John 28/12/2018

J’ai été accusé à tort de harcèlement

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Accusé de harcèlement par une ancienne camarade en école primaire, j'ai vécu quatre ans de procédures et de soupçons avant que la justice déclare un non-lieu.

D’un message écrit sur MSN par un gamin de 10 ans en classe de CM2, une histoire délirante peut découler. Un soir de printemps 2015, j’ai reçu un appel qui allait changer mon quotidien pendant quatre ans. Ma meilleure amie me téléphonait, en pleurs. Elle sortait du commissariat et m’a dit : « Bientôt ce sera ton tour ! » Nous étions accusés, ainsi que deux autres amis, de harcèlement envers une camarade de classe, de nos années de CM1/CM2 jusqu’aux premières années du collège pour ma part. Au début, j’ai trouvé cela très intriguant car que je n’avais pas revu cette fille depuis l’école primaire. 

La police me parlait comme si elle savait que j’étais coupable

Plusieurs semaines ont passé et comme mon amie m’avait prévenu, cela a été à mon tour d’être interrogé sur cette histoire. L’agente de police du commissariat de Cherbourg m’a listé les accusations : un message d’insulte sur MSN en 2010, des insultes à l’école ou devant chez elle depuis le CM1 jusqu’à la cinquième. Des insultes dans le bus qu’elle prenait pour aller au collège, des insultes durant la kermesse de notre ancienne école primaire…

Je me suis retrouvé choqué devant tous ces mensonges. Et durant l’interrogatoire, je me suis défendu, j’ai démonté toutes les accusations de harcèlement. Par exemple, je n’ai jamais pris le bus pour aller au collège (sachant que je n’étais pas dans le même établissement que la fille), comment est-ce que j’aurais pu l’insulter dedans ? Le jour de la kermesse, je n’ai là encore pas pu l’insulter, j’étais à la fête de la musique dans la ville voisine.

Une accusation était vraie et je l’ai avoué : le message sur MSN. Ce n’était pas un message mais un statut non nominatif qui lui était en effet adressé et où je l’insultais de « salope ». Durant l’interrogatoire, l’agente de police me parlait comme si elle savait que j’étais coupable. Elle me méprisait et employait un ton assez agressif : « Tu as fais ceci ! On sait que tu as fais cela. » Sûr de moi, j’ai réussi à garder mon calme. Je répondais assurément mais très froidement. À la fin de l’interrogatoire, elle nous a dit que nous avions eu de la chance car nous étions censés être embarqués depuis nos lycées et être placés en garde à vue immédiatement.

Après cet interrogatoire, nous avons (plusieurs fois) demandé une confrontation entre nous, les accusés, et elle, la « victime ». Mais ces demandes ont à chaque fois abouti à un refus, avec pour motif : « Elle est trop fragile. » Pour ma part, je craignais de démarrer au quart de tour et de ne pas réussir à contrôler mes nerfs, ne supportant pas l’injustice. Finalement, nous n’avons jamais pu avoir de confrontation. Heureusement peut-être.

Fausses accusations de harcèlement et mise en examen 

Durant la même période, l’agente de police qui était chargée de l’affaire a donné une interview à un journal de ma région. Elle nous y désignait comme étant les coupables de ce harcèlement. Le frère d’un des accusés travaillant dans le droit a remarqué que la policière n’avait pas le droit de faire cela. Il a donc directement été voir le journal, mais rien à faire : il s’est fait envoyer balader et l’article est encore lisible aujourd’hui. De l’extérieur, à part la famille de la « victime », sa psychologue et la policière, personne ne nous a heureusement pensé coupable et n’a cru aux accusations. Mes parents savaient également que je n’avais rien fait.

Gabriel, lui, a bien subit le harcèlement de ces camarades. Devenu la risée de son collège à cause de son surpoids, il témoigne pour la ZEP ces longues années d’horreur. 

Plusieurs mois sans nouvelles. À l’automne 2015, au début de mon année de première, nous sommes passés devant le juge des enfants pour savoir si nous allions être acquittés ou mis en examen. J’ai donc été obligé d’avoir recours à un avocat pour être représenté. L’interrogatoire avec le juge était bien plus tranquille que celui avec l’agente de police. Mais finalement, à notre très grand étonnement, nous avons tous été mis en examen. C’est-à-dire que l’enquête allait continuer et que nous étions encore considérés comme des suspects.

La « victime » tenait une page Facebook contre nous

Plusieurs mois ont passé sans que nous n’ayons de nouvelles. Mais nous avons appris que, suite à l’article et aux conclusions trop hâtives qui avaient été faites, l’affaire avait été retirée à l’agente de police en question et avait été remise à l’un de ses collègues. Celui-ci a lancé un appel à témoin. Nous en avons donc profité pour demander à d’anciens camarades de primaire de venir témoigner, ainsi qu’à nos enseignants de l’époque. Beaucoup sont venu témoigner en notre faveur, en disant que durant ces années rien de toutes ces accusation de harcèlement ne s’était passé. Ils étaient très étonnés qu’une affaire comme cela ait pu sortir.

Mais un ancien ami, plutôt proche de nous à cette époque, a témoigné contre nous et plus particulièrement contre moi, pour une raison encore inconnue. Il a dit à l’agent en question que j’insultais la « victime » à chaque fois que je la croisais dans les couloirs, qu’il m’avait déjà vu devant chez elle en train de l’insulter. Suite à son témoignage, je lui ai demandé pourquoi il avait fait ça. La seule chose qu’il m’a répondu c’est : « Je m’en bas les couilles. En attendant, c’est pas moi qui suis dans la merde ! » Forcément, suite à cela, mes amis et moi l’avons totalement ignoré malgré ses tentatives pour revenir et s’excuser.  

Nous avons également appris que, depuis le début de l’affaire, la « victime » avait tenu une page Facebook dénonçant nos actes et qu’elle y exposait ses « vengeances ». Par exemple, elle avait écrit : « J’attends qu’une seule chose, c’est de voir les cadavres de mes harceleurs dans la rivière de mes larmes. » Suite à ces posts, nous avons décidé qu’après l’affaire, nous porterions plainte pour diffamation et que l’on ferait tout pour faire fermer cette page.

Quatre ans après, le verdict

Finalement, nous sommes restés plus d’un an et demi sans la moindre nouvelle, même par nos avocats respectifs. Mais au début de l’été 2018, nous avons reçu l’ordonnance de non-lieu : nous avons été acquittés par manque de preuves. Deux anciennes psychologues de la « victime » ont aussi constaté des perturbations psychologiques bien plus graves.

Cela peut sembler cruel, mais aux vues des circonstances, nous n’avons ressenti aucune pitié pour elle, mais plutôt de la satisfaction. Non pas pour ses problèmes psychologiques, mais parce que les psychologues ont constaté la même chose que nous. Tout ce qui s’était soi-disant passé n’avait jamais eu lieu, que cela venait de son imagination. Nous avons finalement décidé de ne pas porter plainte pour diffamation. On a plutôt d’organiser un apéritif dehors, chez une des accusés qui habitait juste en face de chez elle ! Notre mini vengeance à nous.

 

John, 19 ans, étudiant, Le Kremlin-Bicêtre

Crédit photo Adobe Stock // ©  beeboys

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12 réactions

  1. Travaillant sur le terrain dans les milieux scolaires et autres je constate une chasse aux sorcières c’est vrai…la moindre chamaillerie ou taquinerie entre ado et enfant devient du « harcèlement » malheureusement cela existe mais il commence à y avoir beaucoup de dérives et de manipulation…et ce sont les enfants qui en douffrent …encore…et j’ai constaté que certains pouvaient dans leur mal être se servir de cela. ..il faut beaucoup observer et connaître les élèves…rien n’est jamais ni blanc ni noir …

  2. Bonjour, mon garçon et plusieurs autres viennent d’être accusés de harcellement scolaire et violence en groupe.
    Nous allons être convoqués à la gendarmerie pour audition.
    La scène décrite par la victime est d’une violence inouie ! Maintenue par l’un pendant qu’un autre filme un autre insulte et 3 autres frappent … Au sein du foyer de l’établissement donc devant multiples témoins …
    Hors cette scène n’a jamais existée, témoignages à l’appui.
    La victime est apparue comme traumatisée lors de son audition.
    Nous attendons les suites de cette enquête.
    Ceci dit il semblerait un peu trop facile de détruire des vies d’autres enfants sur des allégations mensongères. J’entends parfaitement qu’il faille combatre le harcellement scolaire et la violence, mais des abuts en découlent et détruisent des vies des enfants des familles pour des accusations mensongères.

  3. Bonjour Céline,
    Il faut clarifier tout cela avec l’équipe pédagogique.
    C’est à elle de décider de la situation. Si votre fils n’a rien fait, ils sauront le dire.
    Dans le cas inverse, il sera bon de lui expliquer les enjeux de consentement et les limites du contact physique, autant pour lui que pour les autres !

  4. Bonjour, mon fils de 9 ans est accusé de gestes déplacés sur 4 élèves de son école, il aurait touché la brassière d’une de ses camarades… il m’assure qu’il n’a fait qu’attraper sa camarade par le t-shirt dans le dos en jouant à Trap-Trap….. les autres fillettes ont infirmé les accusations… mais l’équipe périscolaire de ma commune n’entend pas cela….
    Par contre, mon fils se fait soulever le t-shirt mais ça c’est pas grave, c’est un garçon…. seulement mon fils souffre de cela aussi….
    Mon fils n’est pas un ange mais ne mérite pas de telles accusations

  5. Bonjour,mon fils à 13ans est accusé de harcèlement et il est convoqué au commissariat.c’est la première fois et le collège nous a prévenu.en sachant que mon fils est très calme il cherche personne je ne dis pas ça parce que c’est mon fils mais c’est la vérité.je ne sais pas quoi faire

  6. Je me méfie beaucoup des gens qui prétendent que les problèmes viennent de la “tête” de la victime. Même si elle a des problèmes psychologiques, pourquoi t’aurait-elle accusé toi spécialement et les quelques autres visés si tu n’avais rien à te reprocher?
    Les “problèmes psy” sont un fourre-tout dont on accuse facilement les gens qui disent des choses qui dérangent. L’arme facile pour décrédibiliser quelqu’un sans preuves solides. Les vrais problèmes psy, ce n’est pas ça.
    Le fait que la justice ait laissé tomber l’affaire ne prouve pas la non-réalité du harcèlement ; le harcèlement psychologique et moral laisse très peu de traces donc est difficile à prouver en justice; ça débouche donc souvent sur des non-lieu.

    Tu étais très jeune : si ça se trouve, tu ne t’es même pas rendu compte que ce que tu faisais s’appelait du harcèlement. Tu l’as oublié parce que ça te paraissait anodin de lancer quelques moqueries par ci par là. J’ai connu des enfants qui ont fait du harcèlement à l’école primaire et ont tout oublié ensuite (les enfants oublient facilement quand ils sont petits et que ça ne les marquent pas) Mais ce n’était pas forcément anodin pour elle.

    Et faire une apéro devant chez elle est une attitude immature, assez typique de ce que peuvent faire des harceleurs pour se moquer en ayant l’air de rien. Je parle d’expérience. ça ne parle pas en ta faveur.
    Quant bien même elle aurait des problèmes psy et aurait tout inventé, c’est lâche de se moquer de la faiblesse d’autrui.

    Bref…. Je ne juge évidemment pas, ne connaissant pas la vérité. Je me contente d’estimer par rapport à ce que j’ai moi-même vécu.

  7. Bonjour
    Ma fille est harcelée depuis la 6eme part une élève qui vient d un autre arrondissement donc pas son collège de secteur .
    J ´ ai prévenue le collège mais jamais rien ne s’est passé elle montait plusieurs élèves contre ma fille .j ai due insister pour être reçu avec la mère aucun dialogue puisque la mère faisait juste acte de présence … La principale m’a téléphoné lundi dernier prétextant vouloir me voir pour parler des notes avant le conseil de classe .Mercrzdi dernier à 8h15 elle a regardé ma fille en lui disant tu as fait quelques chose de très très très grave un rapport va partir au rectorat pour harcèlement et tu changes de classe dès demain définitivement. Nous avons vite comprit de qui cela venait. A ce jour ma fille est arrêter pour la 2ème à cause de cette même élève qui souffre du manque s amour d une maman qui lui dit qu elle ne l’a jamais voulu ni désirer la petite parle suicide et de ce que sa mère dit et fait … Elle envie ma fille qui a un bon relationnel avec moi elle a toujours des amis à la maison une enfant heureuse. Ma fille est asthmatique et une fois de plus elle vit cette situation c est la descente aux enfer sachant que plus d une vingtaine d élèves témoigne pour ma fille mais les enseignants etc ne les écoutent pas !!! Ma fille a jamais eut le droit tout court de parole à ce jour elle pleure tous les jours et souhaite mourir car cet élève rempli de manipulation à la larme facile marques de fabrique lui pourrit la vie .sos harcèlement du service académique a été prévenue ils trouve cette affaire étrange sachant que je n es jamais été convoqué ni notifiée rien …. je compte voir un avocat pour mineur afin d être conseiller ma fille est donc arrêter le temps d être reçu part le d’Asen car je refuse et conteste le changement de classe sachant quel harceleuse y reste !

  8. Bonjour ma fille est accusé de harcèlement avec une dizaine d élèves âgés de 6 a 10 ans dans l école. Ns habitons un village avec deux écoles une public une privée de 50 élèves dont fait partie ma fille depuis 2 ans quand ns sommes arrivés ds cette école ns ne connaissions personne et d autre famille venait comme nous de l école public donc je me suis rapproché d une famille en particulier ns sommes devenu amies . Depuis juin 2019 c’est même devenu la nounou de ma fille de 7ans . Cette personne est mariée et également une fille de 7 ans et un garcon de 4 ans avec qui ma fille s entendait tres bien . Et depuis janvier 2020 rien ne va plus. En 15 jours la fille de ma nounou accuse ses camarades dont ma filles de la frapper lui casser ses affaires moqueries etc…. Aujourd hui la maman menace de porter plainte contre l école si rien ne change . Une enquête a était ouverte tous nos enfants ont etaient interrogés . Ils sont tous accusé de harcèlement contre cette petite . Je ne doute pas que la petite a un mal-être pour les connaître personnellement mais de la a faire passer des enfants de 7 ans pour des harceleur les mots employés sont fort et très dur je trouve . A cet âge ils ne se rendent pas tous compte de ce qu ils font par contre ils se rendent bien compte qu ils sont accusé a tord et qu il ne peuvent se défendre . Beaucoup d enfants le vivent très mal d’autre ne se rendent pas compte de ce qu il se passe. Tout sa pour dire que sa reste des enfants et qu a 7 ans on ne sait pas encore faire la différence entre le bien et le mal et les accusés de harcèlement peuvent les traumatisés .

  9. bonjour mes enfants sont a l ecole primaire une maman les accuse d harceler son fils. L’école me dit que non l enfant en question a des problèmes depuis la maternelle. Mon fils en CM2 a peur des parents car la maman est rentrée dans l école en le menaçant. Des parents ont essayé de parler a la maman mais elle ne veut rien comprendre. Elle a fait passer mes 2 enfants pour des harceleurs. Aujourd hui c eux qui veulent plus aller a l école et son fils va en rigolant a l école.

  10. Les accusations mensongères détruisent la vie de la personne visée je vie cela en ce moment c est injuste et criminel de détruire des vie avec des monsonges

  11. Bonjour John, je suis journaliste et je souhaiterais que tu me racontes ce qu’il t’est arrivé, ou plutôt que l’on en discute dans Invox premier temps par telephone. Je recherche des témoignages pour France 2. Pourrions nous entrer en contact ?
    Léa

  12. Mouais….

    Je me méfie beaucoup des gens qui prétendent que les problèmes viennent de la « tête » de la victime. Même si elle a des problèmes psychologiques, pourquoi t’aurait-elle accusé toi spécialement et les quelques autres visés si tu n’avais rien à te reprocher?
    Les « problèmes psy » sont un fourre-tout dont on accuse facilement les gens qui disent des choses qui dérangent. L’arme facile pour décrédibiliser quelqu’un sans preuves solides. Les vrais problèmes psy, ce n’est pas ça.
    Le fait que la justice ait laissé tomber l’affaire ne prouve pas la non-réalité du harcèlement ; le harcèlement psychologique et moral laisse très peu de traces donc est difficile à prouver en justice; ça débouche donc souvent sur des non-lieu.

    Tu étais très jeune : si ça se trouve, tu ne t’es même pas rendu compte que ce que tu faisais s’appelait du harcèlement. Tu l’as oublié parce que ça te paraissait anodin de lancer quelques moqueries par ci par là. J’ai connu des enfants qui ont fait du harcèlement à l’école primaire et ont tout oublié ensuite (les enfants oublient facilement quand ils sont petits et que ça ne les marquent pas) Mais ce n’était pas forcément anodin pour elle.

    Et faire une apéro devant chez elle est une attitude immature, assez typique de ce que peuvent faire des harceleurs pour se moquer en ayant l’air de rien. Je parle d’expérience. ça ne parle pas en ta faveur.
    Quant bien même elle aurait des problèmes psy et aurait tout inventé, c’est lâche de se moquer de la faiblesse d’autrui.

    Bref…. Je ne juge évidemment pas, ne connaissant pas la vérité. Je me contente d’estimer par rapport à ce que j’ai moi-même vécu.

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