Du service civique, j’en sors grandie
Terminale S, cap sur le bac et code APB scotché sur la coque du téléphone, on nous demande alors de choisir notre vie. Bien sûr, on connait tout sur les prépas, normal, c’est la case suivante sur le plateau qu’ils nous ont préparé. On essaie de se renseigner au mieux et on ressort du CIO en se disant qu’on a rien apprit… Alors on clique un peu au hasard sur des formations et on se dit qu’on verra bien : c’est ce que j’ai fait mais aucun de mes choix ne me paraissaient être le bon. Et puis il y a eu cette publicité pour le service civique, rapide vidéo de deux minutes pendant la JDC, au moment où tout le monde dort ou compte les minutes avant de retrouver sa liberté. Et ça a fait tilt. Je me suis dit : « C’est ça qu’il me faut, cette mission c’est tout ce que j’ai pu vivre en faisant du bénévolat mais cette fois sur une durée d’un an ! »
Plus d’une centaine de candidatures
J’en ai alors parlé avec ma meilleure amie, qui avait elle aussi vu cette vidéo mais n’osait pas me dire qu’elle avait ressenti la même chose que moi. Nous avions programmé l’année à venir et personne n’osait compromettre les projets de l’autre… Dès le lendemain, nous écumions les Missions Locales et les BIJ en quête d’informations. Mais rapidement nous nous sommes rendues compte que le Service Civique se résumait à un vague flyer… Déçues mais pas démotivées, nous avons occupé tout notre temps libre à nous renseigner sur cet engagement pour finir par déposer quelques 100 candidatures. « Tu es jeune, tu as envie de t’engager, tu as entre 16 et 25 ans, le Service Civique t’attends ! » Comme quoi la publicité est bien mensongère ! Je vous passe les refus pour cause d’expérience trop mince et les nombreuses réponses fantômes afin d’arriver au chapitre le plus important : la réponse de l’AFEV Perpignan! Un mail humain qui a pris en compte les 1000km qui nous séparaient de Perpignan et qui a abouti à un entretien Skype puis à une réponse favorable ! La victoire était là, nous avions ce Service Civique, nous ne regrettions rien.
Première expérience de l’autonomie
Le plus dur dans cet engagement a été de le faire comprendre aux autres : aux amis qui nous collent encore l’étiquette de filles parties en année sabbatique, aux professeurs qui ne comprennent pas ce choix mais surtout aux parents qui ne trouvent que peu d’informations et doutent encore de la réalité de ce projet. Cependant, peu m’importe tout cela puisque de mon côté je n’ai aucun regret. Cette année m’a permise de prendre conscience de mon engagement quotidien, elle m’a fait vivre des moments humains uniques, appris qu’il n’y avait pas de petites réussites. J’ai travaillé en équipe, rencontré des gens formidables, été actrice du territoire local en me sentant plus que jamais bien dans cette ville que je venais de découvrir. Cette année restera aussi la première loin de chez moi, en autonomie, à prouver au quotidien que j’étais capable de me gérer moi, mon emploi du temps, mon loyer…
Enfin, je me suis faite cette réflexion, assise sur le banc de l’arrêt de bus en face d’une petite mamie : « Si toutes les années passent à cette vitesse, je n’aurai rien vu venir et j’aurai déjà 70 ans. » Dans quatre jours, tout se finit. Je suis triste mais je repars grandie et tellement enrichie, plus motivée que jamais à reprendre mes études, pour moi et pour prouver aux autres qu’ils avaient tort.
Neuf mois, 273 jours, 150 rencontres humaines, trois missions, six collègues formidables, une adresse mail professionnelle, des centaines de fous rires, un jeune accompagnée… Ce fut la plus belle expérience que ma vie compte aujourd’hui.