Péli S. 18/02/2022

Jeux vidéo : game over sur ma vie

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Péli joue aux jeux vidéo depuis son adolescence. Petit à petit, il est devenu complètement accro, mettant en danger sa vie professionnelle et sociale.

Mon attirance pour les jeux vidéo sur PC est arrivée pendant ma sixième, avec Dofus (un jeu de stratégie). C’est l’année où j’ai eu mon tout premier ordinateur, et donc où j’ai découvert internet. Il faut savoir que j’ai des frères et sœurs, donc il fallait se partager le PC. J’avais le droit d’aller dessus une heure par jour, grand max. Après l’école, j’avais largement le temps d’avoir une vie sociale à côté. Mais, depuis mes 18 ans, je possède mon propre PC. Et c’est là qu’a commencé mon addiction aux jeux vidéo, parce que je peux y passer autant de temps que je veux.

J’ai énormément d’amis virtuels donc je me sens bien dans ce « monde ». Dans la vraie vie, j’ai tout autant d’amis. Mais je ne les vois quasiment plus du tout…

Avec mes amis virtuels, je joue aux jeux vidéo : League of Legends, un jeu d’équipe dont le but est de détruire la base adverse, ou encore Warzone, un jeu de guerre où cent joueurs sont lâchés dans une map et doivent se tuer. Bien évidemment, le dernier en vie gagne la partie. Ces jeux sont des jeux multijoueurs et c’est ce qui me plaît, car j’ai du mal à jouer solo.

L’addiction aux jeux vidéo au quotidien

On se réunit tous ensemble sur un serveur Discord et c’est parti ! Je ne vois pas les autres joueurs (no cam) mais le fait d’entendre leurs voix me suffit. On s’amuse pendant plusieurs heures tous ensemble, tout en oubliant notre « vraie vie » : nos problèmes pour certains, et pour d’autres, comme moi, le fait de se nourrir… Ce que ma mère ne tolère pas ! Une fois que je réalise que je n’ai pas mangé, je me sens comme un « gros geek de merde ». 

Avant d’avoir plongé ma tête dans les jeux vidéo, j’adorais le sport et je n’étais pas mauvais en football ou aux sports de combat comme la boxe ou le judo. Maintenant, je ne pratique plus.

Je suis devenu limite dépendant des jeux vidéo et je sais que c’est un problème. Ce côté « geek » me fait prendre du retard dans mes projets professionnels. J’ai déjà raté un entretien car j’étais en plein game, et que la partie m’a fait oublier le rendez-vous. Je pense tellement à jouer que j’en oublie mes priorités. Comme savoir ce que je veux faire de ma vie. 

Je fracasse ma table et mon pauvre matos

Les jeux vidéo ont dégradé petit à petit ma santé physique. Je reste assis parfois jusqu’à douze heures de suite sur une chaise. J’ai pris du poids depuis quelque temps, mais en le réalisant je me suis remis au sport. Mon rythme de sommeil est dégradé, je me réveille parfois à 13 heures, voire 15 heures. Comme tout bon geek, je mange devant mon PC et quand j’en ai envie.

Je me suis rendu compte que ma santé mentale avait pris un coup quand j’ai réalisé que je m’énervais très facilement avec mon entourage, que ce soit ma famille ou mes amis. Et qu’il était impossible pour eux de m’arrêter une fois que j’étais lancé. Je suis un mauvais perdant donc je fracasse ma table et mon pauvre matos. Ce comportement est clairement dû aux jeux vidéo, mais j’y remédie petit à petit en réduisant mon temps de jeu. Maintenant que je le réalise, je fais en sorte de rester calme dans certaines situations où je pétais littéralement les plombs avant.

Quand je n’allume pas mon ordinateur, je me sens bien

Quand je suis devenu accro, il m’arrivait de trouver des excuses pour ne pas sortir voir mes amis. J’ai même, un jour, inventé un décès dans ma famille pour ne pas aller jouer dehors, ou encore inventé des rendez-vous médicaux. Oui, oui, je suis un monstre…

Pour Matthieu, les jeux vidéo le détendent et lui permettent d’acquérir des compétences. Ses parents, eux, craignent pour ses résultats scolaires… à tort !

On voit une rangée de trois jeunes hommes, casques oreilles et les yeux rivés sur leur écran d'ordinateurs. L'homme au premier plan porte un sweat-shirt à capuche et un foulard noir et blanc en guise de masque. Les tons de leurs vêtements et de leur équipement informatique est dans les tons noir et orange fluo. La pièce est plutôt sombre et il y a une fenêtre au fond de la pièce.

Je me suis inscrit au service civique car j’avais besoin de bouger de chez moi et de me « libérer » des jeux vidéo un minimum. Mais surtout, j’ai envie de faire quelque chose de ma vie. Vu que je vise un métier plutôt dans le social, ça m’aide à me rapprocher de ça.

Je reste néanmoins un « petit geek » aujourd’hui et ça me dérange beaucoup moins qu’avant. Aujourd’hui, je passe au maximum cinq heures par jour sur mon PC et ça m’arrive même de ne pas allumer mon ordinateur et là, franchement, je me sens mieux.

Péli, 25 ans, volontaire en service civique, Sevran

Crédit photo Pexels // CC Alena Darmel

 

Le gaming disorder

Le gaming disorder, c’est quoi ?

Selon l’OMS (organisation mondiale de la santé), l’addiction aux jeux vidéo est une maladie mentale : le gaming disorder. Ce trouble se manifesterait lorsqu’un·e gameur·euse priorise le jeu à sa vie « réelle ».

Cette notion est contestée

Beaucoup de psys et de chercheurs·euses contestent l’existence de cette maladie mentale. La notion d’addiction serait plus adaptée. Plusieurs études démontrent que la dépendance aux jeux serait la conséquence d’autres problèmes (scolaires, familiaux…), et non la cause.

Les gameurs·euses sont victimes de stéréotypes

Oui, c’est possible d’être addict aux jeux vidéo. Dans le débat public, on a l’impression que ce phénomène est extrêmement répandu, et généralisé à presque tou·te·s les joueurs·euses. En réalité, moins de 3 % d’entre elles et eux auraient ce problème.

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