Valentina S. 11/03/2022

Famille nombreuse à mi-temps

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Valentina a appris à tout partager avec sa famille recomposée : les pièces de l’appartement, comme les moments de complicité.

Une semaine sur deux, je deviens une famille nombreuse. Mes parents séparés, ma mère a trouvé quelqu’un d’autre ayant trois enfants. Donc, ma mère, mon frère et moi, plus mon beau-père et mes trois belles sœurs, ça fait sept en tout. Et depuis huit ans déjà ! Je ne changerais rien à ma situation : même si parfois c’est compliqué, le plus souvent c’est amusant !

Le truc qui est bien quand on a une famille nombreuse, c’est qu’on ne s’ennuie jamais. On a toujours quelqu’un avec qui jouer, parler… (Bon, parfois, il n’y a personne car ils peuvent être flemmards).

J’adore ma famille, mais parfois il faut faire des sacrifices. Par exemple : si le matin ou le soir, vous voulez prendre une douche, dépêchez-vous de vous diriger vers la salle de bain, sinon… oubliez. Ou pour la nourriture : on prend des paquets familiaux, mais ce n’est jamais suffisant, ça peut se finir en une ou deux journées. Ne jamais cacher sa nourriture : mangez-la tout de suite, sinon, elle sera trouvée… et mangée !

Des discussions profondes avant de dormir

On a aussi des chambres partagées et ça peut être très embêtant. Vous voulez dormir, mais l’autre travaille toujours ou est en appel avec ses amis. Ou vous êtes réveillés par des bruits ou la voix de votre sœur/frère. Mais, parfois, c’est rassurant de partager sa chambre. On se sent en sécurité, on peut avoir des fous rires et des discussions profondes avant de dormir. On est trois dans la même chambre : les deux plus grandes et moi. On est un peu beaucoup, mais plus on est de fous, plus on rit.

Aussi, vous devrez avoir l’habitude d’être oubliée. Je suis l’enfant du milieu, donc ça m’est arrivé plus d’une fois. Par exemple, je rentrais de chez mon amie pour lui rendre son livre. Je suis revenue et il n’y avait personne chez moi. Je me suis dit qu’ils allaient revenir et que chacun était parti de son côté. J’ai attendu… Vingt minutes, une heure, deux heures. J’ai fini par les appeler car je m’inquiétais, j’avais peur et je me faisais trop de film. Finalement, j’ai appris qu’ils étaient partis à l’Arc de Triomphe, sans MOI.

On veille les uns sur les autres

Ma mère et mon beau-père adorent être une famille recomposée. Parfois, s’occuper de cinq enfants n’est pas facile, mais ils peuvent sortir le soir et ne pas engager de nounou, on veille sur les uns et les autres. Ils ont des réductions (carte famille nombreuse) et, une semaine sur deux, ils sont tranquilles, sans enfants. Je sais que certains parents rêveraient d’être sans enfants pendant un moment.

Pour Dialla, vivre dans une famille nombreuse, c’est toute une organisation. Pas le temps de se sentir seule !

Capture d'écran d'une photo d'une famille nombreuse qui marche dans un bois au milieu des arbres.

Chez mon père, ce n’est pas du tout la même ambiance, on est trois : mon père, mon frère et moi. Comme je suis l’aînée, je ne suis pas du tout oubliée. Au contraire : c’est moi qui vais toujours faire la vaisselle, à manger, ranger, faire le linge… Parfois, j’aimerais être oubliée pour me reposer. C’est beaucoup plus silencieux que chez ma mère. À table, on ne dit presque rien. Les réserves de nourriture peuvent durer des mois (jusqu’à ce que ça pourrisse). Et on peut s’ennuyer beaucoup. Mais ça fait du bien, un peu de calme.

J’ai toujours aimé être une famille recomposée, même si au début c’était compliqué. Il y avait beaucoup de disputes, on était plus séparés qu’en groupe, alors que l’on devait être une famille, un seul groupe. Je les voyais plus comme des amis. J’avais du mal à montrer de l’affection. J’avais aussi du mal avec la famille de mon beau-père, je ne voulais pas les déranger, être de trop. Mais, maintenant, je me sens plus proche d’eux que quand j’avais 7 ans. Avec le temps, on est devenu une vraie famille.

Valentina, 15 ans, lycéenne, Bois-Colombes

Crédit photo Unsplash // CC John Schnobrich

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