Mon frère se noie dans l’alcool
Mon frère a 25 ans et il a un souci avec l’alcool. Ça a commencé doucement. J’avais 8 ans, lui 15, il sortait avec ses amis et il buvait quelques bières, mais sans en abuser. Simplement pour faire comme les autres. Puis, ça a commencé à être plus compliqué. Quand il a eu 18 ans, il a commencé à sortir de plus en plus. Il ne rentrait plus que quelques fois à la maison, trois fois par semaine je dirais. Et, cela, malgré le fait que mes parents lui fassent déjà quelques réflexions, du genre « tu te mets en danger ». Le seul souvenir que j’ai, c’est qu’il sortait beaucoup. Mais il ne rentrait jamais ivre, par peur de se faire engueuler. Puis, rapidement, il n’est presque plus rentré et traînait jusque tard le soir dans les rues à boire des bières. Il est devenu insultant envers mes parents et moi-même.
L’alcool remplace ses repas
Quand il a eu 19 ans, il est parti de la maison pour vivre avec sa femme. Il vit avec elle depuis six ans maintenant et ils ont un enfant de 4 ans. Mais il boit toujours autant. Plus même. Il boit en se réveillant. Je le sais, vu que je vais régulièrement chez lui. L’alcool remplace ses repas. Il en est arrivé à se lever la nuit pour boire. Il nous dit que ça l’aide à oublier mais on ne sait pas quoi, vu qu’il ne veut pas en parler. On est très inquiets pour lui, on a essayé de l’aider, mais rien n’y fait.
Ça me fait peur et je suis triste car je ne peux que voir et encaisser. Je le vois se dégrader. Je lui dis régulièrement que je me sens mal à l’idée qu’il boive beaucoup et j’essaie de l’aider, mais je me sens impuissante. C’est comme si on parlait à un mur. Ma mère et ma belle-sœur aussi se sentent impuissantes et ne savent plus quoi faire pour l’aider. Quand il sombre dans l’alcool, il devient violent envers sa femme. Il fait n’importe quoi. Je l’ai déjà vu jeter violemment son téléphone portable au sol, casser certaines choses comme des écrans ou encore crier sur elle et l’insulter, mais il n’y a jamais eu de blessure.
Il a plusieurs stades. À des moments, il est triste, il pleure. À d’autres, il est violent et insultant. Il s’abîme la santé avec cette addiction et je m’inquiète. Actuellement, il travaille au même endroit que mon père. Il est en période d’essai depuis un mois dans un garage de voitures. Ils sont mécaniciens. Il lui est déjà arrivé de manquer le travail car il était bourré en se réveillant, à cause de ses amis qui pour moi sont de mauvaises fréquentations. Avec eux, il boit jusqu’à l’aube. C’est quelque chose qui m’angoisse vraiment, l’idée de pouvoir le perdre à tout moment. Au niveau de l’argent, quand j’en parle avec ma belle-sœur, elle me dit qu’il se met dans des situations compliquées, car il achète tout le temps de l’alcool en grosse quantité.
Il ne veut pas parler, fuit le sujet
Avant ça, on avait une complicité entre sœur et frère qui était forte. On jouait au foot dehors et on rigolait pendant des heures sur des jeux d’enfants. On s’amusait à l’extérieur, dans la neige en hiver et, l’été, on se posait dehors le soir à regarder les étoiles et rigoler en écoutant de la musique. Ces moments de magie ont disparu.
L’alcoolisme du père de Laura a détruit leur relation. Depuis cinq ans, il est devenu, sans chaleur, sans émotions avec elle.
Ça a malheureusement créé beaucoup de tensions dans ma famille, et donc beaucoup de disputes. À chaque fois qu’il boit, donc tout le temps. On le voit presque tous les jours parce qu’il vit seulement à dix minutes de chez nous en voiture. Il ne veut rien entendre et reste sur l’idée que personne ne pourra jamais l’aider. Il ne veut pas parler, il s’énerve, s’en va, fuit le sujet. Et les traitements contre l’addiction à l’alcool, n’en parlons pas. Il ne les prend que pendant deux jours, après il recommence à boire. On ne sait plus quoi faire. On a peur qu’il lui arrive quelque chose, quand il est en voiture ou ailleurs.
Mes parents me disent de faire attention avec l’alcool, que c’est dangereux. Ils me mettent en garde. Quand je vois les états de mon frère, je n’ai en aucun cas envie de lui ressembler. Et je trouve ça triste à dire.
Adeline, 18 ans, lycéenne, Tulle
Crédit photo Unsplash // CC Yasin Arıbuğa
Comment aider un proche alcoolique ?
En le dirigeant vers Alcool info service
Le gouvernement propose une ligne d’écoute et de conseil au 0 980 980 930. Ce numéro de téléphone est gratuit, disponible de 8 heures à 2 heures, sept jours sur sept. Un chat est aussi proposé de 8 heures à minuit sur le site alcool-info-service.fr.
En l’incitant à consulter un·e médecin
La consultation est une étape importante du soin d’une personne alcoolique. Si elle ne souhaite pas en parler à son médecin de famille, il ou elle peut consulter un·e autre généraliste, ou se rendre gratuitement dans un Centre de soins, d’accompagnement et de prévention en addictologie (CSAPA).
En se faisant aider soi-même
Quand on essaie d’accompagner un·e proche alcoolique, il est important d’avoir soi-même de l’aide, si besoin. Tu peux toi aussi te rapprocher des ressources listées ci-dessus ou d’associations qui organisent des groupes de parole, comme Entraid’addict et Al-Anon. Certain·e·s psys proposent aussi des thérapies familiales, mais celles-ci ont un coût.