Mon père, cet alcoolique
Je fais partie des « chanceux » qui n’ont pas des parents divorcés, mais devant moi, je ne vois pas un couple heureux. Surtout depuis qu’un cinquième membre de la famille est arrivé, prend de plus en plus de place et m’éloigne de mon père : l’alcool.
Mon père, que dire sur lui ? Même écrire « mon père » me fait bizarre. Je ne sais si je dois rire, pleurer peut être ? On a perdu notre relation père-fille depuis cinq ans, soit depuis le moment où il a commencé à boire et fumer. Jusqu’à ce jour, je ne sais toujours pas ce qui a pu se passer pour tout déclencher, cela me ronge. Le peu de discussions qu’on a encore me met mal à l’aise à ses côtés. Il est devenu vide, sans chaleur, sans émotions. Presque toutes nos discussions finissent en cris et généralement en pleurs de ma part. Il ne fait que me rabaisser, ou même m’insulter, sans jamais peser ses mots. Dès le lendemain, il ne s’en souvient plus, et tout recommence.
Un soir, nous étions à table, ma mère respirait fort en mangeant, je lui ai alors demandé si elle faisait de l’apnée en mangeant. Question anodine me diriez-vous, et bien pas aux yeux de mon père qui a fini par me traiter de « petite conne, casse couilles » et ce, comme à chaque fois, sans que personne ne prenne ma défense, ni ma mère ni ma sœur. Je ne me suis jamais sentie aussi seule et démunie.
Quand tout a commencé, ma mère a voulu qu’on aille voir un thérapeute, je n’y ai jamais trouvé d’utilité. La même année, quand je suis tombée en dépression et que j’étais suivie par une psychiatre, mon père ne voulait pas nous accompagner, ma mère et moi. Ça le « saoulait ». Son problème m’affecte bien plus qu’il ne le pense.
L’alcool a détruit notre relation
J’en suis arrivée à un point où dès que je le vois avec un verre d’alcool, un sentiment de haine m’envahit. Je ne ressens aucune pitié envers lui. Ces sentiments sont partis il y a bien longtemps. Ce que je ressens tous les soirs quand je rentre et que je le vois tituber, trébucher, se prendre les coins, devoir toujours tout répéter jour après jour car il ne se souvient jamais d’aucune de nos conversations, est indescriptible… Petit à petit, il a participé à la destruction du lien qui nous reliait, je ne le vois plus à ce jour comme une figure parental, il est là oui, mais il n’est rien.
Ma mère est bien la seule raison pour laquelle j’habite encore avec eux. Je ne dirais pas qu’on a une relation parfaite, elle reste une relation mère-fille avec toutes ses disputes, cependant je me dois d’être là pour elle. Je suis son seul support dans cette maison et il m’est impensable de l’abandonner. Il me semble qu’elle a déjà essayé d’en parler avec mon père, mais que ça finit toujours en histoires. Pour lui il n’y a aucun problème.
Vava a toujours été très proche de son père. Mais quand il s’est arrêté de travailler, l’alcool a, pour lui aussi, pris toute la place. Elle n’a pourtant rien lâché, bien décidée à retrouver leur complicité.
Ces sentiments d’inconfort et d’appréhension sont ceux que je ressens dès que je mets les pieds chez moi, et ce depuis maintenant plusieurs années. Je pense que le seul moyen de s’en sortir est d’en prendre conscience et d’en parler, j’aurais préféré qu’on en parle tous ensemble plutôt que de faire comme si de rien n’était. La seule chose que je cherche à ce jour, c’est une réaction, je veux qu’il réalise et réagisse, je veux qu’il vive à nouveau.
Laura, 18 ans, étudiante, Paris
Crédit photo Pixabay // CC0 4924546
Je comprend totalement ce que tu ressens, mon père est également alcoolique, mais l’est depuis bien plus longtemps (avant ma naissance), j’ai perdu une magnifique relation avec lui (malgré l’alcool) vers mes 15 ans, après une grosse dispute au téléphone (c’était la première fois qu’on se disputait) et la situation empirait de jours en jours, ces 4 dernières années, je ne l’ai vue que deux fois et par dépit, une première fois à l’enterrement De mon arrière grand mère il y’a 2 ans et en bas de chez ma grand mère, sa mère, il y’a 3mois, je ne l’avais absolument pas reconnue tellement l’alcool l’avais détruit, ma grand mère a moi avons eu un véritable choc, encore une fois, il était revenue dans nos vies pour les détruire. Ma mère l’a quittait quand j’avais 2 ans et s´est mise avec mon beau père par là suite. Il faut savoir que ma mère avait 17 ans et mon père 19 quand ils m’ont eu, et même après presque 18 ans de vie commune avec mon beau père, mon père est toujours amoureux de ma mère et déteste mon beau père, ainsi que sa famille et mes 3 petits frères qui proviennent de mon beau père, il m’a toujours considéré comme sa propre fille et m’a donné tout l´amour qu’un père normal puisse donner à son enfant. Mon père est récemment venu devant chez moi, bourré et drogué, en proférant des menaces sur mon beau père et il me réclamé, il a même menacé les voisins, mon beau père allait le tuer mais on n’est jamais sorti et on s´est fait discret, j’ai appelée ma grand mere complètement paniquée et elle est venue de suite (mon père était déjà parti à ce moment). On arrive à un point où l´interner est là seul solution pour que l’on sois enfin tranquille, c’est triste mais on sest battue pendant si longtemps pour l’aider et à part rejetter la faute sur nous, rien n’a changé et tout a empiré, comme toi, cela me fait bizarre de l´appeler « mon père » sachant qu’aujourd’hui, nous n’avons plus été nous n’aurons plus notre relation fusionnel d’avant.
Très courageuse cette jeune femme. Situation difficile en effet, évacuez votre colère Mlle au maximum et protégez-vous! Accordez-vous le droit de vivre pour vous même aussi, pas uniquement de protéger votre maman. COURAGE ! FÉLICITATIONS POUR VOTRE TEXTE.