Geralt A. 18/07/2024

L’épreuve du binder

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Adolescent trans, Geralt garde un douloureux souvenir du collège, surtout en EPS... entre inconfort du binder pendant l'effort, stress du vestiaire et violences sexistes et sexuelles.

Je suis un homme trans. Ma dysphorie a commencé quand j’avais 13 ans et j’ai commencé à porter un binder à l’âge de 15 ans. Un binder, c’est une brassière qui permet de plaquer la poitrine pour donner l’impression d’un torse plat. C’est beaucoup utilisé par les personnes nées avec un genre féminin mais se sentant du genre masculin.

Porter un binder pendant le sport, c’est déjà une épreuve. On est compressés, on s’essouffle plus vite. De base, ce n’est pas fait pour ton corps mais tu n’as pas le choix. Tu t’étouffes mais tu le gardes, car c’est le seul truc qui diminue ta dysphorie. Pour expliquer un peu ce qu’est la dysphorie de genre, je dirais que c’est quand on se sent mal avec son corps de naissance, qu’on a un profond mal-être avec certaines parties de son corps.

Pour revenir au binder, je n’arrivais plus à sortir sans. Et à partir du moment où j’ai commencé à prendre des hormones, il y a presque un an, ça m’a soulagé d’un poids.

Sexualisation, misogynie et règles

En plus de tout ça, ayant des attributs féminins, je subissais la même chose qu’une femme. Par exemple : la sexualisation, la misogynie, les règles. Quand j’avais 10 ans, j’ai commencé à avoir une poitrine et on me le faisait remarquer. Quand j’avais les bras croisés, ma soi-disant meilleure amie me disait : « Tu devrais mettre un soutif. On voit tes tétons, c’est gênant. »

Je me sentais terriblement gêné qu’on me dise ça devant tout le monde. Toutes rêvaient d’avoir une poitrine importante à cet âge-là. J’attirais une certaine jalousie, alors que ce n’était pas quelque chose que je rêvais d’avoir. Je ressentais déjà que j’avais du mal avec mon genre de naissance.

Ça commençait à être un problème, surtout en sport : on me sexualisait énormément. Parfois, on me touchait la poitrine. Tout le monde se mettait derrière nous, les filles, pour regarder nos formes.

« Je me changeais dans les toilettes »

En plus de ça, il y avait de la discrimination envers les hommes trans. C’est pour ça que je restais très caché par rapport à mon identité. Je me changeais toujours dans les toilettes parce que ça me mettait terriblement mal à l’aise de le faire à côté d’autres personnes dans les vestiaires. Le pire, c’est quand j’étais en cours de piscine. Mentalement c’était très éprouvant. J’esquivais le plus possible. C’était impossible pour moi, surtout quand on devait mettre des maillots moulants.

J’aurais aimé plus de compréhension par rapport à ce que je vivais. Je n’en ai pas parlé aux professeurs. Seulement à quelques amis, qui n’ont pas compris. Je ne me sentais pas en confiance pour en discuter avec eux.

Avant, je faisais un peu de sport à côté, du patinage artistique et de la danse classique et hip-hop, mais j’ai arrêté. J’aimerais bien m’inscrire à la salle, mais je n’ai pas de salaire donc pas les moyens. J’ai envie de me muscler et ça pourrait me permettre de me dépenser. Ce serait bien par rapport à mon anxiété.

Geralt, 19 ans, en recherche d’emploi, Paris

Crédit photo Unsplash // CC Shane

 

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