Melodie V. 08/03/2023

À la manif du 8 mars, j’ai découvert la sororité

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Plus jeune, Mélodie a été traînée à la Manif pour tous par son père. À 21 ans, elle a découvert le féminisme lors de la marche du 8 mars.

L’année de mes 21 ans, ma grande sœur m’a amenée à la manifestation annuelle du 8 mars à Lille. J’étais vraiment débutante sur les questions de féminisme et d’activisme. La foule était énorme, remplie de femmes et d’hommes qui tenaient des pancartes avec des slogans, comme par exemple : « On veut la PMA pour tous·tes ! » Il y avait de la musique pop et des morceaux de Lady Gaga. L’ambiance était unique, je n’avais jamais ressenti ça avant.

Je me souviens que j’avais beaucoup de curiosité et de peur, car il y avait beaucoup de monde. J’ai rencontré des femmes avec des parcours différents. Certaines des amies de ma sœur étaient beaucoup plus âgées que moi. Elles avaient toutes un point commun, c’est qu’elles étaient transgenres. J’ai enfin pu découvrir une autre vision de ce qu’on appelle la « féminité ».

Dans la manif, il y avait plusieurs cortèges de différentes associations féministes comme les Femen, l’Échappée, la Maison des femmes, le Planning familial… Parmi ces cortèges, il y en avait un que ma sœur et ses amies étaient très énervées de voir là : c’est une asso qui se trouve aussi à Lille, réputée pour être haineuse et non inclusive envers les femmes trans.

Ça m’a ouvert les yeux sur le féminisme

Ce qui est significatif pour moi, c’est d’avoir participé à cette manif parce que je le voulais, et non parce que quelqu’un me forçait à le faire. Parce que quand j’étais ado, mon père nous a obligées, moi et ma petite sœur, à aller dans une Manif pour tous. C’était sur des sujets auxquels nous ne connaissions rien, du coup on suivait aveuglément. J’avais 15 ans. En y repensant, je regrette d’y avoir participé, car ce ne sont plus du tout des valeurs que je défends aujourd’hui.

Quand la marche s’est terminée, nous nous sommes posées dans un bar et j’ai pu discuter avec les amies de ma sœur sur les thématiques féministes, surtout intersectionnelles. C’est une forme de solidarité entre toutes les femmes et d’autres luttes, que ce soit l’antiracisme, l’anti-islamophobie, l’anti-lgbtphobies… Je me suis davantage renseignée au fil des mois qui ont suivi : j’ai commencé à suivre sur Twitter des militantes et à partager leurs contenus.

En allant à sa première manifestation, Coline ne se sentait pas légitime. Mais ce jour-là, au milieu des manifestantes, elle a réalisé qu’elle aussi avait sa place dans le combat féministe.

Par effet boule de neige, j’ai suivi des streameuses sur Twitch, notamment Nat_ali qui fait des streams de lectures d’articles sur les féminicides, les violences sexuelles et sexistes ou bien la représentation des femmes dans l’industrie du jeu vidéo. J’ai aussi participé à des streams caritatifs féministes. Aujourd’hui, sur les réseaux sociaux, et en particulier sur Twitch, je ne suis quasiment plus que des femmes.

Je prends conscience que cette marche m’a changée. D’ailleurs, j’en parle beaucoup avec mon copain. Il est très attentif aux sujets liés au féminisme. Il me soutient et me comprend, à tel point qu’il est plus en colère que moi pour certains sujets. Un jour, par exemple, on faisait des courses ensemble. En voyant les prix des protections hygiéniques, il était limite plus énervé que moi !

Je n’ai pas encore eu l’occasion de retourner à une manif, mais j’aimerais beaucoup en refaire une avec ma sœur. Même si elle est plus engagée que moi, on a toujours les mêmes valeurs et visions à défendre. J’ai l’impression que cette marche de 2018 m’a rapprochée d’elle, et qu’elle m’a fait évoluer.

Mélodie, 25 ans, volontaire en service civique, Nantes

Crédit photo La ZEP // © Salomé Dionisi – Manifestation du 8 mars 2021 pour la journée internationale des droits des femmes, Paris.

 

 

15h40 : l’heure des comptes

Le 8 mars, c’est la journée internationale des droits des femmes. C’est un jour de manifestation dans les grandes villes, et aussi un jour de grève.

À 15h40 ce jour-là, toutes les femmes qui le souhaitent sont appelées à arrêter le travail (salarié et domestique) pour se mettre en grève.

Pourquoi 15h40 ?

Parce que c’est l’heure à partir de laquelle les femmes travaillent « gratuitement » chaque jour.

En France, les femmes sont payées en moyenne 25 % de moins que les hommes. On peut donc considérer que 25 % de leur journée est consacrée à un travail non rémunéré. Et encore, c’est sans compter le travail domestique…

 

Et toi, tu vas faire grève à 15h40 ?

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