Martin B. 21/04/2023

Mon premier appart à 15 ans

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Pour le volley, Martin est parti vivre à 1 000 km de chez ses parents. Il doit tout gérer : les cours, les entraînements et les courses.

Je suis passé de « maman, on mange quoi ? » à « qu’est-ce que je vais me préparer ce soir ? ». J’ai 15 ans, mais je vis seul dans un appartement. Je dois cuisiner, faire mes lessives, les courses et plein d’autres tâches ménagères. Je vis à Montpellier, à 1 000 km de Dunkerque et de ma famille.

Le plus dur, c’est de tout gérer : tenir la maison, garder un niveau scolaire assez élevé tout en progressant dans mon sport, le beach-volley, ma passion. C’est bizarre, mais mes parents ne me manquent pas trop. Personnellement, je m’adapte très vite aux situations. J’ai quand même l’impression d’avoir de plus en plus de choses à penser !

Si j’en suis là, c’est à cause du sport. Je faisais déjà du volley depuis cinq ans et je savais que c’était mon sport ! Je passais mes journées d’été sur les terrains de beach. En février 2021, mon père m’a fait la surprise de m’inscrire à un stage pendant les vacances de Pâques. J’y suis allé et tout s’est bien passé. J’ai été repéré par des recruteurs : ils m’ont proposé de venir au pôle espoir de Montpellier. Pour info, le pôle espoir, c’est une structure où se regroupent plusieurs jeunes qui passent leur journée à aller en cours et s’entraîner.

Un pas vers la vie d’adulte

À ce moment-là, j’étais un peu perdu. Si j’acceptais, j’allais partir à 1 000 km de chez moi ! Mais je n’ai pas hésité une seconde ! Je savais que c’était ce qu’il me fallait, sans me soucier des sacrifices qu’il faudrait faire à côté… J’étais ado et j’ai compris que j’allais faire un pas vers la vie d’adulte. Mais je ne pensais pas que j’allais vivre tout seul.

Cette situation a été progressive. Au départ, j’étais à l’internat la semaine et dans un appart le week-end. J’étais en colocation avec un ami de mon frère. On était déjà proches, car il vivait près de chez nous à Dunkerque. Il venait lui aussi étudier sur Montpellier. Ça m’a beaucoup aidé, car il était majeur. Il me conduisait à la gare quand je voulais revenir dans le Nord pour des compétitions ou les vacances. Ou on allait faire les courses ensemble.

Malheureusement, il est parti en colocation avec sa sœur à la rentrée 2022. J’ai donc commencé à vivre seul à partir de cette rentrée. C’est moi-même qui ai pris cette décision. Je sentais mes parents assez inquiets, mais je leur ai dit de me faire confiance.

Une situation étrange

J’ai un studio dans une résidence étudiante. Ma famille m’aide énormément, de façon directe ou indirecte. Par exemple, mes parents viennent me rendre visite une fois par mois pour faire un check-up de l’appartement. Ils n’ont jamais été déçus ! Ils font des courses pour moi et d’autres tâches ménagères. Ça m’aide beaucoup. Parfois (en fait à chaque fois qu’ils viennent), j’ai l’impression qu’ils en font vraiment trop. Je ne sais pas comment le leur dire.

C’est étrange, comme situation. Les autres jeunes se disent que c’est normal que les parents fassent les courses ou le ménage. Je crois que je ne suis pas tellement comme les autres ! Beaucoup de monde me dit que je suis plus mature, mais je n’assume pas trop. Je n’ai que 15 ans… J’avoue que c’est assez compliqué de gérer certaines situations, en particulier avec la flemme de l’adolescence !

Par exemple, je n’aime pas faire les courses tout seul. J’essaie de m’organiser pour y aller le week-end avec un proche. Pour ne pas craquer, acheter des ingrédients équilibrés et non pas des aliments gras, salés, sucrés… comme certains potes me disent de faire ! Pour mes dépenses, l’an dernier, j’avais seulement une carte de retrait. Cette rentrée, mes parents m’ont donné une carte bleue. C’est 100 fois plus pratique. J’ai un compte où mes parents déposent un peu d’argent chaque mois. Heureusement pour eux, je ne suis pas dépensier !

Un ou deux week-ends par mois, je vais chez ma tante en Ardèche. Ce n’est qu’à une heure de TGV. Des fois, c’est elle qui vient avec mes cousins. C’est une initiative de mes parents et ça me fait du bien de retrouver une partie de ma famille de temps en temps. On s’entend très bien. Les voir m’apporte énormément. Ils habitent sur une montagne, donc il n’y a pas beaucoup de civilisation autour de leur maison.

Dans le même monde que les autres ?

Ce qui m’arrive, ça permet de gagner en maturité. Je me dis que c’est le destin. Depuis que je suis jeune, j’adore traîner avec des personnes plus âgées que moi. Quand j’avais 10 ans, je jouais au foot avec mon grand frère, lui et ses amis m’acceptaient comme si j’avais leur âge.

SLASH – Camille et Coanis ont aussi quitté le cocon familial avant leur majorité. Que ce soit en internat ou dans leur propre appartement, elles se sentent grandir et voient les relations avec leurs parents s’apaiser.

Capture d'écran du Slash "quitter la maison, fuir la pression" publié le 6 février sur le site de la ZEP. Photo de gauche : gros plan sur les mains d'une personne fermant l'intérieur d'une valise. A droite photographie d'une jeune fille de dos, debout sur le rebord d'une fenêtre regarde à l'extérieur.

Par contre, quelque chose fait un peu mal. Certains de mes amis du Nord se sont un peu éloignés de moi. Je leur ai demandé pourquoi, et chacun a ses raisons… Pourtant, quand on se voit, j’essaie de rester le plus naturel possible, dans « leur monde ». Mais dès que je repars dans le Sud, je suis obligé de vivre comme un adulte.

Pour être honnête, la solitude n’est pas trop dure à vivre. Je trouve ça bizarre, car ce devrait être l’inverse à mon âge. Je passe mes soirées seul, mais je ne trouve pas ça si dérangeant. En plus, je respecte super bien mes horaires de sommeil. Je dors au moins neuf heures par jour. S’organiser, c’est le plus important pour réussir mon double projet (réussir à l’école et dans mon sport). Car si j’ai décidé de partir vivre cette aventure « folle » (pour certains de mes camarades ou proches), c’est avant tout pour réaliser mon rêve : devenir professionnel en beach-volley.

Martin, 15 ans, lycéen, Montpellier

Crédit photo Pexels // CC Cottonbro

 

 

La « bonne » solitude

Habiter seul·e, aller au resto seul·e, partir en vacances seul·e… C’est la lose ? En vrai, pas forcément…

La solitude, ça peut être cool aussi : tu peux choisir le menu, l’horaire, le programme, sans faire de compromis. Pas besoin non plus d’attendre que tes potes soient dispos pour sortir !

Et puis passer du temps seul·e, ça veut dire passer du temps avec soi : c’est aussi un excellent moyen d’apprendre à se connaître.

La ZEP te propose une sélection de podcasts à écouter pour apprendre à kiffer la solitude.

 

Émotions

Dans cet épisode, Louie Media se penche sur une question au cœur de notre rapport à la solitude : pourquoi évitons-nous toujours d’être seul·e ?

 

Vivre avec la solitude : s’échapper du monde

En haut à droite de l'image est visible le logo violet de France Culture. Au centre est inscrit en blanc "LSD la série documentaire". En fond, sont visibles des formes circulaires de couleur bleue et violet.

Dans le quatrième épisode de sa série sur la solitude, LSD donne la parole à des femmes qui ont décidé de tout quitter pour vivre seules, loin des autres.

 

Salut, ça va ?

Être seul·e, c’est une envie, ou juste une injonction au développement personnel ? La psychologue Mathilde Besset t’explique comment kiffer être seul·e sans te forcer, et surtout pourquoi on n’est pas tous et toutes obligé·es d’aimer la solitude.

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