La place de la femme, c’est pas dans la cuisine
« À 20 ans, tu devras être mariée et fonder une famille pour rester à la maison. » C’est ce que mon père me répète souvent. Mes grands frères vont dans son sens et ma mère ne conteste rien. Ils sont attachés aux traditions. Moi, je refuse de vivre sous des règles injustes. Je ne me laisse pas faire : je remets tout le monde à sa place, même si ça dérange.
Petite, ma mère me disait que je devais savoir cuisiner et m’occuper de la maison pour être une bonne épouse. Encore aujourd’hui, elle me demande de faire les chambres des autres. Je passe l’aspirateur. Je plie le linge de mes frères qui sont assez grands pour le faire eux-mêmes.
Mon petit frère cherche parfois à m’aider. S’il le voit faire, mon père lui demande d’arrêter. Il considère que les garçons sont des rois, qu’ils ne doivent pas s’occuper des tâches ménagères. Mes autres frères ne lèvent jamais le petit doigt pour m’aider.
« Les hommes ont toujours raison »
Moi, je refuse cette situation. Je leur réponds fermement : « Si vous ne participez pas, je ne ferai rien du tout. » Mais cela ne passe pas. Ils me reprochent mon caractère. Selon eux, je ne suis pas une femme respectable. Ils me traitent de rebelle. Ils disent que je manque de respect aux parents et aux traditions.
Chez moi, les hommes ont toujours raison même quand ils ont tort. Un jour, mon frère me demande de chercher son pull. Je refuse en lui disant de le faire lui-même. Il s’énerve et m’insulte de « pute ». Quand je réponds pour me défendre, mon père me gronde. Il me dit que je dois respecter mes frères et ne pas leur parler comme ça.
On me dit souvent qu’une femme qui ne sait pas cuisiner n’est pas mariable. Un jour, j’ai mal cuit un repas et mon père m’a dit : « Comment veux-tu te marier si tu ne sais même pas faire ça ? » Mes frères ont ri, en ajoutant qu’« un homme ne voudra jamais d’une femme incapable de tenir une maison ».
On attend de moi que je donne la priorité à la maison plutôt qu’à mon futur. Après les tâches ménagères, il me reste peu de temps pour étudier ou me consacrer à mes projets. Mes parents et mes frères me disent qu’études ou pas, je finirai par m’occuper de la maison. Ce n’est pas à ma famille de décider pour moi. J’ai le droit d’étudier, de travailler, de choisir mon avenir. Je suis libre.
Imene, 20 ans, lycéenne, Argenteuil
Crédit photo Unsplash // CC Shelby Murphy Figueroa
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