Aurore G. 24/03/2025

En finir avec les machos

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Dans la famille d’Aurore, les femmes servent les hommes depuis des générations. Éveillée au féminisme via les réseaux sociaux, la jeune femme ne veut pas de ces inégalités de genre dans sa vie.

Pour ma grand-mère, la place d’un homme n’est pas dans la cuisine. Il ne devrait faire ni le ménage ni la vaisselle. Elle vit à la campagne et, malgré ses 80 ans et ses problèmes de genou, elle s’occupe de mon grand-père. Il a 70 ans et est handicapé : il a perdu un pied.

Ma mamie ne voit pas de problème à servir son mari comme un roi et à forcer tout le monde à faire de même – surtout les filles. Moi, je ne supporte pas d’être la servante de quiconque, donc, quand elle me demande à moi de faire le repas mais pas à mes frères parce que ce sont des garçons, ça m’énerve.

Je sais qu’elle a été éduquée à ne jamais se rebeller contre les hommes. Mais moi, je ne me satisferai jamais d’un homme trompeur, manipulateur, narcissique et macho. Les femmes ne se font plus avoir, et ça choque les gens de l’ancienne génération en Guadeloupe, comme ma grand-mère. Chaque fois qu’elle voit un sujet sur le féminisme à la télé, ça la sidère tellement qu’elle préfère changer de chaîne.

Des valeurs d’un autre temps

Cependant, ce n’est pas une mentalité propre aux personnes âgées. Mon père, qui a 53 ans, pense qu’une femme n’est rien sans son homme. Qu’elle doit obéir et veiller sur les enfants. Il n’a pas trop de pouvoir sur nous car on passe rarement du temps avec lui. Il travaille tout le temps et ne vient nous chercher que lorsqu’il a envie de nous voir. Il n’a pas eu le loisir de nous inculquer ses valeurs d’un autre temps.

Avec ma sœur, nous avons dû nous éduquer nous-mêmes, car ma mère n’est pas la plus grande des féministes. Pour elle, si je n’accepte pas certains défauts chez les hommes, comme la différence d’âge ou le fait que ce soit des machos, je finirai seule. Sa limite, c’est juste les hommes qui battent leur femme. Encore heureux !

Pour le féminisme, je me suis éduquée en m’informant sur les réseaux sociaux comme TikTok ou YouTube, où je voyais des femmes parler de leurs expériences avec les hommes. J’en ai appris davantage sur les red flags qui nous permettent d’identifier les hommes à problèmes. Je remercie vraiment les réseaux sociaux. Sans ça, je resterais enfermée dans une mentalité qui ne prend pas les femmes en compte.

Aurore, 25 ans, Guadeloupe

Crédit photo Hans Lucas // © Marie-Julie Gascon – Photo issue de la série « Première édition de la formation Aujourd’hui les citoyennes ».

 

« Nous ne sommes jamais dans les livres », autoportrait de la France des outre-mer

Il est extrait de notre livre Nous ne sommes jamais dans les livres – Autoportrait de la France des outre-mer, à paraître le 27 mars 2025 aux éditions Les Petits matins.

Au cours de l’année 2024, les journalistes de la ZEP ont arpenté les cinq départements ultramarins pour accompagner 600 de leurs habitant·es à raconter leurs territoires, leurs façons d’y vivre, d’y étudier, de s’y déplacer, d’y faire racine ou de s’en éloigner.

160 récits individuels qui dressent par petites touches un récit choral de cette France qui n’est pas en Europe.

 

banderole orange horizontale avec quatre fois la couverture du nouveau livre de la zep aux éditions Les Petits matins "Nous ne sommes jamais dans les livres". Au centre de la banderole, on peut lire : disponible en librairie le 27 mars.

 

À lire aussi…

Faire la mule ou faire la manche, par Marcello, 20 ans. Ingérer des boulettes de cocaïne en Guyane et prendre un vol pour l’Hexagone. Pour payer ses études et s’offrir de belles sapes, ke jeune homme était prêt à prendre ce risque.

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