« Deuxième papa », c’est mon rôle d’aîné
Je suis l’aîné. Quand mon père n’est pas là, c’est moi le « deuxième papa » de la famille. Il y a deux semaines, il était au bled pendant dix jours et c’était moi qui le remplaçais. Moi qui allais faire les courses, qui réglais quasiment toutes les « disputes » de mes frères, qui les faisais sortir… Ma mère ne travaille pas, mais élever cinq enfants, c’est un gros travail !
Quand mon père travaille et que ma mère est occupée, c’est moi qui veille sur mes frères. Parfois, ça m’arrive quand je rentre du collège de faire mes devoirs en même temps que ceux de mes petits frères, de jouer avec eux, de faire en sorte que tout se passe bien, quoi.
Ma mère a besoin de moi comme j’ai besoin d’elle
Un samedi matin, un peu vers 10 heures, je me suis levé, j’ai pris mon petit déj et je suis retourné dans ma chambre allumer la Play. Directement, ma mère m’a fait la réflexion : « Pourquoi tu restes pas dans le salon ? Pourquoi dès le matin t’allumes la Play ? » Je ne l’ai pas calculée et j’ai continué à jouer. Mais, avec du recul, je me suis posé cette question : est-ce que c’est bien ce que je fais là ? Couper les liens avec ma mère… C’est elle qui m’a mis au monde, qui m’a nourri et, en échange, je ne la calcule pas.
Avant, je jouais mais pas comme ça. J’ai directement éteint la Play et je suis parti la voir. Je lui ai carrément dit : « Désolé de ne pas être présent. » Elle a besoin de moi ma mère. Juste à son regard, j’ai très bien vu que ça lui faisait plaisir. Forcément ça lui fait plaisir de ressentir que son enfant l’aime.
Elle veut que je reste avec elle, et je lui dois. Parce que, sans elle, je ne serais rien. C’est elle qui m’a tout donné, c’est mon repère. Elle a besoin de moi, comme moi j’ai besoin d’elle. Il n’y a qu’elle qui m’aide et moi je ne l’aide pas assez alors que je lui dois bien ça. Depuis tout petit, je l’ai toujours écoutée, elle m’a toujours conseillé. Si j’ai un doute, c’est elle que je vais voir. Même au niveau de l’école, combien de fois j’ai eu besoin du conseil, de la réflexion de ma mère ? Ma mère, c’est tout pour moi. Je ne fais quasiment rien sans elle.
En tant qu’aîné, j’ai de grandes responsabilités
En tant qu’aîné, je me suis rendu compte que j’ai de grandes responsabilités dans la famille, que ma mère compte beaucoup sur moi. Cinq garçons à gérer ce n’est pas évident et, malgré ça, elle ne se plaint pas. Je me suis aussi rendu compte que mon père me manque, que je n’ai pas assez profité de sa présence, qu’il est très important dans la famille.
Mon père travaille le soir. Du coup, il se repose l’après-midi et, quand il se réveille, j’ai juste le temps de manger avec lui et de le voir avant qu’il reprenne le travail. Il part généralement au bled pendant les petites vacances pour des choses personnelles. Mais il a toujours subvenu à mes besoins et à ceux de ma famille. Je lui en suis très reconnaissant.
Être reconnaissant de la présence de nos proches
Toi qui est un geek comme moi, je ne te demande pas d’arrêter de jouer à la Play ou autre, mais de diminuer ton temps de jeu, parce que toi comme moi, le jour où un de nos proches, que ce soit père, mère… sera malheureusement mort, il n’y aura pas de retour en arrière. C’est là que tu te rendras compte de leur valeur. C’est triste à dire, mais c’est réel. Même pour plus tard, le lien familial c’est très important. Profite un maximum de ta famille tant que t’en as l’occasion.
Depuis qu’elle vit en foyer, Erika se rend compte du rôle essentiel que sa mère a joué dans sa vie. Elle est reconnaissante, car malgré son absence, sa mère continue quelque part à l’aider.
Quant à moi qui suis l’aîné, je n’ai pas eu de grands frères, mais ça m’a rendu très automne et très responsable. Je peux aussi apprendre de mes erreurs et montrer le bon exemple à mes petits frères.
Karim, 14 ans, collégien, Bobigny
Crédit photo Pexels // CC Anete Lusina
La charge mentale des enfants ça existe ?
OUI, comme tou·te·s les humain·e·s, les enfants ont une charge mentale, et elle peut être excessive. Comme les enfants sont encore en développement et en recherche de repères, il y a un risque de confusion entre leur rôle et celui de l’adulte.
À CAUSE
de la pression à l’école ;
-de la fréquence des activités extra-scolaires ;
-de la compétition dans les activités sportives ;
-de la fréquence de l’aide qu’ils·elles accordent à leurs parents ;
-de la responsabilité vis-à-vis de leurs petit·e·s frères et sœurs.Si tu es stressé·e, anxieux·se, ou sous pression en pensant à ta réussite scolaire et/ou personnelle, c’est sans doute que la charge mentale qui pèse sur toi est trop lourde. N’oublie pas que tu n’as pas à être performant·e. En tant qu’enfant ou adolescent·e, tu as le droit de penser à toi, d’expérimenter, de te tromper.
N’hésite pas à en parler à tes parents, à l’infirmière ou à tout autre adulte en qui tu as confiance pour voir comment il ou elle peut t’aider à réduire la charge mentale qui pèse sur toi.