Parler des jeunes, c’est bien, parler avec les jeunes, c’est encore mieux
« On attend des réponses »
Le cadre tout d’abord. La rencontre se déroule dans une auberge de jeunesse du 18° arrondissement de Paris (le Premier ministre évoque un « foyer de jeunes travailleurs », ce qui passe mal auprès des jeunes). Au sein de trois groupes de jeunes, Jean-Marc Ayrault et Valérie Fourneyron alternent deux ou trois questions par groupe sur des thématiques prédéfinies par leurs conseillers. Avant la rencontre, tout le monde est assez enthousiaste, « on attend des réponses » sur des sujets tels que le RSA pour les moins de 25 ans, l’aide à la recherche au premier emploi… Avec 23,9% des 15-24 ans au chômage, les attentes sont grandes.
En quête d’idées
Les récits. Alice espère avoir « un meilleur avenir que celui de ses parents ». Elle préconise la mise en place d’une « clause impact jeunesse » dans chaque texte voté au Parlement – mais l’on peut se demander comment cela pourrait se mettre en place sur des textes comme ceux sur les retraites, sur le nucléaire (55 député(e)s ont moins de 40 ans, 198 ont plus de 60 et on ne se soucie peut être pas de la radioactivité de la même manière si l’on a 30 ou 70 ans), etc.
Arrive ensuite une demande de rajeunissement des CESER (Conseil Economique, Social et Environnemental Régionaux)… Intéressant, mais pas certain que les jeunes – non militants – le placent dans les priorités de leur vie.
Daniel, lui, propose une interdiction du cumul des mandats dans le temps avec la possibilité de s’inscrire sur les listes électorales jusqu’à dix jours avant le scrutin (c’est fou que ce ne soit pas venu à l’esprit de nos gouvernants lors de la loi sur le cumul des mandats). Le problème, c’est qu’on nous explique là que c’est à la société de décider si cela peut être une bonne idée – ou pas. Une société se choisit des gouvernants qui leur explique que c’est à elle de gouverner. Soit c’est un programme de Constitution de la VIe République, soit il y a un petit problème de confiance en soi.
« Généraliser oui », mais d’abord « expérimenter »
Le deuxième atelier concerne l’emploi. À la suite des nombreux « chocs » annoncés ces dernières années, Jonas propose un « choc de simplification » qui suivrait le « pacte de responsabilité ». Jean-Marc Ayrault s’y montre favorable, il veut « mobiliser » et « simplifier » – tout un programme.
Etienne, lui, est préoccupé par les contrats d’avenir, qui seraient massivement signés en CDD. La question est rapidement éludée parce que la solution, « c’est l’éducation ». C’est un « engagement » même si c’est « parfois décourageant ». Où peut être l’inverse, gare à la prise de notes en fin d’après-midi.
Sarah évoque le « service public de l’orientation » mais j’essaie de « tâter le pouls du terrain » à ce moment là – les termes sont volontairement glissants – avant la troisième thématique sur la santé. Cependant, deux mots surgissent : « généraliser oui », mais il faut d’abord « expérimenter ».
« La liste à la Prévert »
Pour Inès – si la loi sur les stages doit être saluée, le problème est toujours d’actualité pour les étudiants dans la santé, seuls à ne pas avoir obtenu de gratification pour les stages. Jean-Marc Ayrault « ne sait pas quoi répondre » mais il ne faut « pas être stressé » par le fait de « moraliser les stages ». Sur l’apprentissage, déso, c’est le pacte de responsabilité, on devrait en savoir plus à la mi/fin/ (peut-être ?) mars.
Anouck parle de la « santé qui concerne tous les jeunes » et qui fait partie d’une promesse de campagne du candidat Hollande. Sur ce domaine, le Premier ministre avance confiant, s’il faisait la liste des actions entreprises par le Gouvernement, ce serait une véritable « liste à la Prévert ».
Eviter le « trop institutionnel », trop « figé »
Bertrand Coly, co-responsable du FFJ est plutôt satisfait de ce type de rencontre qui « reconnaît les jeunes comme acteurs ». Le mode d’échange permet de ne pas tomber dans quelque chose de « trop institutionnel, trop figé ». Sur le fond, des mesures ont été avancées (clause impact jeunesse, place des jeunes dans les CESER, inscription sur les listes électorales), même s’il faudrait « aller plus loin », en institutionnalisant des lieux de rencontre et de concertation de la jeunesse.
En somme, si l’ambiance est plutôt « sympathique » – les ministres n’emploient pas de ton paternaliste, ils traitent les responsables jeunes comme des interlocuteurs en tant que tels, le verbe est volontariste et engagé –, on attend tout de même des mesures concrètes. Mais ce n’était pas le lieu. J’apprends néanmoins en sortant de la salle que Valérie Fourneyron rencontre ensuite les responsables des organisations dans un cadre plus informel. Les décisions y seront peut-être prises. Finalement, mener une politique de la jeunesse ne serait-il pas mener une politique jeune, pour les jeunes, par les jeunes ?
Théo, 23 ans, étudiant, Paris
Crédit photo : © Yves MALENFER/MATIGNON
Je vais raconter les jeunes de mon village pour qu’ensemble on trouve une idée pour développer notre village. Comment faire ?