouvaient pas me toucher, me faire des checks… 

« Le Covid, une aubaine ! »

L’année d’après, il y a eu le Covid. Une aubaine ! Les masques, les gestes barrières… L’environnement était bien plus favorable pour moi. Le confinement a été une bonne période. J’étais à l’écart des gens et de l’extérieur. Malheureusement, ne pas être confronté à ma peur m’a fait reculer. J’ai de nouveau eu peur des autres. 

Malgré ça, j’ai pu reprendre une scolarité normale et décrocher mon bac après la fin du Covid grâce à des psychologues. Je vais beaucoup mieux. Je me lave beaucoup moins les mains. L’extérieur ne me fait plus peur. J’ai même pu surmonter ma plus grosse peur en prenant le RER pendant six mois pour une formation. 

Ilay, 22 ans, en recherche d’emploi, Essonne

Crédit Photo Unsplash // CC Rendy Novantino

 

À lire aussi…

Le poids du confinement, par Aïssa, 17 ans. Prise de poids, harcèlement, complexes. Cinq ans après le confinement, il est encore marqué par le souvenir de cette période.

Partager

Commenter