Lili C. 12/03/2021

Mon job étudiant, une nécessité et une fierté

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Je travaille tous les week-ends, j'entretiens les locaux d'un musée et de plusieurs bureaux. J'ai des responsabilités et je suis même montée en grade ! Pour moi, ce n'est pas juste un job étudiant, même si c'est le prix de mes études.

« Tu pourrais profiter d’un job étudiant chez MacDonald’s plutôt que de prendre ce poste d’entretien des locaux. » Le jour où j’ai décroché mon CDI de treize heures par mois, l’ancienne titulaire de mon poste ne comprenait pas que je prenne ce job. Elle n’avait pas que des commentaires positifs sur l’entreprise dans laquelle je m’apprêtais à entrer, du type : « Certaines collègues travaillent mal, on demande du matériel et on l’a pas. »

Pas de quoi me faire peur pour autant, je voulais un salaire coûte que coûte : c’était le prix de mes études. Personnellement, je préfère nettoyer des bureaux plutôt que de sentir la friture tous les week-ends. Mon lieu de travail, c’est un musée archéologique. Je nettoie les sanitaires, les vitrines, les écrans, le bureau, les sols, les points de contact… Je suis toute seule enfermée dans le musée. L’hiver, j’y suis à 7 h 30, il fait nuit. C’est flippant ! Au début, le moindre bruit me faisait peur : le vent, une porte qui claque, le détecteur de mouvement qui bipe dès que je passe devant…. Alors j’ai investi dans une enceinte pour mettre de la musique.

Sans ce job… je n’ai pas d’études, j’ai rien du tout

Mon poste, ce n’est pas un job étudiant. Je suis membre de l’entreprise, j’accumule de l’ancienneté, et je peux voter au sein de la boîte pour les représentants des employés par exemple. En plus du musée, je travaille aussi dans une grande surface de bricolage et dans le siège des bureaux du plus grand festival de France. J’ai donc beaucoup de responsabilités, entre les clés d’extérieur comme d’intérieur de tous mes sites et les codes des alarmes. Ma référente me fait confiance donc elle m’a donné plus d’heures et plus de travail pendant toutes les vacances et les jours fériés, vu que mon travail est à la hauteur de ses attentes. Et ça, j’en suis fière.

Après une année 2020 difficile, le site Vie-publique.fr fait le point sur la situation précaire des étudiant·e·s. Pour subvenir à leurs besoins, 30 % d’entre elles·eux sont contraint·e·s de travailler à côté de leurs études, alors même que les jobs étudiants se sont raréfiés depuis le début de la crise sanitaire.

Rien ne m’enchante dans le fait de nettoyer des toilettes. Mais je suis fière de ce boulot, parce que sans ça, je n’ai pas d’études, je n’ai rien du tout. Mon salaire de 298 euros nets par mois me permet de payer mon essence, mes vêtements, mes fournitures scolaires, jusqu’aux masques pour le Covid et tous les petits trucs à côté. Et puis c’est un CDI, le premier contrat que je signe. Ce n’est pas rien.

Plus je monte en grade, plus il y a des centimes

Depuis que j’ai commencé, je suis montée en grade. Les grades, c’est en fonction de la responsabilité que j’ai du site (code, alarme, clés, auto-laveuse). Ça sert simplement à faire joli sur le CV car, dans l’entreprise, ça ne change rien du tout. C’est une augmentation de salaire 0.02 à 0.07 centimes. Mais quelques centimes plus quelques centimes… J’espère continuer à monter en grade le temps de mes études : plus je monte, plus il y a des centimes.

Mon grade n’est pas exceptionnel, je suis AS3 – il y a trois grades, et trois sous-grades – mais, sur mon CV, c’est une phrase qui n’apparaît pas ailleurs et juste pour ça, je trouve que c’est exceptionnel. Combien de jeunes commencent leur CV par un CDI alors qu’ils ont moins de 20 ans ? Au-delà du confort d’avoir une rentrée d’argent tout les mois, c’est aussi une expérience à long terme et de l’ancienneté dans l’entreprise ; même si ça n’a pas vraiment de lien avec ce que je veux faire plus tard, étant donné que je serai dans un bureau et non sur le terrain.

Lina doit concilier job étudiant et université. Malgré les difficultés d’emploi du temps, son job lui procure également un sentiment de responsabilité et de liberté.

Mon BTS SP3S (services et prestations dans les secteurs sanitaire et social), c’est important pour moi, c’est LE diplôme qu’il me faut pour mon projet professionnel. Je veux ouvrir ma propre entreprise d’aide à domicile. Alors je vais continuer à jongler entre mon travail et mes études.

 

Lili, 20 ans, étudiante, Carhaix-Plouguer

Crédit photo Unsplash // CC Cristina Gottardi et Clay Banks

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