Manon G. 27/06/2020

LGBTQI+ : notre groupe d’ami.e.s est un bouclier

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Manon et ses ami.e.s sont LGBTQI+. Leur amitié leur permet de se sentir plus fort.e.s pour affirmer leurs identités et lutter contre la discrimination.

Le safe space est un endroit où l’on peut être soi-même, parler de n’importe quel sujet ou aborder n’importe quel problème sans être jugé.e par quelqu’un d’autre. Avec des ami.e.s, on a créé notre propre safe space : notre groupe. Nous nous sommes rencontré.e.s en militant pour des actions LGBTQI+.

Nous sommes cinq : Loan qui est transgenre FtM (Female to Male, c’est-à-dire qu’il a été assigné femme à la naissance), Mélanie qui est transgenre MtF (Male to Female, assignée homme à la naissance), Sam qui est transgenre non-binaire (c’est-à-dire qu’iel n’est pas dans une binarité de genre, dans son cas iel est genderfluid : iel se définit différemment selon les jours), Anaël est transgenre non-binaire (il y a beaucoup de non-binarités différentes, iel ne se définit pas grâce à un genre), et il y a moi, je suis une femme queer.

Notre safe space s’est installé naturellement. Chacun.e, nous nous aidons en parlant, en nous hébergeant si besoin, ou en étant tout simplement bienveillant.e.s les un.e.s envers les autres. Parce que vivre avec une étiquette imposée n’est pas facile.

À notre naissance, on nous assigne un genre et on nous dit : « Tu seras comme tel et tu aimeras telle chose. » C’est impossible de jouer un rôle toute notre vie. Alors, comment faire lorsque nos proches ne nous acceptent pas tel.le.s que nous sommes ? Continuer de jouer un rôle ? Jusqu’à quand ?

Ma chambre, là où les mots de son père ne peuvent pas l’atteindre

Mon ami transgenre, Loan, a très peu confiance en lui et a du mal à s’accepter tel qu’il est. Il se fait mégenrer par sa famille proche (ses parents, son frère, …). La dernière fois que je suis allée chez lui, lorsque ses parents sont arrivés ils l’appelaient avec insistance par son dead-name et le genraient systématiquement mal. Le dead-name, c’est le prénom de naissance, souvent changé par les personnes transgenres. Ce safe space est donc très important pour lui : il peut être lui-même.

La série Pose, réalisée par Ryan Murphy, raconte l’histoire de plusieurs membres de la communauté LGBTQI+ noire des années 80 et de leurs rapports à la culture ball. Ces bals underground pleins de strass et paillettes, où fut notamment créé le voguing, étaient les seuls safe spaces pour s’exprimer librement…

Lorsqu’on est entouré.e.s de ce safe space, on craint moins le regard des autres, les agressions dans la rue (car, oui, cela arrive qu’une personne se fasse agresser en raison de sa transidentité). On se sent rassuré.e et plus fort.e. Je me rappelle du dernier Noël passé en famille, mon oncle avançait des propos homophobes devant mon/ma cousin.e (qui prend les choses très à cœur) et je voyais bien que cela l’atteignait, alors je lui ai proposé que l’on s’isole dans ma chambre, là où les mots de son père ne pouvaient pas l’atteindre.

En groupe, on est plus fort.e.s

De mon côté, en tant que femme queer, mes ami.e.s m’aident à me confier ou dans mes actions pour militer pour la cause LGBT+. Car, sans elleux, je ne ferai pas toutes ces manifestations ou tous ces gestes pour militer. Par exemple, avec mon/ma cousin.e Sam, nous collons des post-its en forme de cœur avec des messages d’amour sur des stickers prônant la haine dans Paris. Jamais je n’aurais osé en coller des post-its sur ceux de La Manif Pour Tous sans mes ami.e.s, j’aurais eu peur de me faire agresser. En groupe, on est plus fort.e.s.

Un jour, il nous est arrivé.e.s de nous faire arrêter parce que nous étions présent.e.s lors d’une manifestation homophobe (La Manif pour Tous) afin d’écouter leurs arguments. Le fait d’être ensemble à ce moment-là nous a aidé.e.s à ne pas nous sentir seul.e.s face à ce qui était une oppression. Lorsqu’on se fait insulter et que nous sommes tou.te.s les cinq, nous le prenons avec beaucoup d’humour.

Le Safe Space nous permet de ne plus nous sentir différent.e.s

C’est ça être un.e allié.e, c’est aider ses ami.e.s, sa famille ou n’importe qui à se sentir bien dans sa peau et à s’accepter tel.le qu’iel est. Parfois, on peut aider en faisant des choses concrètes : les accompagner quelque part (même les raccompagner chez eux), les soutenir durant leur transition, ou même simplement dire : « Je suis là pour toi, je te comprends et je t’accepte tel.le que tu es. »

Après avoir découvert que son ami, Noa, était un garçon transgenre et subissait toutes sortes de moqueries, Jennifer s’est engagée à 14 ans pour les droits des minorités LGBTQI+.

Car, parfois, on a juste besoin d’être compris.e.s, soutenu.e.s ou écouté.e.s. Et là est le rôle du safe space. Il nous permet de nous échapper du jugement continu, de ne plus nous sentir différent.e.s, d’être entouré.e.s de gens bienveillants, ou possédant juste une ouverture d’esprit qui réchauffe.

Manon, 16 ans, lycéenne, Île-de-France

Crédit photo Unsplash // CC Josè Maria Sava

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