Nouveaux bâtiments, nouveaux habitants
Mars 2018, Haut Pontoise. J’ai 11 ans. De la fenêtre de ma chambre, j’entends un bruit sourd. Je me demande ce que ça peut être. Après plusieurs minutes de tracas, je prends mon courage à deux mains. Je tire le rideau. Je suis surpris quand je vois les bâtiments s’effondrer. Une première tractopelle détruit ces bâtiments remplis de rires, d’histoires de vie et d’anecdotes.
Septembre 2022. J’ai 15 ans. Quatre années sont passées. Quatre longues années sans boulangerie, sans supermarché, sans banque et sans boucherie. Sans oublier la pharmacie !
Un supplice pour les habitants qui voient leurs commerces habituels détruits sans même une excuse de la part de la mairie.
Modernité, personnes délogées
Février 2025. J’ai 17 ans, bientôt 18. Ces écarts de dates peuvent paraître énormes. C’est bel et bien la réalité. On voit des grues, les routes sont déviées. La construction des nouvelles habitations vient de voir le jour. Dans le but de moderniser cette ville. Ce seront des appartements modernes avec parking souterrain et ascenseur. Mon coiffeur m’a dit que c’étaient des appartements « achat sur plan ».
Avant, c’étaient des habitations anciennes. Des briques rouges-marron. Les couleurs étaient devenues fades. C’était usé par le temps, mais c’était propre. Ils ne rénovent pas ces bâtiments pour les personnes qui y vivaient. Ils construisent pour attirer de nouvelles personnes. C’est une forme d’injustice. Les personnes délogées ne seront pas aptes à payer ces logements hors de prix. Ils seront pour des personnes plus aisées.
À l’endroit où il y avait les enseignes, il y a aujourd’hui un préfabriqué. Ils ont fait un bureau pour que les gens viennent poser des questions. Deux personnes y travaillent. Ils n’ont pas construit une nouvelle boulangerie. On doit aller à une autre à quinze minutes à pied. Les autres commerces non plus n’ont pas été reconstruits. Pareil, on doit marcher quinze minutes. La ville n’est pas plus jolie maintenant. Moi et les autres habitants, on la préférait avant.
Rayen, 17 ans, lycéen, Pontoise
Crédit photo Pexels // CC cottonbro studio
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