Mathéo M. 21/05/2022

Les jeux vidéo violents m’ont rendu insensible

tags :

Mathéo a eu accès très tôt, trop tôt même, à des jeux vidéo hyper violents. Avec le temps, il s'est aperçu que les scènes de violence ne suscitaient chez lui aucune émotion. Juste de l'indifférence.

Mon grand frère, plus vieux de neuf ans, m’a raconté que vers l’âge de 4 ans je construisais déjà des maisons sur Minecraft. Depuis tout petit, j’ai une passion pour les jeux vidéo. Plus je grandissais, plus ma passion grandissait avec moi. Je ne pensais qu’à ça, c’était mon seul langage. J’en ai expérimenté des tonnes et des tonnes. Tellement que je ne peux pas tous les citer.

Des dragons et du porno

Parmi ceux qui m’ont le plus marqué, il y a Skyrim. C’est un jeu assez sympa qui se déroule pendant la période médiévale. On doit battre un vieux dragon et décapiter certains ennemis. Quand j’y arrivais, j’étais content.

Sur le même principe, je pense à Oblivion. Dans celui-ci, il y a des monstres horribles comme des femmes-araignées ou des démons qui me faisaient très peur. Autre jeu : Borderland. On y incarne un chasseur de trésors. Parfois, on devait tuer des ennemis en leur tirant dessus. Certaines balles les transformaient en bouillie de chair. Très gore ! Je pense aussi à Resident Evil, un jeu de zombies, et GTA 5, qui n’est pas le jeu le plus violent que je connaisse, mais dans lequel il y a tout de même des scènes de torture, des blagues pour adultes, genre du cul et du porno.

Pas de contrôle parental

Vous l’aurez compris, la particularité de tous ces jeux, c’est qu’ils sont tous violents, voire hyper violents, et absolument pas de mon âge. Quand j’y repense maintenant, je me dis que c’était clairement très malsain. Mais, à l’époque, je n’avais pas de limite. Sur l’ordinateur familial, pas de contrôle parental et les jeux étaient en libre accès dans la chambre de mon grand frère. Quand il n’était pas à la maison, je n’avais qu’à me servir, et je pouvais y jouer seul. Puis, avec le temps, j’ai fini par avoir mes propres consoles et jeux.

L’un de ceux qui m’a le plus marqué, c’est sans doute Until Dawn. On fait partie d’un groupe d’amis qui se retrouvent dans une maison isolée en plein hiver. Au programme : des monstres, du cannibalisme et des morts atroces. Il y a par exemple une meuf qui se fait broyer les jambes, une autre qui se fait arracher la mâchoire, ou encore un mec qui se fait empaler par un crochet qui lui rentre par l’arrière de sa tête. Toutes ces images m’ont longtemps marqué et poursuivi. Je n’arrive pas à les chasser de ma tête.

Des cauchemars à base de zombies, d’aliens et de sang

Certains jeux affichent des restrictions liées à l’âge mais les vendeurs de Micromania ou Easy Cash s’en fichent d’en vendre à des mineurs comme moi. Je me souviens du jeu Postal. Il n’y a pas vraiment de but dans ce jeu, si ce n’est d’être le plus violent possible. On peut par exemple empaler des chats sur un fusil à pompe et tirer à travers. Au bout de neuf coups, le chat se détache et explose.

J’avais 8 ans à l’époque où j’y jouais et mon âme d’enfant ne savait pas encore différencier le bien et le mal. Je faisais souvent des cauchemars à cause de tout ça, entre les monstres des jeux qui me poursuivaient, les zombies et aliens, le sang qui gicle de partout.

Les jeux vidéo gore laissent des traces

Avec le temps, je me suis rendu compte que le fait d’avoir accès facilement à ces jeux violents, à la maison comme dehors, m’a rendu insensible à toute forme de violence. La torture et les meurtres m’ont longtemps semblé être des choses tout à fait normales. Ça m’arrive d’imaginer des choses hyper gores ou horribles, genre les morts violentes possibles pour les gens de mon entourage. Je me demande si c’est normal. Je sais évidemment que non.

Rémi s’est fait des ami·es en jouant aux jeux vidéo en ligne. Il ne les a jamais vu·es in real life, pourtant il leur confie tout.

Capture d'écran de la miniature de l'article "Jeux vidéo : L'amitié en ligne, c'est des vraies connexions". Un jeune homme est assis en tailleur, il joue à la console, manette à la main.

Récemment, j’ai voulu rejouer à d’anciens jeux. Et j’ai remarqué que ça ne me faisait plus rien. D’un côté, je suis content de l’enfance que j’ai eu, parce que cette liberté m’a permis de découvrir une passion.

Mais, d’un autre côté, je me dis que ça m’a fait grandir trop vite. J’aurais aimé que mes parents soient plus présents et m’éloignent de ça, j’aurais pu sortir plus, me sociabiliser, passer du temps avec ma famille ou mon chien. J’aurais peut-être été différent.

Mathéo, 15 ans, lycéen, Grande-Synthe

Crédit photo Unsplash // CC Onur Binay

Partager

Commenter