Mon bouclier contre la dépression : les free party
Je ne vivais pas une vie très intéressante avant… J’allais en cours, je suivais une fois sur deux, un peu distraite par ce qu’il se passait de l’autre côté de la fenêtre. J’étais ni triste, ni bien. Puis, à un moment, ce ressenti a changé, je me suis sentie mal, très mal. Je m’enfermais, je ne sortais plus, je séchais les cours pour rester chez moi. Je restais seule, mais je parlais à des gens sur Instagram. Pas forcément des bonnes personnes, mais au moins, j’étais pas totalement seule.
Puis un jour, de clics en suggestions, je suis tombée sur le profil d’un gars un peu excentrique, qui avait un style punk, une personnalité d’anarchiste, qui montrait ses voyages, ses festivals, ses amis, etc. Ça m’a plu, ça m’a donné envie de vivre une vie dans le même style que la sienne : libre et entourée. Une vie dans laquelle je pourrais être moi-même. On a parlé et on est devenus amis. On a pas discuté longtemps, juste quelques jours. J’ai eu de la chance de ne pas tomber sur un pédophile de 57 ans du style fonctionnaire mal payé et à deux doigts de divorcer qui m’aurait kidnappée et séquestrée lors de notre première rencontre !
Un soir, pendant qu’on parlait, ce mec au style punk m’a proposé d’aller en free party avec lui, sa copine et ses amis. Je ne savais que vaguement ce que c’était, mais j’ai accepté. C’était un mois après mes 15 ans, je sortais de ma dépression et je me suis dit que ça pouvait être une bonne idée pour moi de rencontrer de nouvelles personnes. Ils étaient cinq quand je les ai rejoints, vers 20h, à Gare d’Austerlitz. Mais comme c’était la grève des trains à cette période de l’année, on n’a pas pu se rendre à la teuf. Vers 23h, on s’est retrouvés, une centaine, bloqués à la gare d’Aubrais, près d’Orléans. Il pleuvait, il faisait nuit. Alors on a déplié les tentes sur le parking, on a allumé les enceintes, pour passer le temps. La techno résonnait dans toute la gare.
Se retrouver devant « le mur de son » et « taper du pied »
J’ai rencontré beaucoup de gens géniaux à cette soirée, dont ma meilleure amie actuelle. Ils étaient différents de tous les gens que j’avais rencontrés jusqu’à présent : excentriques, détendus, sûrs d’eux. Ils buvaient de la bière, fumaient des joints assis par terre, écoutaient la musique à fond. Certains dansaient pour se réchauffer. Les musiques qui passent en teuf sont des musiques qui nous emmènent loin. C’est psychédélique comme son. C’est plaisant de se retrouver devant « le mur de son » et de « taper du pied ». Ça fait voyager dans la tête. Ça permet de s’évader et d’oublier ses problèmes.
Marine aussi a retrouvé goût à la vie, en découvrant les rave party ! En rave party, seul le présent compte
Grâce à cette soirée, j’ai enfin pu rencontrer des gens qui me correspondent, des gens qui aiment profiter de la vie sans se poser trop de questions. Je me suis rendu compte qu’il était possible de rendre ces moments-là plus fréquents, de passer du bon temps avec des gens qui partagent les mêmes délires que moi. Comme ce sont des personnes ouvertes qui m’ont toute suite acceptée, j’ai pu faire d’autres soirées comme celle-là avec eux. La dernière s’est passée sur un site avec du sable en plein milieu d’une forêt près de Nemours. C’était la meilleure teuf de l’année, il y avait beaucoup de monde, il n’y a pas eu de problèmes avec les policiers ou les voisins. Il faisait chaud, il y avait du soleil jusqu’à 22h. En plus, ça faisait quatre mois que je n’étais pas allée en free party, ça m’a fait du bien.
La dépression ne part jamais vraiment, elle s’éloigne à chaque fois que vous vous servez d’un bouclier, de quelque chose de solide, qui permet d’être plus fort(e), qui vous libère, qui vous soulage et qui vous permet d’aller mieux. Mon bouclier à moi, ça a été les free party.
Sara, 16 ans, lycéenne, Chevilly-Larue
Crédit photo Flickr // CC Matthias Ripp
Hey! J’ai adoré ton article,
J’aurais quelques question à propos de ton expérience avec la teuf ^^
La satanik dans le sable c’était une dinguerie j’y ai posé une partie de mes caissons hehe