Friendzoné par ma meilleure amie

J’étais en quatrième. Bon, pour faire court, j’ai fait la connaissance d’une fille. Avant même de l’avoir vue, j’entendais souvent parler d’elle. Elle était dans le collège d’à côté. On disait que, dans ce bahut, il y avait une meuf trop fraîche. Par hasard, elle s’est abonnée à mon compte Insta, je l’ai suivie en retour, et on s’est parlés pendant deux semaines à peu près.

Moi, je me demandais comment la pécho

On a ensuite décidé de se voir devant son lycée pour traîner ensemble, parler. On a bien accroché et on s’est ensuite organisé des sorties, des dates, des restos, toujours à deux. Elle, elle avait dans la tête que j’étais son ami alors que moi je pensais autrement. Je me demandais comment la pécho.

Depuis le début, j’avais flashé sur elle et, mon but, c’était de la séduire. Pour cela, je devais débuter par une approche. Le but, c’était qu’on fasse connaissance. On a commencé à se connaître, à se raconter nos vies, à partager des secrets et, au final, je suis passé de crush potentiel à meilleur ami.

Le pire, c’est que je me suis tellement comporté en ami avec elle que j’ai cru que je l’étais vraiment. J’avais atteint un stade où je ne comprenais plus mes propres sentiments. Je ne savais même plus si j’étais son ami ou si je la kiffais. J’étais perdu.

Friendzoné, mais jaloux

J’étais perdu. Mais à en juger par la rage ardente qui m’envahissait dès qu’un garçon s’approchait d’elle, l’affection profonde que je lui portais ne faisait plus de doute.

C’est le fait que je ressente de la jalousie qui m’a fait me dire que c’était de l’amour. Je faisais sans cesse des efforts pour lui plaire, comme m’adapter à ses goûts, faire des trucs qu’elle aimait.

Un jour, j’ai décidé de prendre mon courage à deux mains et d’aller lui déclarer ma flamme. Finalement, elle m’a dit qu’elle me considérait comme un ami. Ça a été très dur pour moi. J’ai fait des nuits blanches à réfléchir la boule au ventre, j’avais grave le seum. Je m’en voulais à moi-même, parce que je m’étais comporté en ami alors que je n’aurais pas dû. J’aurais dû être plus direct, lui faire des avances, peut-être que je ne serais pas tombé dans cette friendzone. Au final, j’ai l’impression de m’être friendzoné moi-même.

Impossible de rester amis

Après ça, j’ai décidé de mettre fin à cette amitié. Elle a insisté pour qu’on reste amis. Pour moi, ça aurait été hypocrite de rester son ami alors que j’étais amoureux d’elle. Je lui ai annoncé en face et après j’ai décidé de partir.

Je ne pouvais pas être ami avec la meuf que je kiffais. On s’est éloignés, on ne se parlait pratiquement plus et, au fil du temps, on a fini par perdre contact. Au début, c’était grave dur. Ça fait toujours mal de perdre quelqu’un qui a compté, mais je pense que c’était la meilleure chose à faire, parce que rester en contact avec elle aurait été le moyen le plus sûr de ne pas l’oublier.

Anaëlle est très amie avec un garçon depuis des années mais, pour beaucoup, ça cache forcément quelque chose. Comme si l’amitié entre les filles et les garçons ne pouvait pas exister…

Plus jamais je me retrouve dans des bails pareils. La prochaine meuf que je kiffe, je lui fais directement des avances et je n’essaierai pas de me lier d’amitié avec elle !

Ai-je bien fait d’avoir été sincère avec elle, quitte à mettre fin à notre amitié, ou aurais-je dû garder ça pour moi afin de faire durer notre relation ?

Itachi, 16 ans, lycéen, Rosny-Sous-Bois

Crédit photo Pexels // CC Trinity Kubassek

• La « friendzone », ça vient d’où ?

Ce mot a été inventé par les scénaristes de la série Friends. Dans la première saison (1994), Ross est amoureux de Rachel, mais elle ne le comprend pas tout de suite. 

Leur ami Joey décrit alors Ross comme « le maire de la Friendzone » : le bon gars que les filles adorent avoir comme ami, pas comme amoureux. 

Depuis, le concept a été diffusé par la pop culture, qui laisse entendre que c’est toujours les mecs hétéros qui tombent dans la friendzone.

• En finir avec la « friendzone »

Le concept de « friendzone » donne l’idée qu’être ami·es, ça serait moins bien que de partager une relation amoureuse ou sexuelle. Un mec friendzoné est rejeté, relégué au plan d’ami, privé de sa masculinité.

La « friendzone », elle laisse aussi penser qu’être gentil avec une meuf, c’est avoir un passe-droit pour coucher avec. Ross est beau gosse et en plus il est sympa avec Rachel : comment ça se fait qu’il n’a pas encore pu la pécho ? 

Essayer de « sortir de la friendzone », c’est contourner le refus d’une femme. Bref, la « friendzone » flirte avec les limites du consentement et s’appuie sur des clichés sexistes.