L’alcool, la cigarette… Une frontière avec les autres

À 12 ans, on se dit entre nous qu’on ne boira jamais d’alcool avant 17 ans. Fumer, c’est même pas la peine d’en parler ! Aujourd’hui, entre 14 et 15 ans, on se sent pousser des ailes. C’est la période où tout change, où on se cherche, on veut découvrir qui on est. On veut se démarquer des autres, exister. Alors, on se laisse embarquer par quelques copains et on commence à boire. C’est là que ça commence. Et les différences s’installent. Il y a ceux qui fument, ceux qui boivent de l’alcool et les autres.

Je ne dis pas que l’alcool et la cigarette, c’est forcément mauvais. Je ne juge pas. Mais plus on avance en âge, plus les gens s’y mettent. Moi non. Et j’ai peur d’être de plus en plus exclue. Faut-il que je boive moi aussi pour me sentir acceptée ?

C’est la logique du groupe

J’ai peur quand je revois d’anciens amis qui ont complètement changé avec l’alcool ; quand on me demande quelle est ma marque de cigarette préférée ; quand on me demande d’un air gêné pourquoi je ne bois pas d’alcool et qu’on me regarde bizarrement quand je dis que je trouve ça choquant, les beuveries, aussi jeunes. Souvent, en plus, on s’y met sans avoir conscience de ce que c’est, on suit ses amis. C’est la logique du groupe. Et si on ne le suit pas, qu’on ne boit pas, on se sent exclu. Ce n’est pas marrant d’être la seule personne lucide quand tout le monde est bourré…

Et moi, je n’ai pas envie de faire des choses simplement parce que tout le monde les fait. Je ne vais pas essayer de changer mes amis, je leur parlerai toujours, je ne les ignorerai pas juste parce qu’ils boivent. Je sais que d’autres personnes pensent comme moi, ou connaissent des jeunes qui sont devenus addicts à la cigarette, par exemple. Moi, je préfère rester comme je suis. Je n’ai pas envie de changer pour rentrer dans un groupe.

Shawna, 15 ans, collégienne, Paris

Crédit photo Flickr // CC . Entrer dans le rêve