Emeth T. 20/08/2024

L’e-sport, un sport presque comme les autres

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En jouant en ligne, Emeth ne se dépense pas physiquement autant qu'il pouvait le faire quand il jouait au foot. Mais il mobilise son corps, son mental et son sens tactique, comme dans n’importe quel sport.

Ce matin, je vais à la salle de sport. Je dois performer et être à l’aise avec mon corps. Je dois le façonner, le connaître dans ses moindres recoins. J’y vais à pied avec mon sac, mon cadenas, ma serviette, une bouteille d’eau et ma musique. Mes entraînements durent entre trente minutes et une heure trente. Je travdantaille surtout mon renforcement musculaire car j’ai besoin d’être léger, rapide mais solide. Je ne suis pas un pro mais j’essaie toujours d’atteindre le plus haut niveau. Pour le mental, la salle m’aide à rester zen et me donne le temps de réfléchir : comment gagner, quel style de jeu adopter, quels points travailler…

Quand l’entraînement est fini, je rentre, je me fais un grand bol de pâtes et je me pose. Quand j’ai repris un peu d’énergie, je lance une partie et je joue. Je joue pour la victoire, pour être en haut, tout en haut de mon sport… l’e-sport !

Je joue depuis mes 4-5 ans. J’ai commencé par la Game Boy, puis la Nintendo DS, la GameCube. Ensuite, j’ai eu la Wii puis la Xbox 360, en passant par la PSP, jusqu’à acheter mon premier PC. Puis, je n’ai plus acheté de console. Je ne suis pas le meilleur joueur au monde mais j’en ai fait mon quotidien. Et je prends ça très au sérieux. C’est comparable à l’esprit des échecs ou du jeu de go. Avec en plus des aspects mécaniques de mouvement et de coordination, une dimension stratégique plus ou moins poussée, en solo ou en équipe.

Maladie de Kawasaki

J’ai l’impression d’avoir eu une console avant mon premier ballon, même si c’est faux. Jusqu’à mes 12 ans, je faisais du sport, tous les sports, du foot surtout. Ça pouvait durer des heures. Je rivalisais avec les grands et j’étais rapide. Mais, un jour, on m’a diagnostiqué la maladie de Kawasaki, qui touche le système respiratoire, les artères du cœur et provoque de l’urticaire. J’ai arrêté le sport physique mais je me suis mis à fond dans l’e-sport, qui se pratique à haut niveau.

Une saison est rythmée par des événements majeurs en ligues amateur, semi-pro et pro à l’échelle d’un pays ou du monde. Ça demande d’énormes capacités de concentration. Il faut y passer beaucoup de temps pour développer des gestes techniques propres à chaque jeu, comme Rocket League, Valorant ou encore League Of Legends. Le mental et la tactique priment pour savoir innover et analyser les parties. Dans les jeux de tir, la précision est importante. Il y a aussi l’aspect tactique : comment rentrer sur un site, poser la bombe, choisir l’équipement, la composition du personnage, les systèmes de rotation au sein de l’équipe. Il faut savoir communiquer et imposer son rythme pour déstabiliser l’équipe adverse et garder son sang froid. Ça peut être tendu. Je suis à 100 %. Le moindre bruit extérieur m’empêche de performer. Il faut avoir les bons coéquipiers.

Comme dans un match, un but de trop au mauvais timing et tu peux ne pas revenir. Ça affecte ton mental et celui de l’équipe. Il faut sans cesse contrôler tes émotions. La mécanique, c’est la coordination entre tes deux mains et le regard. C’est très mental. C’est aussi physique. Tu tiens ta souris. Il y a ta manière de t’asseoir sur ta chaise face à ton écran. Tu mets tout ton corps au service de tes bras, de tes yeux et tes oreilles. Ce n’est pas la même dépense que le sport physique mais c’est le même esprit de compétition.

Emeth, 23 ans, étudiant, Paris

Crédit photo Unsplash // CC ELLA DON

 

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