Chloé M 29/10/2021

Ma double nationalité, cette fierté

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Le père de Chloé lui a transmis l'amour de son pays natal, le Portugal. Au point qu'elle se voit finir ses jours là-bas !

Quand j’ai vu mon père pleurer de joie face à la victoire du Portugal lors de l’Euro 2016, j’ai compris à quel point le Portugal est plus qu’un pays pour lui : c’est une fierté. Chez nous, c’est le portugais qui domine. On ne parle que très peu français. Peu importe l’humeur, les musiques sont dansantes, les plats souvent traditionnels et préparés maison par avos (« grands-parents » en portugais, ça me permet de les différencier de mes grands-parents côté maternel qui sont français), qu’on voit tous les dimanches.

Grâce à mon père, j’ai la double nationalité, ce qui me permet d’être encore plus proche de sa culture. Je suis née en France, mais j’ai grandi dans un foyer portugais. Mon père est né au Portugal, il est venu travailler en France car on y gagne mieux sa vie, et il est tombé amoureux d’une Française « pure souche ». C’est grâce à cela que je suis de ce monde, depuis le 31 juillet 2002.

Vacances au pays du bacalhau

La culture portugaise m’est chère car elle me rapproche de mon paternel et de ce qu’il a vécu jusqu’à ses 25 ans. C’est très dur pour lui de nous parler de son enfance là-bas, car il a tout abandonné pour vivre une vie « meilleure » en France. Au Portugal, il n’était qu’un simple maçon. Maintenant, il est chargé d’affaires dans le bâtiment.

Il retourne au Portugal tous les ans avec ses enfants et c’est grâce à lui que j’arrive à m’identifier à cette culture. Chaque mois d’août, nos vacances sont sans aucun doute en famille mais surtout au pays du bacalhau, le plat traditionnel portugais. La famille, c’est très important. Mon père a toujours fait en sorte que chaque activité et que toutes les vacances soient en famille.

L’amour de la religion et du foot

Il nous a transmis à mon frère et moi la force et la foi, car le Portugal est un pays extrêmement croyant et pratiquant. Alors, tous les dimanches, nous avons le droit d’aller dans la maison du Seigneur. La France est aussi un pays très chrétien, ce qui m’arrange car je n’ai pas de choix à faire entre mes deux cultures.

Catia est arrivée en France quand elle avait 18 ans pour rejoindre son copain, portugais lui aussi. Mais rien ne s’est passé comme prévu. Grâce à la famille française pour laquelle elle travaillait, elle a réussi à rebondir après leur rupture.

Un ponton sur un lac, deux jeunes filles assises au bout, près de l'eau, sac à dos sur le dos, cheveux longs, celle assise à gauche montre une direction avec son bras à l'autre.

Mon frère et moi, on a une force face aux préjugés subis en France, du style « les femmes portugaises sont femmes de ménage et les hommes maçons ». C’est grâce à ces clichés persistants que mon père nous pousse à aller loin dans les études, pour pouvoir faire fermer des bouches, car lui n’a pas eu cette chance d’aller loin.

Il nous a transmis ce que lui aimait, du style le foot. Le Portugal et la France sont des grands pays de football. Avec le grand et unique Cristiano Ronaldo, alias CR7, et Zidane. Le foot, chez nous, c’est encore un moyen d’être en famille. D’ailleurs, avec mes amis portugais, nous avons vu tous les matchs du Portugal lors de l’Euro 2020. Des moments pleins d’émotions.

Encore aujourd’hui, mon père repense à vivre dans son pays natal, et ça ne m’étonnerait pas qu’il y retourne un jour. Tout comme mon père, je me vois finir ma vie là-bas. Pour moi, ce fut très important qu’il m’imprègne de sa culture car j’ai toujours été proche de lui. C’est un lien en plus qu’on a ensemble.

Chloé, 18 ans, volontaire en service civique, Paris

Crédit photo Unsplash // CC Julian Dik

 

L’arrivée des Portugais·es en France

Une émigration interdite pendant vingt ans

De 1955 à 1974, le Portugal a interdit à sa population de partir vivre en France, afin d’éviter une pénurie de main-d’œuvre. Cette loi n’a pas empêché les Portugais·e·s, aidé·e·s par la France, de passer clandestinement les frontières.

La politique discriminatoire de la France

Si le gouvernement français a aidé les Portugais·es à immigrer, ce n’est pas juste pour être sympa… La France avait besoin de main d’œuvre et favorisait la venue de populations blanches, qu’elle considérait plus « assimilables » que les immigré·e·s extra-européen·ne·s.

Partir du Portugal… pour mieux revenir

L’émigration vers la France a souvent été le moyen de connaître une ascension sociale. L’exil n’en a pas moins été douloureux pour beaucoup. C’est pour cette raison qu’un grand nombre d’immigré·e·s portugais·es sont retourné·e·s vivre au pays après avoir mis de l’argent de côté.

 

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