Célia L. 25/03/2022

Des nudes au viol

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Célia a fait l’amour pour la première fois avec son copain. Les fois d’après, il l’a forcée. Il l'a violée.

J’avais 14 ans et lui 16. On habitait à trente minutes l’un de l’autre, on ne se voyait que les week-ends.

Au bout de quelques mois, le sujet du sexe était assez souvent évoqué et il a commencé à me réclamer des nudes. Le sujet principal de nos embrouilles, c’est que je ne voulais pas lui en envoyer. Il arrêtait de me parler jusqu’à ce que je m’excuse (et encore, il était distant après).

On a fait notre première fois au bout de six mois ensemble. J’étais d’accord, mais les fois d’après je me forçais pour que ça lui fasse plaisir et qu’on ne se prenne pas la tête.

Des souvenirs effacés par mon cerveau

Une fois, je lui ai dit que je n’avais pas envie de faire de bails. Il s’est vexé, il ne voulait plus m’adresser la parole. Alors, j’ai fini par faire ce qu’il voulait. Je me suis ensuite remise en question sur le fait d’avoir été assez claire : peut être que c’était trop sous-entendu, pas assez compréhensible.

Alors les fois d’après, je lui ai clairement dit non, plusieurs fois. Il ne m’écoutait pas et me forçait physiquement. Je n’ai pas plus de souvenirs que ça, mon cerveau a fait un blackout sur certains moments passés avec lui.

On ne se voyait pas souvent, alors il rejetait la faute là-dessus : il me disait que, quand on se voyait, c’était le seul moment où on pouvait faire ça. Quand je rentrais chez moi, je me sentais sale et j’avais honte.

Il a fini par me quitter il y a deux ans, après un an passé ensemble. J’ai été étonnée de me sentir soulagée une fois que ça s’est terminé.

Une photo volée, puis une autre. L’ex d’Alice a menacé de les publier pour obtenir ce qu’il voulait. Il l’a violée pendant plus de deux ans.

Capture d'écran d'une photo d'une jeune femme qui regarde son téléphone, choquée, à une table de restaurant.

Il y a quelques mois, je lui ai renvoyé un message pour lui en parler parce que je sentais que j’en avais besoin, pour pouvoir essayer de passer à autre chose. Je lui ai résumé toutes les choses qui m’ont marquée et qui me restaient dans la tête depuis deux ans. J’ai fini par lui demander s’il trouvait ça normal, et pourquoi il avait été comme ça avec moi. Il m’a dit qu’il n’y voyait pas vraiment d’explication logique, et que c’était sûrement parce qu’à l’époque, il nous manquait une certaine maturité.

Il a dit « nous », comme si j’avais été fautive, moi aussi.

Célia, 16 ans, lycéenne, Nancy

Crédit photo : Unsplash // Sara Rolin

 

 

20 % des plaintes pour viol concernent des viols conjugaux

Ce chiffre concerne uniquement les viols conjugaux qui font l’objet d’une plainte. Il est rare que les viols conjugaux soient signalés, parce qu’il s’agit d’une violence sexuelle banalisée.

Notre société est patriarcale, organisée autour des normes hétérosexuelles et du couple. Pour beaucoup de gens encore, le corps d’une femme est à la disposition de l’homme avec lequel elle est en couple. L’existence du viol conjugal est souvent niée.

Célia te conseille deux livres à lire, si tu vis la même chose et que tu as besoin d’aide :

Lait et miel

Le soleil et ses fleurs

Deux livres écrits par Rupi Kaur, une poétesse, écrivaine et féministe canadienne.

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