Marathon de Paris : il y a deux ans, Frank courait 5 km
Nous nous retrouvons toujours à 9 heures du matin, à Paris ou en banlieue. Nous faisons un petit échauffement de dix minutes, puis nous commençons à courir. Nous discutons de ce que nous avons fait pendant la semaine : certains parlent de leur travail, d’autres de leur famille.
On s’entraîne chaque semaine afin d’être en forme le jour « J ». On essaie de sortir au moins trois fois. On fait minimum 10 km, à réaliser entre 48 minutes et une heure. La dernière sortie de la semaine, c’est celle que nous faisons ensemble afin de partager nos expériences. C’est la « sortie longue », comme elle est appelée dans l’athlétisme. On fait plus de 21 km en deux heures, la même distance qu’un semi-marathon.
À la fin, nous allons chez Enrique. Nous préparons un bon petit déjeuner, nous parlons, nous rions, nous mangeons. C’est une expérience formidable pour se défouler ou déstresser. C’est ce qui me donne envie d’aller pratiquer, de sortir me perdre dans un monde de tranquillité dont je ne voudrais jamais partir.
Connectés et motivés
Tous les matins, il y a un membre de notre groupe WhatsApp « Les Marathoniens » qui n’arrête pas de parler. Soit avec des vidéos de motivation, soit en nous souhaitant une bonne journée. C’est presque toujours lui, Léo, qui nous motive à sortir : « Eh bien, combien de kilomètres faisons-nous aujourd’hui ? » ; « Combien de kilomètres avez-vous fait dans la semaine ? » ; « Quand a lieu notre prochaine réunion ? »
Dans ce groupe, nous sommes quinze personnes d’Amérique latine et quelques Français. Nous nous sommes tous rencontrés grâce à notre amour pour ce sport et sa pratique. On s’envoie tous les jours des messages de motivation.
Actuellement, nous suivons un planning sportif qui nous a été envoyé par l’équipe du marathon, pour bien nous préparer. Il nous guide dans l’alimentation – ne pas manger des frites plus de deux fois par semaine, prendre beaucoup de protéines, boire au moins 1 litre d’eau pendant la journée et 1 litre par heure lorsque l’on fait de l’exercice – et dans les exercices à faire chaque semaine. Peu importe le froid, la chaleur, nous sortons courir. Le matin, l’après-midi ou le soir.
Moi, j’envoie toujours une vidéo accompagnée des mots qui sortent de mon esprit, sans réfléchir : « Allez les gars, il est 7 heures du matin, il est temps de sortir et de s’entraîner pour le marathon. Il ne nous reste que deux mois pour atteindre ce grand objectif » ; « C’est vous seul qui contrôlez votre corps et votre conscience. Ne la laissez pas vous faire regretter ou arrêter de réaliser vos objectifs et vos rêves. »
« Les cris des gens aident à prendre de la force »
Tout a commencé avec le semi-marathon de Paris en 2023. À l’époque, un ami colombien qui court des trails en France m’invite à y participer. Il sait que je fais de la musculation et du cardio depuis environ trois ans. Alors que je ne suis pas très attiré par ce sport, je prends la décision de faire ma première course. Et je suis très surpris ! À tel point que je deviens un motivateur.
On crée alors notre groupe WhatsApp « Les Marathoniens » pour y participer et c’est une expérience merveilleuse. D’abord pendant la préparation, puis grâce aux spectateurs : les enfants, les personnes âgées, les adolescents, tout le monde est avec toi. Ça m’a beaucoup étonné, je ne savais pas que les cris des gens aidaient à prendre de la force.
Au km 17 du semi-marathon, je n’avais plus la force de continuer, je me sentais trop épuisé, mes jambes tremblaient et j’étais sur le point de tomber par terre. D’un coup, ma fille et ma femme ont crié de toutes leurs forces : « Allez mon amour » ; « Allez mon papito. » Ça a rempli mon corps de tant d’énergie que j’ai eu le courage de finir la course.
De nouvelles sensations
Au début des entraînements, mon corps ne pouvait pas résister à plus de 5 km. J’avais très mal aux pieds. Je me sentais étouffé et essoufflé. Je devais beaucoup travailler sur ma respiration. J’ai donc regardé des vidéos sur YouTube sur la bonne façon de respirer lorsque l’on court : ne pas respirer uniquement par la bouche, inspirer par le nez et expirer par la bouche. J’ai dû apprendre différents types d’entraînement et courir plus de fois par semaine. Après ma troisième course de 10 km, je me suis amélioré, mon corps est devenu plus fort et plus résistant. J’ai aussi compris que c’était une question de repos : avoir au moins huit heures de sommeil, bien faire les étirements…
Après le semi-marathon, l’un de mes amis m’a dit : « Maintenant, préparons-nous pour le marathon d’avril 2024. » J’ai accepté car pour moi c’est désormais plus que du sport : c’est un plaisir où tu découvres de nouvelles sensations. Grâce à lui, nous sommes encore une fois en préparation. Aujourd’hui, courir 10 km est mon échauffement, héhéhé, et je peux courir plus de deux heures (environ 27 km) sans m’arrêter. C’est incroyable de voir comment cette passion grandit en moi.
Frank, 33 ans, étudiant, Morainvilliers
Crédit photo © Frank A.
Excellent. Quel grand facteur de motivation vous êtes. Un câlin.