Sylvie I. 16/09/2024

La fin du mois avant la fin du monde

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Sylvie aimerait être plus écolo dans ses choix de consommation. Acheter bio ou local est un luxe que sa famille, au budget serré, ne peut pas se permettre. La lycéenne fait tout ce qui ne coûte rien.

100 % de mes vêtements proviennent de la fast fashion. Je ne consomme ni produits locaux ni aliments bio. Pour moi, l’écologie est une cause primordiale. Pour ma famille, ça demeure un luxe inaccessible.

Il y a quelques mois, j’étais déterminée à faire ma part pour notre environnement en choisissant des produits bio et locaux. Un sachet de tomates bio était presque trois fois plus cher que celui de tomates conventionnelles. C’était pareil pour les pâtes, le lait et j’en passe. J’étais choquée. Avec tous ces discours sur l’alimentation et le fait de sauver notre planète, je ressens une forme d’injustice. Comment peut-on participer à ce sauvetage quand on lutte déjà pour survivre financièrement ?

Je me souviens de la première fois où j’ai vu un t-shirt en coton biologique. Son prix était d’une cinquantaine d’euros. Pour moi, c’est clairement un luxe de millionnaire ! Surtout que je peux trouver le même dans un magasin de fast fashion, comme Shein, H&M et Temu, qui en vendent pour moins de 10 euros.

Culpabilisée en permanence

Au lycée, je reçois des critiques de la part de mes camarades sur la provenance de mes vêtements. Selon eux, je fais partie des « meurtriers de la terre ». Des critiques, j’en ai aussi subies de la part d’inconnus dans les grandes surfaces. Lorsqu’ils nous voient, ma mère et moi, contourner les rayons bio. Une fois, à Leclerc, un homme vêtu d’un haut Lacoste nous a fait tout un roman sur l’alimentation et l’écologie, alors que lui avait mis 70 euros uniquement pour avoir un crocodile sur son t-shirt.

Aujourd’hui, avec l’inflation, la vie coûte de plus en plus chère. Et même sans parler d’écologie, c’est devenu assez dur pour moi d’assumer l’achat de produits « normaux ». Petit à petit, j’élimine de ma consommation la viande, les pommes de terre, le thon… par manque d’argent.

Alors je fais ma part gratuitement. J’ai un compost et je recycle des bouchons afin de créer des fauteuils roulants… mais même avec ces gestes je ressens un sentiment d’égoïsme et de culpabilité. Je préfère avoir un toit sur la tête et profiter des peu de fois où je peux me permettre des petits plaisirs (qui ne sont pas forcément amis avec l’écologie), plutôt que de donner le peu d’argent que j’ai pour des produits bio. Je fais de mon mieux. Tout comme la terre, je me bats pour survivre.

Sylvie, 16 ans, lycéenne, Alpes-Maritimes  

Crédit photo Unsplash // CC Daria Sannikova

 

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Exit Shein et H&M, par Lola, 17 ans. Elle a décidé d’abandonner la fast fashion. Trop polluante, pas assez éthique. Et elle n’est pas la seule : le marché de la seconde main est en plein boom et les jeunes sont désormais nombreux à y acheter leurs vêtements.

 

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