Mohamed L. 04/07/2024

La hiérarchie sur les terrains de foot

tags :

À Aulnay-sous-Bois, où Mohamed tape dans le ballon avec ses amis, on ne joue pas avec le respect qu’on doit aux grands.

Le point de départ, c’est d’être dehors et avec ses potes. Comme d’hab, on décide de jouer au foot. On a le ballon, il manque plus que le terrain. Ça tombe bien, on en trouve un où il y a personne. On fait les équipes à « pierre-feuille-ciseaux » ou à « chou-fleur », et on commence à jouer. Là, des personnes plus âgées et plus grandes nous disent de sortir du terrain ou de finir vite le match. C’est là que la hiérarchie commence. En fait, il faut laisser la place aux grands.

Certains te laissent finir, en mode « deux trois buts et vous finissez », mais pas tout le temps. Quand t’es grand, t’as des choses à faire. Nous, on joue au foot à toute heure, donc ça arrive pas souvent qu’ils nous disent de partir. En plus, il y a toujours une solution : tu peux attendre que ce soit à ton tour ou aller trouver un autre terrain.

Question de respect

Des terrains de foot, il y en a plein à Aulnay. Partout, dans toutes les cités. En tout, il y a neuf vrais terrains : un au Gros-Saule, un autre au Mille-Mille, deux au 3KS… Ils ont chacun une personnalité. Certains sont déserts. Sur d’autres, on trouve plein de monde : des mamans avec leurs enfants, des gens en moto, d’autres qui font des barbecues… C’est mieux quand c’est animé. On peut jouer à 5, à 8 ou à 11. Il y en a en synthétique et en béton. Il y a aussi des terrains de futsal. Même si on n’y a pas toujours accès. Il y a le CSL, le club d’Aulnay, avec deux grands terrains en synthétique. Il y a pas de terrains réservés pour les grands, mais des terrains où c’est dur de jouer parce qu’il y a trop de monde, ça oui ! Au Vélodrome, un grand terrain en synthétique avec six cages, on peut jouer à beaucoup, mais le terrain se partage.

Quand je parle des grands, c’est pas n’importe qui. Moi, j’ai 14 ans et quelqu’un de grand, c’est pas quelqu’un de 16 ou 17 ans. Être un grand, c’est à partir de 18 ans. Si j’arrive sur un terrain où sont des grands et qu’ils me disent de jouer, je joue. Pareil s’il y a de la place dans leur équipe. On peut aussi faire une triplette. C’est faire trois équipes et tourner. À chaque fois, le gagnant reste.

Il faut pas penser que les petits ne peuvent pas jouer avec les grands. Je vois pas du tout ça comme un conflit. C’est juste du respect. La hiérarchie, c’est laisser sa place à quelqu’un de plus grand. C’est comme ça. Ça l’a toujours été. C’est une chaîne : les plus petits que nous, ils nous respectent. Nous, on respecte les plus grands. Ça va dans les deux sens.

Mohamed, 15 ans, collégien, Aulnay-sous-Bois

Crédit photo Pexels // CC Sami Abdullah

 

À lire aussi…

« Des heures à jouer sur des terrains cabossés » de Ahmed, 23 ans. Dans leur cité du Haut-Montreuil, lui et ses potes n’ont jamais trouvé le lieu idéal pour jouer au foot. Une enfance le ballon au pied, entre vadrouille et débrouille.

Partager

Commenter