Halima S. 19/03/2024

Des infos en boucle à la télé

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Halima trouve que les infos à la télé française ne reflètent pas la réalité de ce qui se passe dans le monde. C’est sur Instagram qu’elle se rend pour tenter d’en savoir plus sur les conflits actuels en Palestine et au Congo, notamment.

Quand j’allume la télé et que je regarde BFM ou encore CNews, je vois toujours les mêmes choses. L’Ukraine, les abayas à l’école et les agriculteurs en colère qui manifestent pour leurs droits, comme si le monde tournait autour d’eux. Plus besoin d’allumer la télé puisque c’est toujours les mêmes sujets qui reviennent sans cesse !

En rentrant de l’école, à 18 heures, avant d’aller me reposer dans ma chambre, je fais un tour au salon seulement illuminé par l’écran de la télé. La plupart du temps, il est vide à cette heure-là. Mes frères sont au foot, mon père est absent. Il n’y a que ma mère, et elle est presque tout le temps au téléphone avec ma famille.

Je vois juste des personnes qui débattent sur les mêmes sujets. Toujours. Des hommes blancs plutôt âgés qui viennent de milieux favorisés. « C’est toujours la même chose ! » C’est que je dis à ma mère qui me regarde d’un air plutôt compréhensif mais sans plus.

« Des personnes auxquelles je peux m’identifier »

Je pars ensuite dans ma chambre pour me poser sur mon lit et j’ouvre Instagram. C’est l’opposé de ce que je vois sur la télé. Là, il y a une diversité de personnes auxquelles je peux m’identifier : des étudiants tels que @studygram_mthld, engagée dans l’éducation, des journalistes comme @hugodecrypte, qui présente l’actualité internationale ou @brutofficiel qui fait des interviews. Instagram, lui, connecté au monde entier, reflète les atrocités qui se passent dans le monde.

Finalement, à la télé, tout est ciblé sur les mêmes pays : France et Ukraine. Mais la question qui me trotte toujours, c’est : « Que se passe-t-il de l’autre côté du globe ? » Dans les pays reculés, les plus défavorisés sont généralement ceux qui ont besoin d’aides. À travers des comptes comme @geopolitiquons et @ajplusfrancais, qui font de vrais travaux de recherche afin de nous informer, nous, les personnes qui viennent juste là pour se cultiver, on parvient à comprendre l’ampleur des dégâts. Parfois, je vois même des scènes traumatisantes. Des corps sans vie, du sang de partout… Des personnes qui hurlent de douleur pour leurs êtres qui sont partis. On peut le percevoir rien qu’au son de leurs voix.

« Comme si ça n’existait pas »

J’arrive à avoir un œil différent sur des pays tels que la Palestine. Avant de voir et de comprendre ce qu’il se passait, je ne connaissais pas, voire pas du tout, le pays. De notre position, on ne peut rien faire…

Sur Discord, Cole a commencé à discuter des conflits mondiaux, avant de devenir « maître de conférence » en géopolitique.

Capture d'écran de l'article : "Prof sur discord". Il est illustré par une image où l'on voit deux ordinateurs, posé sur un bureau, dans une chambre assez sombre. On aperçoit un jeune homme de dos, qui semble installer son matériel.

J’arrive à avoir un œil différent sur des pays tels que la Palestine. Avant de voir et de comprendre ce qu’il se passait, je ne connaissais pas, voire pas du tout, le pays. De notre position, on ne peut rien faire… Actuellement, au Congo, il y a un génocide, notamment à l’est du pays. La situation est particulièrement instable. Les combats s’intensifient entre deux camps : entre les forces de l’ordre et le groupe rebelle M23 dans le Nord-Kivu, une province de l’est de la République démocratique du Congo. Ce conflit a fait des centaines de millions de déplacés et de morts.

Ce qui est le plus révoltant, et le pire, c’est de voir des « grands pays » ne pas en parler, comme si ça n’existait pas, ou bien comme si on vivait dans un monde différent.

Halima, 18 ans, lycéenne, Île-de-France

Crédit photo Pexels // CC Andres Ayrton

 

Sébastien Rochat, formateur au Clémi (Centre pour l’éducation aux médias et à l’information), a lu le texte d’Halima et a eu envie de livrer quelques conseils.

« Pour l’actu internationale, Halima ne s’y retrouve pas sur les chaînes de télé et s’informe sur les réseaux sociaux. Et ce qu’elle dit là est intéressant parce que les réseaux offrent effectivement une possibilité d’aller chercher des sources d’infos et de varier ces sources. C’est sûrement le plus important : d’en consulter plusieurs. Parce qu’il n’y a pas de source neutre. Un média, c’est une ligne édito, un point de vue, un prisme. On parle toujours d’un endroit.

Comme je ne connaissais pas AJ+, @ajplusfrancais, dont parle Halima, j’ai fait ce que tout le monde peut faire : j’ai tapé le nom dans un moteur de recherche. Sur Wikipédia, j’ai vu qu’il s’agissait d’“un média en ligne qatari appartenant au groupe Al Jazeera Media Network, lui-même détenu par l’État du Qatar”. Ensuite, j’ai regardé quelle était l’orientation de la source. J’ai vu que deux pays sont souvent ciblés : Israël et l’Arabie saoudite. Cela n’invalide pas la source, mais je suis renseigné sur sa ligne édito.

Le seul cas où je conseille d’écarter une source, c’est quand elle n’est pas bien identifiée ou qu’elle est anonyme, comme pour @geopolitiquons. J’ai procédé comme pour AJ+ et je n’ai pas réussi à savoir qui me parlait. Sur le compte Instagram, la source se présente comme “le journaliste préféré de tes dictateurs préférés”. Il y a un lien vers un compte Tipeee (plateforme de financement participatif). Cela me renseigne sur le fait qu’il collecte un peu plus de 300 euros par mois, mais ne m’aide pas à identifier la source. Même en creusant, je n’ai rien trouvé à ce sujet. Je ne suis pas dans un discours de validation de tel ou tel média. Mais quand on ne sait pas qui nous parle, je conseille de passer son chemin. »

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