Anaëlle H. 06/08/2025

« On dirait que tu vis sur une île »

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En janvier 2025, la tempête Eowyn, suivie des dépressions Herminia et Ivo, a provoqué des crues historiques en Ille-et-Vilaine. En quelques heures, certains habitants de la commune où vit Anaëlle se sont retrouvés les pieds dans l'eau.

Je vis à Guipry-Messac, une commune située au sud de Rennes. Elle est traversée par la Vilaine, un fleuve qui déborde presque chaque année en raison des fortes pluies. Habituellement, l’eau recouvre légèrement la route, sans grande conséquence. C’est devenu une routine.

Mais le samedi 25 janvier 2025, la Vilaine est sortie de son lit après plusieurs jours de pluies intenses. Rien à voir avec les années précédentes. En quelques heures, l’eau est montée sans s’arrêter, envahissant maisons et commerces. Je pensais qu’elle redescendrait rapidement, mais elle a continué de grimper, atteignant un niveau record de 3,81 mètres.

Une barque comme seul moyen de transport

Toutes les routes étaient coupées, les trains à l’arrêt. Impossible de rejoindre Rennes. J’ai dû poser des congés. Mon responsable m’a dit : « On dirait que tu vis sur une île. » Ça m’a fait sourire, mais il n’avait pas tort.

Certains habitants utilisaient des barques pour rejoindre leur domicile. D’autres ont dû être évacués. Heureusement, ma maison n’a pas été touchée directement par l’eau.

Pendant une semaine, nous sommes restés confinés chez nous, avec mes quatre sœurs et mes parents. L’eau potable était rationnée et nous faisions face à des coupures d’électricité fréquentes. Lorsque mes parents sont sortis faire quelques courses, ils m’ont parlé d’une ville fantôme. Les rues étaient désertes, certains quartiers plongés dans le noir. L’atmosphère était glaçante.

Le jeudi 30 janvier, la pluie a enfin cessé. Le niveau de la Vilaine a commencé à baisser, libérant peu à peu les maisons et les routes. Les dégâts étaient visibles partout. Les habitants ont alors contacté leurs assurances, mais surtout, ils se sont serré les coudes. Ensemble, ils ont nettoyé, évacué les débris et tenté de reconstruire.

Une chose est sûre : quand je m’installerai seule, ce sera loin des zones inondables — ou du moins sur les hauteurs. Je n’ai pas envie de me réveiller un matin de pluie les pieds dans l’eau, à devoir refaire ma maison chaque année.

Anaëlle, 18 ans, étudiante, Guipry-Messac

Crédit Flickr // CC Falcon® Photography

 

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