Les filles du Rouzic
On danse en ronde, en quadrette (à quatre), en cortège (deux par deux en rang) ou à deux. On se tient par les petits doigts ou avec les mains. On est jeudi et, comme tous les jeudis, je replonge dans la danse bretonne. Je retrouve cette culture qui est la mienne. Cette culture qui nous réunit. Nous les danseurs. Nous sommes vingt environ, et nous avons entre 6 et 14 ans. Nos trois professeurs nous transmettent cette culture grâce à la musique, au chant et à la danse. On représente notre commune et nos ancêtres en dansant.
Ça fait neuf ans que je danse. Neuf ans que je porte ce costume et deux ans que je porte la coiffe de Pleyben, une ville de 3 600 habitants environ.
Le costume est en velours. Il est composé d’une camisole (un gilet avec des perles et des broderies fermé par un lacet), d’une jupe et d’un croisé (un morceau de tissu qui se met devant). Par-dessus, on met un tablier en soie et, sur la tête, une coiffe avec des ailes. Les ailes, ce sont les bandes de tissu qui reviennent en haut de la tête. La coiffe est portée à partir de 12 ans. C’est la tradition.
Je suis fière de porter ce costume, même si au collège des personnes se sont moquées de cette culture. Ils me disent que c’est une danse de vieux. J’ai appris à passer outre.
« On se retrouve avec des cercles de tout le Finistère »
Grâce à la danse bretonne, on fait des rencontres avec d’autres groupes de danse, comme ceux de Châteaulin ou du Faou. On participe à des défilés et des spectacles, comme la fête du village à Landivisiau et le spectacle de fin d’année.
On participe aussi à des mini-camps de trois jours, où on se retrouve avec des cercles de tout le Finistère. On fait de la cuisine, des danses du monde, des sports inédits et des ateliers de philo. La dernière fois, on a réfléchi à ce que serait la danse bretonne en 2050. J’ai imaginé que la Reine de Cornouaille deviendrait ministre de la Culture. Pour devenir Reine, il faut faire partie d’un cercle celtique et présenter un mémoire sur un thème lié à la culture bretonne. J’ai aussi imaginé qu’il y aurait une chaîne de télévision dédiée à la danse bretonne. Et que le breton serait reconnu en tant que langue officielle.
J’étais en école Diwan à Quimper, en petite et moyenne section. C’est une école immersion en breton. Mais j’ai déménagé et je n’avais plus la possibilité de pratiquer cette langue. J’ai donc commencé la danse le jeudi soir. J’avais 5 ans. Maintenant, c’est devenue une passion. Je suis devenue une fille du Rouzic.
Maïa, 14 ans, collégienne, Lennon
Crédit photo TM´s Public Domain Pictures // CC Musée de Bretagne – Femme en costume de Châteaulin
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